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Landerneau politique malien : Des présidents fondateurs qui meurent avec leur héritage politique

Depuis la mort de Soumaila Cissé et d’Ibrahim Boubacar Keita, nous assistons à des querelles intestines entre les membres dans leurs formations politiques respectives. Rien ne va plus  au sein de l’URD  et du RPM. Des dirigeants de premier plan sont à couteaux tirés devant la justice. Qu’est ce qui explique cette soudaine situation de bicéphalisme au sein du landerneau politique malien ? Pourquoi  cette guerre de leadership entre les membres de ces formations politiques, quelque temps seulement après la disparition de leur  président fondateur respectif ?

 

 

Au Mali le parti politique est souvent créé ou fondé par une seule personne qui le considère comme son entreprise privée au sein de laquelle toutes les décisions importantes relèvent de son bon gré et les militants considérés comme ses employés. Le Président fondateur du parti ou le chef d’entreprise est forcément le candidat naturel du parti à toutes les élections présidentielles et souvent il est même capable de violer les textes du parti pour atteindre ses objectifs. De ce fait, la plupart de ces chefs de parti sont allergiques à la concurrence, ainsi que la contradiction à l’interne, confondue à la rivalité. C’est pourquoi, peu d’entre eux préparent leur succession, afin qu’après leur retrait les esprits soient conditionnés pour accepter le dauphin naturel. C’est ce qui explique d’ailleurs, qu’après leur retrait de la scène politique (souvent par suite de décès) leur formation politique tombe en désuétude, sinon disparait. Au pire des cas, elle devient un champ de bataille pour les rescapés qui s’arrogent tous, le rôle de successeur premier.

Du coup, leur héritage politique devient un trophée de guerre. Cela tout simplement, par ce qu’aucun adjoint ou vice-président ne dispose d’atout légitime, ou de qualité nécessaire pour fédérer les énergies afin que le parti puisse être le même. Et du coup, l’entité politique en question sera divisée en plusieurs clans. Et chaque clan comme par enchantement s’évertue avec des arguments de rapprochement avec le président fondateur sortant pour justifier son plein droit à s’accaparer de la présidence du parti. Souvent, profitant de cette guerre de leadership, certains fortunés, sans aucun aura s’engouffrent dans la brèche. En illustre, ce qu’on assiste de nos jours au sein d’un parti sérieux comme l’URD de Soumaila Cissé.

Pour le cas de ce parti, il difficile de l’admettre, mais la réalité en est que l’héritage politique de Soumaïla Cissé est menacé aujourd’hui parce que ses héritiers ne l’ont jamais aimé et ils se profitaient juste de sa notoriété, sa fortune et de ses largesses avec un sens d’ouverture politique inouï. C’est pourquoi, après sa mort, nous assistons à ce que son parti vit aujourd’hui. Des dirigeants des deux camps trainés devant le camp 1 de la gendarmerie comme des vulgaires hors la loi.

Hasard des circonstances ou ironie de l’histoire, l’ancien parti de la majorité, le RPM du grand IBK est dans cette situation. La seule petite différence pour le cas de ce parti relève du fait qu’il n’y a point l’immixtion d’un corps étranger au sein de la querelle qui couve. Il s’agit des barons qui ont toujours cheminé ensemble de la création de ce parti, à son temps de l’opposition jusqu’à la gestion du pouvoir. Cependant, la chute du pouvoir, suivie du décès de son président fondateur, auraient donné des idées à certains protagonistes à pouvoir régler des comptes politiques.

En somme, force est de le reconnaître la vraie démocratie est absente dans nos partis politiques, par ce que les présidents des partis de leur vivant, n’entreprennent rien pour maintenir la concurrence et l’émergence de nouveaux leaders, après leur disparition. Ils gèrent leurs partis comme bon leur semble et après leur mort c’est la guerre entre des protagonistes, dont les rôles n’ont jamais été définis. Pour éviter de telles péripéties et permettre à la chose politique de prospérer encore longtemps, il revient aux différents présidents des partis à éclaircir la succession avec des textes solides applicables autant aux militants première que de dernière heure. Et tenir compte de ce qui est advenu aujourd’hui aux deux grands politiques des présidents Soumaila Cissé et IBK.

Adama Tounkara

Source : Le Sursaut

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