Le dauphin du président sortant Joseph Kabila, le candidat du pouvoir, Emmanuel Ramazani Shadary, n’a même pas attendu la fin du vote, encore moins le dépouillement des bulletins, pour revendiquer la victoire à l’heure même de voter dimanche matin à l’élection présidentielle en République démocratique du Congo.
“J’ai déjà gagné. Vous avez vu comment j’ai battu campagne, tout ce qui s’est passé. Je serai élu, c’est moi le président à partir de ce soir” (dimanche), a déclaré M. Ramazani Shadary en sortant de son bureau de vote à Kinshasa.
Ces propos sont reproduits sur le site d’information congolais Actualité.cd qui dispose d’un enregistrement sonore. Ramazani Shadary a voté dans la commune de la Gombe avec le chef de l’Etat sortant Joseph Kabila qui ne peut pas se représenter selon la Constitution, mais qui tient à manoeuvrer pour son dauphin.
En votant avec sa femme et sa fille, le président sortant Joseph Kabila a croisé le porte-parole et secrétaire général de la Conférence épiscopale (Cenco) qui avait annoncé déployer 40.000 électeurs dans tout le pays pour superviser les opérations de vote à haut risque, a pourtant averti: “Vous ne devriez pas publier les résultats. C’est à la Céni (Commission électorale nationale indépendante) de les publier”. La veille au soir, dans ses voeux télévisés, il avait déclaré : “la Constitution ne confère la compétence d’organiser les scrutins et d’en publier les résultats qu’à la Commission électorale nationale indépendante (Céni) elle seule et, in fine, à la Cour constitutionnelle”.
Le contrôle du dépouillement, de l’établissement et de la répartition des procès-verbaux et surtout de la “compilation” des résultats dans chaque province puis , interviendra la proclamation des résultats provisoires prévue le 6 janvier. Et voilà que le dauphin du président Kabila, se précipite à fouler la loi fondamentale.
“Je déplore tout le désordre dont nous entendons parler”, a déclaré le candidat d’opposition Félix Tshisekedi après avoir voté. “Nous nous posons la question de savoir si ce n’est pas un désordre organisé pour que demain la Cour constitutionnelle soit saisie et qu’elle annule tout. Cela, nous ne l’accepterons pas”.
“Nous suivons pas à pas ce qui se passe. Si c’est fait dans le but de légitimer le candidat du pouvoir, nous ne l’accepterons pas”, a-t-il prévenu.
Par ailleurs, l’autre candidat de l’opposition, Martin Fayulu, a déclaré: “C’est un grand jour pour moi, c’est un grand jour pour le Congo parce que c’est la fin de la dictature, c’est la fin de l’arbitraire, c’est la fin (…) de 18 ans du système Joseph Kabila”.
La Rédaction