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L’appui crucial des Tchadiens au nord du Mali

Des soldats tchadiens se préparent à patrouiller dans le désert près de Tessalit, dans le nord du Mali, le 14 mars. Crédits photo : KENZO TRIBOUILLARD/AFPDes soldats tchadiens se préparent à patrouiller dans le désert près de Tessalit, dans le nord du Mali, le 14 mars. Crédits photo : KENZO TRIBOUILLARD/AFP

INFOGRAPHIE – Face à Aqmi dans l’Adrar des Iforas, l’armée française n’a d’autre soutien que ces valeureux soldats du désert.

Envoyé spécial à Tessalit

C’est une vaste plaine, sèche, plate, brûlante, aussi accueillante qu’un buisson d’épineux. Au loin se dressent les bosses noires de l’Adrar des Iforas. Le contingent tchadien campe là, ses voitures blindées et ses pick-up bourrés de munitions masqués sous les petits arbres maigres d’un wadi («oued»).

Assis sur un pliant, le général Mahamat Déby, le fils du président tchadien Idriss Déby, ne paraît en rien dérangé par la chaleur ni par les mini-tornades de poussière et de sable qui se soulèvent ici ou là. «Ce n’est pas si différent du Tibesti, du nord du Tchad», souligne le jeune officier. C’est précisément cette habitude des terrains extrêmes qui a poussé l’armée française à chercher le soutien de l’allié tchadien.

Alors que la guerre secoue depuis trois semaines ces montagnes de l’extrême nord-est du Mali, refuge des terroristes d’Aqmi (al-Qaida au Maghreb islamique), les soldats de N’Djamena sont toujours les seuls à épauler les Français. Dans quelques jours, ou quelques heures, ils repartiront au combat dans cet invraisemblable amas de roches que sont les monts de l’Est malien. «C’est dur, mais nous étions prêts», commente le général Déby. Dans les rangs, les traits tirés de ses hommes trahissent la fatigue. «C’est la guerre», dit Hassan avec fatalisme. Il était en première ligne quand, au matin du 22 février, ses camarades ont attaqué l’Ametettaï, une vallée encaissée et verdoyante devenue le sanctuaire d’Aqmi.

Se faire sauter avec des grenades

 

L’armée tchadienne avait été chargée de «fermer» l’étroit goulot à l’est, tandis que les soldats français de l’opération «Serval» progressaient depuis l’ouest. «On s’est approchés des montagnes et les djihadistes ont tiré quand on était très près», raconte Hassan en touchant du doigt les dix impacts de balle sur les flancs de son blindé. Le onzième, sur le toit, a arraché l’oreille du mitrailleur.

Cet assaut, le plus violent de l’opération dans le massif de Tigharghar, a causé la mort de vingt-six Tchadiens et sans doute trois fois plus de blessés. «Les islamistes tiraient très bien. On a eu du mal à avancer.» Fidèles à leur réputation, les soldats ont insisté, encore et encore. Et fini par passer.

Le nettoyage des grottes, tortueuses et pleines de recoins, a réservé d’autres mauvaises surprises. «Ils ne se sont pas rendus. Même quand ils étaient coincés», assure Mohand. Trois djihadistes, acculés, n’ont pas hésité à se faire sauter avec des grenades, emportant trois Tchadiens avec eux dans la mort. C’est dans ce quasi-corps à corps, à pied, que les soldats du général Déby ont laissé le plus de sang. «Dans les cavernes, on ne voyait rien. On n’a pas de lampes. On tirait un peu partout en espérant les tuer, puis on rentrait», raconte encore Mohand. Deux fois, la stratégie n’a pas fonctionné. C’est la flamme des tirs ennemis qui a alerté Mohand. Il a vidé un autre chargeur de très près et s’en est sorti vivant sans trop savoir comment.

Décidés à ne pas mourir seuls, les islamistes ont usé de pièges parfois déroutants. Hamid avoue sa surprise: «J’ai vu un garçon d’al-Qaida par terre. Il avait l’air mort. Mais quand je suis allé à lui, il s’est levé et il a tiré.» L’expérience a laissé des traces chez ces hommes pourtant habitués au combat.

Une forte confusion vite dissipée

Depuis quelques jours, un petit détachement français, équipé de deux mortiers de 120 mm, appuie la force tchadienne. «Il s’agit seulement de leur apporter ce qu’ils n’ont pas, notamment un peu d’artillerie», explique le général Bernard Barrera, commandant des forces terrestres françaises au Mali. Au quotidien, la coordination n’est pas toujours simple. «Il faut travailler ensemble», sourit le colonel Benoît, qui dirige le détachement français.

La première mise en batterie des pièces a ainsi créé une forte confusion. «On avait placé les canons juste derrière les troupes pour tirer par-dessus en cas de demande. On a vu arriver les Tchadiens fous furieux, leurs kalachs à la main: ils pensaient qu’on ne les avait pas vus», rigole un artilleur. Le malentendu a été levé. Mais les Tchadiens ont tout de même choisi d’attaquer tout seuls.

 
Par Tanguy Berthemet, Service infographie du Figaro

SourceLe Figaro

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