Un engagement de six mois
Le brigadier (général de brigade) Christian Haberstatter va prendre le relais du général allemand Peter Mirow pour une durée de six mois. Il commandera à environ 650 hommes et femmes, répartis essentiellement entre le QG de Bamako et le camp de formation de Koulikoro. Le contingent autrichien dans la mission va être renforcé passant à 47 militaires autrichiens, soit un doublement par rapport à aujourd’hui (27 soldats).
Un symbole politique important
Le ministre de la Défense Mario Kunasek et le vice-chancelier Heinz-Christian Strache, tous deux membres du FPÖ, le parti de la droite nationale autrichienne, ont salué mercredi (8 mai) le contingent autrichien envoyé sur place, soulignant la nécessité pour l’Autriche de s’engager davantage sur le continent noir. L’Afrique est un continent « où nous devons assurer la stabilité à plusieurs niveaux » a précisé Mario Kunasek devant les soldats en partance. « Mieux vaut prévenir que guérir » a-t-il ajouté faisant référence à la crise migratoire de 2015. « Créer un environnement stable est nécessaire pour créer des perspectives pour la population locale » de rester dans le pays, a ajouté Heinz-Christian Strache. Il faut « lutter en premier lieu contre les causes locales de la migration ».
Un retour en Afrique pour la Bundesheer
Ce sera la première fois que l’Autriche prendra la tête d’une mission en Afrique, mais pas une première totale. La Bundesheer renoue en fait avec le terrain africain. En 2008, un contingent de forces spéciales autrichiennes assurait la force protection de l’opération de stabilisation à l’est du Tchad (EUFOR Tchad). L’armée autrichienne assume des fonctions de responsabilité dans une autre opération européenne, en Bosnie-Herzégovine, où un général autrichien assure le commandement de la force EUFOR Althea.
Un terrain à risque
Même si la mission est non-exécutive, sans pouvoir régalien sur la place publique, elle est particulièrement exposée. EUTM Mali a subi ainsi à deux reprises une attaque, à Bamako comme à Koulikoro, heureusement sans pertes. Mais elle a perdu un de ses hommes lors d’une permission à l’hôtel Le campement. Plusieurs hommes des forces spéciales seront d’ailleurs présents.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Christian Haberstatter
Commandant du contingent de déploiement rapide depuis 2017, Christian Haberstatter avait participé à deux opérations principalement : en Bosnie-Herzégovine en 2005 comme chef du contingent national et au Kosovo en 2008. Né en 1970 à Salzbourg, il suit les cours de la Theresianische Militärakademie de Wiener Neustadt de 1989 à 1992 dont il sort diplômé comme Pionieroffizier. De 1997 à 2000, il suit le 15e cours d’état-major général à l’Académie de la Défense nationale, avant de devenir le chef d’état-major et le commandant adjoint du 6e brigade de chasseurs (Jägerbrigade) de Absam de 2000 à 2003, puis du 14e Panzerbataillon. En 2010, il est responsable de la planification et de la liaison avec le ministère allemand de la Défense à Berlin, avant de devenir chef de département adjoint à l’état-major général du ministère. En 2015, il prend le commandement de la 3ème brigade Panzer Grenadier.
(1) Une opération très politique également pour le parti de la droite nationale autrichienne FPÖ en campagne électorale pour les Européennes.