La Caf n’a pas tort mais le Maroc a raison. La boutade est bonne en situation comique. Or ici la tragédie est déjà perceptible. Le Maroc doit accueillir la fête africaine du foot en mi-janvier 2015 mais il demande que la compétition soit reportée à cause de l’épidémie Ebola qui a fait déjà 5000 morts en Afrique de l’Ouest.

La Caf elle, ne veut pas entendre de report et elle balaie du revers de la main le principe de précaution invoqué par Rabat. Si du côté chérifien, le désir d’éviter une crise ouverte avec les dirigeants du foot africain est manifeste, les arguments de la Caf pour exiger le maintien de la date initiale de la compétition paraissent pourtant très vulnérables. D’abord parce que personne ne peut vraiment prévoir comment l’épidémie évoluera d’ici à janvier, même si la tendance est à la baisse des infections, en Sierra Leone, au Liberia et au Ghana, les trois pays les plus touchés par le fléau. Si on peut se donner deux mois pour voir et agir en conséquence, se donner deux ou trois mois de plus ne gâte rien du tout. Au contraire, cela rassure plus. Or la compétition est trop lourde, trop sérieuse pour être reportée avec quelques semaines de préavis.

Ensuite, les pays qui participent à cette compétition sont de ce continent. C’est dire que dans leur écrasante majorité, la plus petite flambée de grippe peut faire des hécatombes sans l’assistance technique et financière de la communauté internationale. Celle sans laquelle Ebola aurait déjà décimé des pays, celle qui envoie ses armées mettre fin à nos guerres civiles, celle qui finance la scolarisation de nos garçons et de nos filles. Celle enfin à laquelle nous ne nous gênons plus de tendre la sébile. Ebola n’est pas une fatalité certes et de bonnes mesures de prophylaxie peuvent exister, mais valent-elle le principe de précautions ? Surtout quand celui-ci est suggéré par le pays qui, par solidarité avec les Etats affectés, a refusé de suspendre la desserte de ceux-ci par sa compagnie aérienne ! Les contrats commerciaux de la Caf sont bien entendus mis en difficulté par un report éventuel mais que valent-ils face à un enjeu qui est strictement de sécurité humaine ? L’Oms, la police de la santé mondiale doit se prononcer sans tarder. Et l’Union africaine, organisation capable de parler pour ses Etats membres là une occasion d’anticiper et de gommer l’image qu’elle laisse à l’opinion : celle constante du médecin après la mort.

Adam Thiam