Le colonel Assimi Goïta, auteur du double coup de force le 18 août 2020 et le 24 mai 2021, devenu président de la Transition, a, dans une brève adresse à la nation, dans la nuit du mardi 17 août dernier, appelé à » l’unité d’action pour le sursaut national « . Selon lui, il faut » privilégier et cultiver l’inclusivité « .
8 août 2020 -18 août 2021. Il y a un an, le président IBK chutait à la suite du combat du M5-RFP « parachevé » par l’ex-Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP). Pour ce premier anniversaire, le Colonel Assimi Goïta, le chef de l’ex-junte devenu, depuis le 28 mai dernier, président de la Transition, après avoir mis Bah N’Daw et Moctar Ouane » hors de leurs prérogatives « , s’est adressé, mardi 17 août, à la Nation.
Au cours de cette seconde adresse à la Nation, après celle ayant suivi son investiture, il a véhiculé » un message de souvenir et d’espoir » sans évoquer les questions d’actualité. » Ce qui s’est produit le 18 août est un aboutissement. L’effondrement de l’État, survenu le 22 mars 2012, aurait dû être suivi d’un sursaut patriotique. En lieu et place, ce fut une gestion dont l’une des conséquences majeures fut la déliquescence de la gouvernance « , a déclaré le Colonel Assimi Goïta.
» Un chantier gigantesque «
Selon lui, » l’Armée nationale a pris sa responsabilité pour concrétiser le vœu populaire » de » rupture et changement « . Cela renvoie au combat du M5-RFP, qui a conduit, entre mai et août 2020, des rassemblements populaires pour « exiger la démission d’IBK et son régime « .
Cette coalition avait dû recourir à « la désobéissance civile « , occasionnant des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, avec un bilan de 14 morts et plus de 200 blessés (selon la MUNISMA), 23 personnes tuées (selon son comité stratégique). Après avoir été driblé, le mouvement et les militaires se sont retrouvés, à la suite du seconde coup de force – 25 mai 2021- avec Assimi Goïta à la présidence et Choguel Kokalla Maïga (ex-président du M5-RFP) à la Primature.
Le président de la Transition estime que » le 18 août est un nouveau départ « . » Un chantier gigantesque nous interpelle : comme l’a dit le poète, tout est à refaire, y compris l’homme, car, il s’agit de réussir ce à quoi tout le monde aspire : la Refondation de l’État « , a-t-il affirmé dans son adresse à la nation, ajoutant que des mesures, allant dans le sens de cette refondation, ont été menées.
Sans faire un point détaillé de actions menées après la chute d’IBK, il s’est réjoui de l’adoption par le Conseil National de Transition (CNT) d’un Programme d’action gouvernemental de 4 axes, déclinés en 9 objectifs, 64 actions et 108 indicateurs. » Avec son exécution, notre ambition consiste à nous sécuriser pour nous développer, nous doter de textes et d’institutions crédibles pour instaurer une gouvernance vertueuse, réussir des élections transparentes aux résultats incontestables, raffermir la cohésion nationale « , a décliné le Colonel Assimi Goïta, habillé, pour l’occasion, de son treillis d’officier supérieur.
» Inclusivité «
Pour l’atteinte de cet objectif, il invite à la mobilisation pour affronter les défis de l’heure, au-delà de tout esprit d’exclusion et de clivage. » Un mot a été mis à la mode ces derniers temps, le mot » inclusivité « . Il nous revient de le privilégier, de le cultiver « , a-t-il indiqué, précisant que » nul ne doit exclure les autres et personne ne doit se sentir exclu « . » Ce à quoi, solennellement, je convie, c’est l’unité d’action pour le sursaut national, au nom de la Refondation « , a-t-il insisté.
Son appel à l’inclusivité et au sursaut national intervient au moment où une grande partie de la classe politique craint une prorogation de la durée de la Transition. Le Cadre d’Echange des Regroupements et Partis politiques, composé de près de 80 partis politiques, maintient la pression pour le respect du délai imparti et annonce un mémorandum de ses propositions.
Réactions
Housseini Amion Guindo, président du Jigiya Kura, une plateforme membre dudit Cadre, fait remarquer que » le peuple attend toujours les promesses » ayant justifié » le coup de force contre la démocratie « . » À ce jour, rien de palpable ni de visible présageant un meilleur avenir pour le peuple, qui continue de souffrir. Il urge d’en sortir pour mieux envisager l’avenir « , a-t-il posté sur son compte Facebook.
La CMAS de l’Imam Mahmoud Dicko, membre du M5-RFP, regrette aussi le fait que » le même système de gestion demeure « , une année après la chute d’IBK. Dr. Oumar Mariko, une figure de la contestation, dénonce le fait que les revendications du peuple soient prises en otage par cinq Colonels et une partie du Comité stratégique du M5-RFP.
Moussa Sayon CAMARA
Source: l’Indépendant