La campagne agricole 2019-2020 de l’Office du Niger a été lancée à M’Bewani à Ségou. La réduction considérable de la quantité des engrais subventionnés impactera sur la production attendue. Les producteurs demandent à l’Etat de faire des efforts supplémentaires pour compléter le gap de 50 %
Le ministre de l’Agriculture, Moulaye Hamed Baba Haïdara, a procédé hier, lundi 8 juillet 2019, au lancement de la campagne agricole 2019-2020. La cérémonie de lancement a eu lieu à M’Bewani, à une cinquantaine de kilomètres de Ségou. C’était en présence entre autres, du Président directeur général de l’Office du Niger, Dr. Mamadou M’Barré, du président de l’Assemblée permanente des Chambres d’Agriculture du Mali, Bakary Togola, des délégués des exploitants agricoles de l’Office du Niger, des députés, des maires de la localité et des autorités administratives.
Devenue une tradition, la cérémonie a été l’occasion pour le ministre de le PDG de l’Office de faire le bilan succinct de la campagne écoulée, mais aussi de faire un aperçu sur les préparatifs et les projections de la nouvelle campagne 2019-2020.
La campagne agricole 2019-2020, selon le PDG de l’Office, démarre dans un contexte marqué par la signature de nouveau Contrat-Plan couvrant la période 2019-2023 entre l’Etat, l’Office du Niger et les exploitants agricoles. Le respect des engagements pris par les parties signataires de ce contrat–plan quinquennal “va permettre de renforcer la contribution de l’Office du Niger à l’atteinte de la sécurité alimentaire et à la lutte contre la pauvreté par une croissance économique accrue”.
La campagne agricole 2019-2020 issue du Contrat-plan, a affirmé le patron de l’Office se résume à : 873 774 tonnes de riz paddy qui ne pourraient pas être atteints à cause de la réduction considérable de la quantité des engrais subventionnés. Il en est de même pour le maïs dont 11225 tonnes sont attendus.
321 990 tonnes de produits maraichers, 94826 de produits de diversification. Pour le PDG M’Barré, ” l’atteinte de ces objectifs dépendra, dans une large mesure, de la réalisation des aménagements prévus et aussi de la mise à la disposition des exploitants à temps opportun des intrants et équipements agricoles subventionnés”.
Le PDG a profité de l’occasion, pour brosser le bilan de la campagne 2018-2019 qui, a-t-il souligné, s’est déroulée dans les conditions satisfaisantes quant à la fourniture de l’eau aux exploitants agricoles pendant la saison d’hivernage. Cependant, force est de noter certaines difficultés majeures rencontrées dans le déboulement normal de ladite campagne, a souligné le PDG. Il s’agit à ses dires de : l’insécurité dans la zone d’intervention qui a considérablement perturbé les activités d’appui-conseil auprès des exploitants agricoles ; la faible disponibilité de l’eau en période d’étiage du fleuve qui “a joué sur le niveau de réalisation du riz de contre saison ; le retard accusé dans le ravitaillement des exploitants en engrais subventionnés à cause des changements intervenus dans le système de distribution ; le sous équipement et l’insuffisance de la main d’œuvre avec comme conséquence le non respect du calendrier agricole par certains exploitants“. L’envahissement de certains réseaux par les végétaux flottants, auquel il faut ajouter les actes de vandalisme sur les réseaux d’irrigation par certains exploitants est cité également comme difficulté rencontré pendant la campagne écoulée.
Malgré toutes ces difficultés, le bilan provisoire de cette campagne, selon Dr. M’Baré fait ressortir les résultats suivants : En riziculture, on note une production totale de 819 897 tonnes de riz paddy contre 751910 tonnes en 2017-2018, soit une augmentation de plus de 9 %. En maraichage, ce sont 370 440 tonnes qui ont été produites. L’échalote représente 83,65 % de cette production, soit 301 500 tonnes. En diversification de cultures, 25 000 tonnes ont été produites. Le maïs représente 35 % de cette production, soit 8 852 tonnes.
Le PDG a aussi profité pour remercier les partenaires qui ont accompagné dans leur politique de soutien à l’agriculture, notamment les partenaires et techniques et financiers dans le financement de nombreux Projets-Programmes, les operateurs économiques et les services techniques spécialisés.
Le Délégué des exploitants agricoles, Abdoualye Daou, a souligné le manque à gagner de 50 % de l’engrais subventionné. Pour lui, les 16 600 tonnes d’engrais mis à la disposition par l’Etat ne pourront pas subvenir aux besoins des producteurs. C’est pourquoi, ils ont décidé de faire une discrimination dans la répartition de l’engrais mis à disposition. “Seuls les exploitants agricoles ont reçu une quantité. Nous avons éliminé tous les autres producteurs qui bénéficiaient de l’engrais subventionné“, a laissé entendre M. Daou. Et d’ajouter que ce manque à gagner aura des répercutions dans l’atteinte des objectifs assignés. “Les objectifs du contrat-plan pour 2019-2020 seront difficilement atteint si tout le monde n’aura les engrais“, a conclu M Daou.
Le ministre de l’Agriculture, dit prendre bonne note de la revendication des producteurs. Il dit qu’il sera leur porte parole auprès du Président de la République, du Premier ministre. M. Haïdara a promis que les autorités feront tout afin que l’objectif de 11 millions de tonnes de riz soit atteint.
Après les discours, ce fut la remise des prix aux meilleurs producteurs et agents d’encadrement. Ce n’est pas tout, il a eu aussi la remise de matériels agricoles aux centres de prestation des services dans le cadre du Parizon.
Cette cérémonie a été suivie par le lancement agricole par une scène de labour à bord d’un tracteur dans une parcelle du casier de Tiongoba et la visite du nouveau périmètre aménagé de 500 ha du Papam.
Le programme continue aujourd’hui mardi, avec la visite du barrage de Markala par le ministre de l’Agriculture.
Nous y reviendrons
Amadou Sidibé
(depuis Ségou)
Source: Mali Tribune