Le Mali est-il au bord de l’effondrement ? Une crise intense secoue le pays. Son président, Ibraïm Boubacar Keïta, un ivrogne qui a du mal à s’exprimer en public, a laissé la corruption envahir toutes les sphères du gouvernement. Une coalition de partis d’opposition demande sa démission. Un peu partout à travers le pays, des bandits dressent des barrages routiers pour rançonner les voyageurs. Des bandes de voleurs et d’assassins se répandent dans les villes.
Le désordre gagne plusieurs régions administratives, en particulier celles qui sont menacées par les islamistes. Pour montrer combien elles sont excédées par la situation, des femmes maliennes ont manifesté nues dans les rues. La chute brutale du régime malien pourrait déstabiliser l’Afrique de l’Ouest, d’autant plus que les islamistes proches de l’Arabie saoudite semblent près de réussir un coup d’État.
1. D’où vient la crise au Mali ?
Le Mali lutte contre de graves problèmes économiques qui ont été aggravés par la pandémie de la COVID-19. L’opposition reproche au gouvernement son incapacité à lutter efficacement contre les djihadistes. La corruption a aussi beaucoup augmenté ces dernières années. Mais c’est une décision de la Cour constitutionnelle du Mali qui a mis le feu aux poudres. Celle-ci est à la solde du président malien. Après les récentes élections, elle a décidé d’invalider les résultats de plusieurs bureaux de vote, ce qui a eu pour effet de changer les résultats électoraux en faveur de Keïta et de ses partisans.
2. Comment a réagi l’opposition ?
L’opposition s’est regroupée le 5 juin dernier dans un vaste mouvement, le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). Ce groupe a appelé la population à de grandes manifestations ainsi qu’à la désobéissance civile. Le M5-RFP exige la démission du président et la formation d’un gouvernement d’union nationale qui regrouperait les principaux partis politiques du pays.
3. Quelle est la réponse du président Keïta ?
Cette semaine, les chefs d’État de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Niger, du Nigeria et du Sénégal se sont rendus à Bamako, la capitale du Mali, pour tenter de trouver une solution à la crise. En vain. Ni l’opposition ni le président ne veulent céder sur l’essentiel. L’opposition veut bien que le président demeure en poste, mais à condition qu’il ne joue plus qu’un rôle symbolique et surtout, à condition que les partis d’opposition occupent la majorité des sièges de ministres d’un éventuel gouvernement d’union. Le président n’entend ni se départir de son pouvoir ni céder sa majorité à l’opposition.
4. Que cherche l’opposition ?
Le M5-RFP comprend plusieurs dirigeants. Mais le plus influent et le plus populaire est un imam wahhabite, Mahmoud Dicko, dont les prêches rigoristes enflammés n’ont rien à voir avec l’islam pratiqué par la majorité de la population. Dans ce contexte, il est facile de comprendre que ces islamistes cherchent à prendre le pouvoir sans passer par de nouvelles élections.
5. Que devraient faire les Maliens ?
Derrière ce choix impossible, entre des dirigeants incompétents et corrompus ou des dirigeants islamistes, se profile la vieille lutte d’influence en Afrique entre la France et l’Arabie saoudite. Sans compter que le renversement d’un président constitue un mauvais exemple pour les pays voisins. On frissonne à l’idée que le Mali pourrait s’enfoncer davantage dans le chaos et devenir l’épicentre du cancer islamiste dans la région. La meilleure solution serait sans doute de tenir de nouvelles élections, cette fois sous surveillance internationale.