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Le bon exemple du Cercle de Kéniéba

S’il y a une zone qui s’en sort bien dans la gestion de l’esclavage par ascendance dans la Région de Kayes, c’est bien le Cercle de Kéniéba, habité essentiellement par des Malinkés et des Peuls, venus notamment du Fouta Djallon (Guinée). Il compte 12 communes : Baye, Dabia, Dialafara, Dombia, Faléa, Faraba, Guénégoré, Kassama, Kéniéba, Kouroukoto, Sagalo et Sitakili.

 

La problématique ne se pose point dans les villages de ce cercle où les habitants sont très attachés à leurs coutumes ancestrales, religieuses et morales. Leur hospitalité est légendaire, car,, l’étrangerest accueilli comme un roi et n’est pas traité d’ « esclave », comme c’est le cas sous d’autres cieux, sauf en cas de cousinage à plaisanterie.

Les populations du Djébé, de Konkodougou, du Kouroudougou, du Wontofa, du Sintédougou…, ou même du Bambouck et du Bafing (contrées du Cercle de Bafoulabé, voisines du Djébé et de Kouroudougou), n’aiment pas faire du mal à leurs voisins, surtout leurs étrangers pourvu que ces derniers acceptent la règle du jeu : le respect des valeurs traditionnelles et culturelles.

D’après Paul Bamba Kéïta, professeur d’histoire et géographie au lycée Dougoukolo Konaré de Kayes (LDDK), on retrouve deux types de classes sociales dans le Cercle de Kéniéba : les hommes libres ou porteurs de carquois «tuntigolu» et les hommes de caste « nyamaxalolu ». Les Tuntigolu sont composés de «Hoorolu (nobles) et de Jonnwolu (esclaves) ».

Les «nyamaxalolu» comprennent les forgerons «Numolu», les griots «Jalolu», les cordonniers «Garankelu», et les paroliers «Finolu». Aujourd’hui, l’esclavage n’existe que de nom chez les Malinkés. Et les hommes de caste peuvent se marier entre eux. Ainsi, il est généralement conseillé qu’un forgeron se marie à une forgeronne, un griot à une griotte, un cordonnier à une cordonnière. Mais le mariage existe actuellement entre Tuntigi et Nyamakala.

Les religions musulmane et chrétienne contribuent beaucoup au renforcement du climat social dans cette partie du Mali, à travers le brassage entre les peuples. Les églises catholiques et protestantes ont favorisé la scolarisation massive des enfants du Cercle de Kéniéba.

à Kassama, village de votre serviteur, qualifié par certains de «commune intellectuelle du cercle» au regard du nombre important et élevé de ses cadres et enfants scolarisés, le problème d’esclavage par ascendance ressemble à un triste souvenir. On n’évoque le terme que lors des cérémonies (mariages, baptêmes, décès, sacrifices) et des danses folkloriques, dont le djiondonwo, sans pour autant blesser la personne dans son for intérieur. Il arrive souvent que des enfants des nobles et ceux des esclaves partagent les repas, ensemble dans les chambres et s’amusent ensemble.

Lorsque les composantes de ces deux classes sociales se retrouvent dans les grandes villes comme Bamako, Kayes, Ségou, chacun mène sa vie comme bon lui semble, sans nuire à l’autre. Même si certains cachent leur statut dans les quartiers, villes et villages où ils vivent.

Le Malinké a peur du «gnamo» ou du mauvais sort qu’il ou une personne de sa descendance pourrait subir, en infligeant un mauvais traitement inhumain à son prochain.

Les populations du Cercle de Kéniéba, dans leur majorité, partagent ce point de vue de Baye Konaté, ancien gouverneur de Kayes qui s’est adressé aux esclavagistes et anti-esclavagistes en ces termes : «Les habitants d’un même village ne doivent pas nourrir de haine les uns envers les autres. En tant que musulman, on ne doit pas tolérer cette pratique.

Selon la Constitution du Mali, il n’y a ni «horon» (noble)» ni «djon» (esclave). Tous les citoyens maliens sont égaux en droits. On ne doit pas être fier de voir ses voisins fuir et abandonner tous leurs biens pour aller se réfugier ailleurs. Vous devez résoudre cette question dans le cadre de la religion», a expliqué Baye Konaté aux nombreux habitants massés dans la cour du domicile du chef de village de Sakora (Kita), Gaoussou Fofana.

B. M. S.
Amap-Kayes

Source : L’ESSOR

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