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Le «Beethoven japonais» était un faussaire

Non seulement le « Beethoven japonais » avait un « nègre », mais en plus il n’était pas sourd. C’est ce qu’affirme à Tokyo, devant des dizaines de journalistes et de photographes, son « nègre » Takashi Niigaki. Pendant dix-huit ans, il a composé la musique classique de Mamoru Samuragochi, prétendument sourd et surnommé le « Beethoven japonais » lorsqu’il accéda à la renommée il y a une vingtaine d’années. Il serait passé aux aveux sous la menace de son « nègre ».

Mamoru Samuragochi Beethoven japonais

Apparemment, le faux « Beethoven japonais » a commencé par confesser, via son avocat, avoir utilisé un autre compositeur que lui-même, pour écrire ses œuvres principales. Par exemple, sa symphonie Hiroshima à la mémoire des victimes du bombardement atomique, devenu un hymne à l’espoir après l’accident de Fukushima et le tsunami géant. La chaîne de télévision NHK avait consacré un long documentaire à Mamoru Samuragochi, le montrant sur une plage le long d’une côte détruite par le tsunami en train de composer, apparemment, un requiem pour une petite fille dont la mère fut tuée. Après cette émouvante émission, des dizaines de milliers de Japonais se précipitèrent pour acheter sa symphonie Hiroshima.

Ni compositeur, ni sourd

Aujourd’hui, celui qui a composé la symphonie Hiroshima et une vingtaine d’autres œuvres en l’espace de vingt ans, un professeur de musique, Takashi Niigaki, donne une conférence de presse pour dire que le « Beethoven japonais » n’a rien composé, et en plus il n’est pas sourd.

Takashi Niigaki dit être le « nègre » de Mamoru Samuragochi depuis dix-huit ans. Il n’a jamais pensé une seule fois qu’il pouvait être sourd. Sans sa surdité proclamée, il n’aurait jamais vendu des dizaines de milliers disques. Son « nègre » ajoute qu’il est incapable de composer de la musique classique.

Exploité par son employeur

Devant des dizaines de journalistes, mitraillé par les flashes, Takashi Niigaki, frêle silhouette dans un costume gris muraille, est sorti de l’ombre et d’un silence de 18 ans. Tokyo, le 6 février 2014.

REUTERS/Kyodo

Quand on lui demande pourquoi il a attendu dix-huit ans avant de forcer le faux Beethoven à avouer qu’il n’était pas l’auteur de ses œuvres, Takashi Niigaki répond qu’il a paniqué une semaine avant les Jeux olympiques d’hiver de Sotchi en apprenant qu’un patineur artistique japonais, Daisuke Takahashi, a une chance de gagner une médaille en concourant sur une musique attribuée au faux Beethoven japonais .

Une explication qui paraît peu convaincante et c’est aussi le sentiment de ceux qui ont assisté à la conférence de presse. Composer une vingtaine d’œuvres en vingt ans de travail n’a rapporté à l’employé du faux « Beethoven japonais » 51 000 euros seulement.

Des journalistes pensent que si le « nègre » a gardé le silence pendant tout ce temps, c’est parce qu’il profitait de la renommée de son employeur. Sans cette renommée, la musique du « nègre » ne se serait jamais vendue. Le drame est que son employeur l’exploitait. Et c’est sans doute cela qui l’a poussé à sortir de son silence, et non pas le patineur artistique concourant sur une musique attribuée à Mamoru Samuragochi qui n’est ni sourd, ni Beethoven.

 

Source: RFI

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