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Le Burkina Faso sur un air de révolution, avec le capitaine Traoré ?

De la tribune de la 77e AG de l’ONU à New York à Gaskindé au Sahel Burkina, le Lt colonel Damiba n’imaginait aucunement que le sort s’acharnerait si vite sur lui le 30 septembre 2022. 24h ont suffi pour qu’il soit renversé du pouvoir pour les mêmes péchés dont il accusait Roch Kaboré quand il renversait celui-ci le 24 janvier 2022. Le Lt colonel est parti du pouvoir comme il y était arrivé : de façon inattendue et sans grande résistance. Le capitaine Ibrahim Traoré qui lui a succédé à l’issue du putsch va-t-il nous plonger dans les souvenirs de la révolution des années 80 avec le capitaine Sankara ? Cela lui ouvrirait, à coup sûr la grande porte d’entrée dans l’Histoire du Burkina et de l’Afrique.

 

Le Lt colonel, au gré de ses méthodes de gestion et de ses sarcasmes publics inappropriés par endroit, lors de ses sorties, avait fini par mettre presque tous les Burkinabè d’accord contre lui, quant à son prosélytisme dans la gouvernance de l’Etat et à son incapacité à ramener la sécurité au Burkina et à reconquérir les territoires aux mains des groupes armés ou terroristes qui avaient même réussi à étoffer leur emprise sur le pays des hommes intègres. L’homme Damiba a pris goût aux délices du pouvoir au point de perdre presque de vue la mesure réelle de la dégradation avancée de la sécurité et de l’intégrité du territoire, quand bien même il avait promis de recouvrer les territoires aux mains des terroristes et sécuriser les campagnes afin que les déplacés internes retournent chez elles pour y vivre dans la quiétude. Des promesses dont le respect devenait de plus en plus un mirage au regard du degré de harcèlement des FDS, des attaques terroristes mortelles à répétition dont le dernier théâtre a été Gaskindé dans le Sahel avec un long cortège humanitaire de véhicules chargés de vivres incendiés, sans oublier les pertes en vie humaines et les blessés. Et cela, quelques jours seulement après saparticipation à New York (à l’AG de l’ONU) qui n’avait de nécessité que le besoin pour l’homme de se faire voir à cette foire internationale des gouvernants du monde entier. Un voyage qui a traduit, aux yeux de plus d’un Burkinabè averti, le degré d’insouciance du Lt colonel Damiba face à la catastrophique dégradation de la situation sécuritaire du pays et qui symbolisait la tendance de l’homme à s’accommoder de plus en plus de la situation sécuritaire alors que les Forces de défense et de sécurité mouraient chaque jour presque sur le théâtre des opérations, par manque d’équipements suffisants et du fait que certains hommes engagés sur le terrain n’avaient pas la formation suffisante pour livrer efficacement bataille contre l’ennemi commun. Les récriminations portées contre Damiba par le Capitaine Traoré et ses hommes sont sans appel. Si fait que les putschistes du 30 septembre dernier ont été salués comme des libérateurs et soutenus pour leur engagement à mieux organiser la lutte anti-terroriste avec des moyens conséquents en vue de recouvrer l’intégrité du territoire et pacifier le pays entier.

Le capitaine Ibrahim Traoré a donné le ton dimanche dernier, devant les Secrétaires généraux des ministères le dimanche dernier, convoqués pour les besoins de la cause : il veut que les choses aillent vite désormais. Fini les lourdeurs administratives !

Des moyens et des soutiens pour pacifier le pays

Pour un officier supérieur de sa trempe, rompu au combat anti-terroriste, ancien soutien de Damiba lors du putsch de janvier contre Roch Kaboré, on se laisse emporter par l’espoir d’un renouveau « sécuritaire » avec à la clé des victoires militaires futures sur les terroristes et la pacification du pays. Et le jeune capitaine peut compter sur le soutien du peuple, d’autant plus qu’il assure n’être pas intéressé par le pouvoir mais motivé par le redressement de la sécurité du pays à travers la lutte militaire conséquente contre le terrorisme, le retour des PDI dans leurs localités d’origine. Il séduit d’autant plus qu’il confie volontiers qu’un président de la transition sera choisi au cours de futures assises nationales à convoquer à cet effet, et, lui-même, n’est nullement intéressé par le « fauteuil présidentiel transitoire ». On est fondé à croire à cet engagement, au regard des circonstances de sa prise du pouvoir et du contexte global du pays qu’il connait. Si sa jeunesse peut nourrir des doutes chez une catégorie de personnes qui craignent que le capitaine puisse gérer avec méthode et efficacité « son pouvoir » et produire les résultats promis, il y a que sur le champ de bataille ce sont les jeunes officiers qui menaient et mènent jusque-là l’essentiel des batailles contre l’ennemi, avec des moyens limités. Pendant que des hauts gradés, avec Damiba en tête, jouaient sur d’autres tableaux, sur fonds de calculs politiciens, à bien des égards selon des analystes politiques. Il faut donc espérer que la nouvelle junte au pouvoir sache évaluer la situation sécuritaire, change de paradigmes et s’offre les moyens nécessaires pour « aller plus vite » et engranger des victoires éclatantes. Il faut espérer le soutien ferme des Armées nationales et que le commandement sache mettre l’intérêt du pays au-dessus de tout autre intérêt. Quant aux populations, on ne doute pas de leur ferme soutien à la nouvelle junte qu’elles ont du reste soutenu depuis les premières du putsch. Un tel soutien doit demeurer constat et sans faille, face au rouleau compresseur que peuvent représenter l’équipe des chefs d’Etat de la CEDEAO et la métropole qu’est la France qui pourrait œuvrer à subvertir la marche des choses si ses intérêts sont menacés. Le cas du Mali avec ses rapports avec la CEDEAO et la France peut servir de leçon. Comme l’arrivée du colonel Goïta au pouvoir au Mali, l’arrivée du capitaine Ibrahim Traoré est plus qu’un soulagement, vu l’échec patent du Lt colonel Damiba qui, en plus de ne pas faire montre d’une réelle volonté de lutter efficacement contre le terrorisme et sécuriser le pays, donnait dans la provocation, le dégoisement avec un niveau d’expression inapproprié à effet réducteur sur l’image du chef d’Etat. Toutes chosent qui avaient achevé de convaincre le Burkinabè lambda que ce Damiba était plus qu’un opportuniste accidentellement arrivé au sommet de l’Etat et qui symbolisait le malheur du pays, dévasté par le terrorisme notamment avec son lot de malheurs. Le capitaine Traoré, de par ses premières interventions, nous rappelle un tout petit le capitaine révolutionnaire Thomas Sankara. Les contextes sont différents, les époques aussi. Ne serait-ce que le petit temps qui restera aux affaires, il lui faut incarner les idéaux de ce héros national devenu africain, Thomas Sankara. Et il peut bien rentrer dans l’histoire si il reste fidèle à ses motivations de départ. Attendons donc de voir et de le juger sur le terrain du combat.

Lamine Bamba

 

lesechosdufaso

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