Après un long mutisme que lui a imposé par l’épisode catastrophique et nébuleux du trafic ferroviaire, le ministère en charge des transports est sortie de sa réserve, la semaine dernière, en changeant de fusil d’épaule. Madina Sissoko n’a pipé mot sur le gâchis financier et socio-économique imputable à la tentative ratée de réhabilitation du train.
Son intérêt a plutôt porté sur un autre scandale de la transition, à savoir : la route de Kayes. Alors que les usages attendent impatiemment sa réhabilitation pour juguler le risque d’un enclavement latent, l’épouse du Général Dembélé en a plutôt rajouté au pessimisme en avouant à demi-mots que ça n’est pas demain la vielle de la solution. Et pour cause, après trois années de travaux et d’espoirs nourris à coups de promesses et de mobilisations intenses de moyens, il se trouve que le premier tronçon, celui de Kayes – Sandaré, n’a bougé que d’une dizaine de kilomètres. L’aveu d’impuissance de la ministre esquive savamment, par ailleurs, les circonstances opaques qui entourent le projet entamé depuis mars 2021 avec l’attribution du marché à l’entreprise COVEC pour plus de 85,4 milliards de nos francs en vue de réhabiliter un tronçon de 160 kilomètres au total. Financé par le budget national à 100%, ledit marché est passé en conseil des ministres sous le sceau de l’entente directe avec la société chinoise, laquelle dispose, selon les termes de la convention, de 3 ans pour rendre l’ouvrage, y compris les saisons de pluie. Son attributaire accuse par conséquent un retard criant de 9 mois qu’on se garde bien d’expliquer, puisque le maître de l’ouvrage, le département des transports en l’occurrence, était censé le réceptionner depuis le troisième mois de l’année écoulée. Selon les dispositions de la même entente directe, les paiements de l’exécutant s’étalent sur quatre exercices budgétaires à compter de 2021. Il y a lieu de s’interroger si le retard est causé par un défaut de décaissement ou s’il est imputable à un détournement des fonds décaissés.
Source: Le Témoin