L’espoir d’un changement sur fond de populisme, devenu un projet de société pour dresser les fils d’un même pays les uns contre les autres afin de se mettre à l’abri de la colère des Maliens contre les démocrates sanguinaires, avec lesquels il a participé à l’effondrement de l’État malien et au pillage systématique des biens publics, n’est plus un ferment pour éveiller les consciences. Encore moins, la rectification. Un autre slogan de la pire escroquerie politique. Que reste-t-il pour les concepteurs de ce mirage? A rendre le tablier. Pour que d’autres, plus imprégnés des réalités socio- politico économiques de notre pays, soient appelés pour limiter les dégâts, avant qu’il ne soit trop tard.
Las du système de vol crapuleux, instauré en mode de gestion par une meute de démocrates pour rattraper le temps perdu dans l’opposition contre le président Moussa Traoré, le peuple malien n’avait plus le choix que de suivre les contestateurs du régime IBK, un des ténors de la perpétuation de ce système éhonté et de l’instauration d’une succession dynastico-démocratique. Les opposants à IBK, pour gagner le cœur des Maliens, brandissent l’étendard du changement. Ceux-ci ne pouvaient être indifféremment à ce slogan, oh combien chargé de sens depuis le coup d’État du 26 mars 1991. Et à chaque meeting du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), la place de l’Indépendance recevait de nouvelles têtes décidées à en découdre avec le régime IBK qui, pris dans son propre piège, n’avait plus dans sa besace d’autres perspectives à offrir à son peuple.
Ce qui constituera d’ailleurs un motif pour des milliers de manifestants à répondre à l’appel du M5-RFP et à s’engager dans la lutte pour précipiter les événements, sans savoir que le changement était déjà empoisonné. Et l’empoisonnement devient effectif, une fois la tête d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) obtenue.
Le slogan devient alors: «À nous, le pouvoir !», laissant sur le carreau du regret des militants, sympathisants du mouvement hétéroclite qui a entraîné la chute du président Keïta, dont certains de ses proches et membres de son parti, le Rassemblement pour le Mali (RPM), ne se seraient pas gênés d’apporter un appui financier aux organisateurs de la contestation qui dénonçaient sa gestion familiale du pays sur le boulevard de l’Indépendance.
À les entendre, ils crient déjà à la trahison. Les plus radicaux, parmi eux, déclarent qu’ils regrettent le départ d’IBK du pouvoir. Quant aux modérés, ils pensent que le contexte sous-régional, régional, voire international joue en défaveur de notre pays pour plusieurs raisons. Ils citent entre autres le retrait de notre pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), les relations tendues avec beaucoup de nos partenaires. Ils sont nombreux à ne pas supporter que le même train de vie de l’État continue de plus belle avec ceux qui chantaient et dansaient au son du changement, en prenant en témoin le mouvement de l’Indépendance que les choses iront mieux après le départ d’IBK.
Certes, les têtes ont changé à la tête des institutions. Mais comme il est souvent coutume d’entendre, l’habitude est une seconde nature. Quatre (04) ans après, les mêmes mauvaises pratiques empoisonnent la vie des Maliens. Le changement, annoncé pour tourner la page de plus de trois (03) décennies de prédation des richesses nationales par une coalition de démocrates demeure toujours une énigme.
Les Maliens ne savent plus à quoi s’en tenir. Eu égard à la gestion calamiteuse de certains dossiers dont le peuple malien attendait une satisfaction totale pour entamer une nouvelle marche vers le progrès. Parmi lesquels, on pourra citer la réduction du train de vie de l’État, des produits de première nécessité, du taux du chômage, etc. Mais, il n’en fut rien. Sauf, un enlisement de la situation sociopolitique dû au populisme du Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, assiégé aujourd’hui par ses contre-vérités.
Le pays ne pourra pas continuer sur cette voie sinueuse, endommagée en partie par les pluies diluviennes de ses derniers jours. Il est impératif qu’un nouveau vent souffle. Avant que la grogne sociale ne s’invite au débat.
Yoro SOW
Source: Inter De Bamako