Le ministre d’état, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le colonel Abdoulaye Maïga était l’invité de la télévision nationale dans le cadre de l’émission «Mali Kura Taassira 2». Il a abordé différents sujets dont, entre autres, l’organisation des prochaines élections générales, la dissolution de certains conseils communaux, ainsi que la réorganisation territoriale.
Durant l’émission, le ministre Maïga a donné des explications sur l’organisation de l’élection présidentielle. Il est revenu sur le contenu du communiqué du gouvernement diffusé le 25 septembre 2023, dans lequel trois arguments techniques ont été donnés pour justifier le report de l’élection présidentielle. Le premier argument est l’obligation de réviser la loi électorale en accord avec la nouvelle Constitution. Le second argument est la volonté des exprimée par les Autorités de mettre fin « à la prise d’otage de notre base de données Ravec par l’entreprise « Idemia ». Le troisième argument est relatif à la prise en charge par l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) des résultats de la révision annuelle des listes électorales.
A ces trois arguments, le colonel Abdoulaye Maïga a ajouté un quatrième argument de taille qui est venu se greffer. Il s’agit du changement de posture des groupes armés. Depuis septembre 2023, suite à l’attentat contre le navire « Tombouctou » et à plusieurs attaques contre les camps de Bamba, Gao et Ber. Le ministre Maïga a exprimé son regret de constater que les groupes armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger aient revendiqué ces attaques.
Selon le colonel Maïga, il est nécessaire d’accepter et de gérer ce changement de posture. Le ministre d’État a expliqué que ces groupes armés signataires avaient une responsabilité, dans le cadre de l’application de l’Accord d’Alger, d’assurer la sécurité des localités dans lesquelles ils se trouvaient. Il a ensuite déploré que des acteurs, qui étaient censés être des facteurs de paix, se transforment soudainement en « groupes terroristes ».
Le chef du département chargé de l’Administration territoriale a déclaré qu’au moment du référendum, les groupes armés signataires n’étaient pas dans la posture qu’ils ont adoptée récemment, répondant à des détracteurs de la Transition. Cependant, le ministre a donné des assurances : « Tous les moyens de l’État sont mis en œuvre pour faire face aux trois défis techniques évoqués dans le communiqué de septembre dernier».
Aussi, le colonel Abdoulaye Maïga affirmera que l’objectif primordial des autorités de la Transition est d’organiser « les élections le plus rapidement possible ».
En ce qui concerne les informations du Ravec, le colonel Abdoulaye Maïga a indiqué que sans ces informations, le fichier électoral ne sera pas créé. Selon lui, l’un des objectifs inavoués de la société “Idemia”, qui s’occupait de la maintenance de notre base de données, était de laisser nos données se volatiliser. « Il faut prendre en compte ces réalités », a-t-il déclaré.
Par ailleurs, le colonel Abdoulaye Maïga a déclaré que la prorogation de la transition n’a jamais été un objectif des Autorités en place. La preuve, dira-t-il, est l’adoption d’une nouvelle Constitution et la prochaine organisation de l’élection présidentielle uniquement durant la Transition, tout en laissant les autres scrutins au soin des nouvelles autorités élues.
Dissolution des conseils communaux …
Par ailleurs, le ministre Maïga a donné des éclaircissements sur la dissolution des conseils communaux du District de Bamako, des Commune I et IV (décision prise lors du conseil des ministres du 22 novembre 2023). Le ministre Maïga a rappelé qu’il n’y a dans aucun document-cadre de la Transition, ni dans les feuilles de route issues des concertations de septembre 2020, ni dans le Plan d’action du gouvernement (PAG), ni dans les recommandations des Assises nationales de la refondation (ANR) qu’il faut proroger le mandat des élus des collectivités territoriales.
Aussi, cette prorogation n’a pas été demandée ni par les partis politiques ni les élus eux-mêmes. « C’est un choix souverain, une orientation des plus hautes autorités », a-t-il précisé. Avant de poursuivre : «En défendant ce projet de loi de prorogation des mandats des élus des collectivités territoriales, nous avons pris un engagement à la fois devant le chef de l’état et le Conseil national de Transition (CNT) que cette prorogation ne sera pas synonyme de blanc-seing à la mauvaise gouvernance». Selon lui, les collectivités territoriales qui font l’objet de dissolution, l’ont été sur la base des rapports d’inspection, de celui du Vérificateur général et d’autres rapports de vérifications.
« À chaque fois que nous avons les preuves de la mauvaise gouvernance, nous n’avons pas d’autre choix que de les dissoudre», a-t-il précisé. Toutefois, M. Maïga a reconnu qu’il y a des collectivités territoriales qui sont bien gérées et qui arrivent à satisfaire les attentes des populations avec les moyens de bord.
Réorganisation territoriale
Le ministre d’Etat a également évoqué le parachèvement de la réorganisation territoriale qui constitue une «innovation très symbolique». À ce sujet, il a rappelé qu’en mars 2011, notre pays est passé de 8 à 19 régions plus le District de Bamako. Durant 12 ans, ce processus était en cours. La préoccupation de notre population a été réitérée à plusieurs reprises depuis les concertations de septembre 2020 pour parachever cette réorganisation territoriale. Cette préoccupation a été reprise dans les PAG et réitérée également lors des ANR. « Aujourd’hui, nous sommes très heureux d’annoncer que la réorganisation territoriale est parachevée», a déclaré le ministre d’Etat.
Un autre avantage de cette réorganisation territoriale, a signalé le ministre Maïga, est le changement de la physionomie de Bamako. Il y a aura un gouverneur et les sous-préfets d’arrondissements pour mieux animer et assurer la permanence de l’Etat. Précision : Bamako constitue désormais une seule collectivité territoriale avec un seul budget et une seule planification. Cela aura l’avantage notamment de mieux gérer les ressources de l’État, de mieux planifier et de régler certains aspects comme l’insalubrité ou d’autres détails qui touchent à la vie des populations, a-t-il expliqué.
Le ministre en charge de l’Administration territoriale a, par ailleurs, exprimé sa volonté de dématérialiser l’état civil pour éviter les «tracasseries» et les déplacements physiques aux usagers. Pour ce faire, il envisage de transformer le Centre de traitement des données d’état civil (Ctdec) en une agence de sécurisation de l’état civil, de basculer notre base de données vers une base sécurisée et nationale.
M Sanogo