L’ancien président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a été libéré. Il est retourné dans sa maison de Sébéniciro. On peut s’autoriser à dire que la majorité de nos concitoyens a apprécié à sa juste valeur ce geste hautement symbolique.
Rappel. Dans la nuit de ce mardi historique, le Conseil national pour le salut du peuple (CNSP), constitué de jeunes colonels, a pris le pouvoir.
Les nouvelles autorités, quelques jours après, accéderont à la demande de la Communauté internationale. Elles écourteront la détention de l’ancien président au camp militaire de Kati.
Les jeunes colonels du CNSP ont fait preuve de maturité, de sincérité à l’égard de la population malienne. N’avaient-ils pas déclaré à l’opinion nationale et internationale que restaurer la paix dans les esprits et les cœurs au Mali était leur seule préoccupation ?
La libération d’Ibrahim Boubacar Kéïta n’est-elle pas la clé de voûte de toutes les futures actions de refondation de notre pays ? Le geste magnanime des FAMa ne peut pas être assimilé à une impunité accordée à l’ancien président.
Le CNSP a transmis un message fort aux Maliens. Les militaires sont comme tous les enfants du Mali élevés dans des traditions millénaires des ethnies maliennes. Nul ne peut vivre sans jamais avoir pitié ou faire confiance à son prochain.
Militaire ou civil, instinctivement, manifeste en tous lieux, du respect à l’égard de tout individu chenu. Le grand âge mérite considération. Les cheveux blancs ne nous rappellent-ils pas notre grand-père, notre grand-mère, notre père, notre mère ou tout autre parent ayant contribué à notre éducation familiale ? Que le Tout-Puissant accorde chance, santé, baraka au CNSP. Que leur mission s’accomplisse dans l’honneur pour assurer un bonheur infini dans toutes les localités.
Les cheveux blancs ont désormais retrouvé le sourire sur tout notre territoire. Ils ont oublié le long chapelet de nuits d’insomnie. Ils espèrent ne plus revivre des sommeils agités ou le rêve n’était plus merveilleux, mais cauchemardesque.
Dans les mosquées, les églises, les bois sacrés, les personnes âgées prient avec ferveur. Que l’État malien soit désormais résolu à ne plus se soustraire de ses missions régaliennes. Qu’il ait le courage de ne plus se décharger sur les populations désargentées des milliers de villages de ce pays. Elles ont été pillées par la corruption, la mauvaise gestion du budget national, sciemment entretenue par «la méthode du désordre». N’est-ce pas la raison pour laquelle le Mali ploie sous le poids de sa dette publique ?
Selon des documents officiels, «à la date du 31 décembre 2016, il ressort de l’analyse du portefeuille de la dette publique que l’encours total s’élève à 2.986,45 milliards de Fcfa, constitué de 2.073,93 milliards de Fcfa de dette extérieure (soit 69,4%) et 912,52 milliards de Fcfa de dette intérieure (soit 30,6%)».
Les cheveux blancs souhaitent un débat dans les jours prochains sur notre colossale dette sur la base des lois de règlement des budgets votés après le 26 mars 1991. Parallèlement la Justice pourrait récupérer, grâce aux cautions, la moitié des centaines de milliards détournés. Les besoins d’argent sont actuellement pressants.
Sékou Oumar DOUMBIA
Source : L’ESSOR