A l’occasion de la Fête nationale de son pays, l’ambassadeur du Royaume d’Arabie Saoudite au Mali nous a accordé une grande interview dans laquelle il a accepté de nous parler de la symbolique de la Fête, de la Vision 2030, de la coopération entre Ryad et Bamako, notamment les acquis et les perspectives, et naturellement du Hajj-2018, du terrorisme et de l’engagement de son pays contre le fléau, entre autres sujets abordés. Entretien.
Aujourd’hui-Mali : L’Arabie Saoudite s’apprête à célébrer la fête du Trône. Pouvez-vous nous expliquer la symbolique de cette fête ?
- E. Masaud Ali Alorabi Alharthy : J’ai l’honneur d’adresser mes meilleurs vœux et mes félicitations au Serviteur des Deux Saintes Mosquées, le Roi Salman ben Abdel Aziz Al-Saoud et son Altesse Royale, Mohammed Ben Salman ben Abdel Aziz Al-Saoud, Prince-héritier, vice-président du Conseil des ministres et ministre de la Défense, à l’occasion de la commémoration du 88e anniversaire de la fête nationale du Royaume d’Arabie Saoudite, ainsi qu’à son peuple noble. Cette fête est célébrée le 23 septembre de chaque année, où le passé et le présent se rencontrent dans une communion de pensée entre citoyen et dirigeant. Ils célèbrent avec fierté la réunification de cette entité unique en son genre, fondée sur l’unité nationale, la sécurité, la stabilité, le progrès et le rayonnement, par les soins du Grand réunificateur, le regretté Roi Abdel Aziz Ben Abdelrahmane Al-Saoud, assisté de nos grands-parents.
Comment comptez-vous célébrer cet événement important au Mali ?
C’est un honneur pour l’Ambassade du Royaume d’Arabie Saoudite auprès de la République sœur du Mali de célébrer la Journée nationale du Royaume d’Arabie Saoudite, sur les instructions de M. le Ministre des Affaires étrangères, Adel Ben Ahmed Aljubeir, de mettre tous les moyens en œuvre pour organiser une réception digne de ce nom à l’Hôtel Sheraton. Sont conviés à cette réception, les dirigeants de ce pays frère, des personnalités politiques, sociales, religieuses, des opérateurs économiques, des hommes de la presse, des membres du corps diplomatique accrédités au Mali. Il faut souligner que les responsables maliens sont soucieux de s’associer pour partager la joie de leurs amis saoudiens à cette occasion.
Comment se portent aujourd’hui les relations entre l’Arabie Saoudite et la République du Mali ?
Les relations qui existent entre nos deux pays sont fraternelles, dans le cadre d’une religion musulmane du juste milieu, d’amour, de fraternité, de justice, de paix et cohabitation avec les autres. L’Arabie Saoudite et le Mali sont liés par des liens historiques qui remontent au 13e siècle. Ils se sont cristallisés avec l’indépendance du Mali le 22 septembre 1960, quand mon pays a été au nombre des premiers pays à reconnaitre cette souveraineté et à établir des relations diplomatiques le 29 octobre, soit seulement un mois après la proclamation de l’indépendance du Mali. Une preuve de l’excellence de ces relations à tous les niveaux. Mon pays est aussi soucieux de l’unité, l’intégrité et la souveraineté de la République sœur du Mali. C’est le lieu de souligner la visite historique effectuée par le Roi Faysal ben Abdel Aziz Al-Saoud en République du Mali en 1965 et dont les générations se souviennent encore.
L’Arabie Saoudite est un partenaire stratégique et historique du Mali dans tous les domaines, politique, sécuritaire, développement, humanitaire et éducation. Je m’en vais citer quelques réalisations de cette coopération, à titre d’exemples : la Mosquée Roi Faysal Ben Abdel Aziz de Bamako, les bourses d’études dans les universités saoudiennes accordées aux étudiants maliens, les manuscrits de Tombouctou, le développement de l’agriculture et les logements, le barrage de Sélingué, le barrage de Manantali, la route Sevaré-Gao, le développement des ressources animales, le bassin du fleuve Sénégal. La poursuite du financement des projets de développement, conformément aux procédures entre le Fonds saoudien de développement en abrégé FSD et les Autorités compétentes du Mali.
Depuis un certain temps, l’Arabie Saoudite appuie bon nombre d’Etats dont le Mali dans la lutte contre le terrorisme. Pouvez-vous nous expliquer davantage comment ce partenariat se concrétise-t-il sur le terrain ?
Le Royaume d’Arabie Saoudite fait partie des premiers pays qui ont déployé d’énormes efforts pour faire face au terrorisme à tous les niveaux. Elle a organisé des conférences à ce sujet et incité les autres pays à lutter contre ce phénomène sous toutes ses formes et adopté une attitude de fermeté face aux terroristes et les pays qui les soutiennent. Mon pays, tout comme le Mali, a souffert du terrorisme. Mais grâce à l’aide de Dieu et les frappes d’une poignée de fer de nos vaillantes forces qui ont mis en œuvre tous les moyens modernes et scientifiques contre ces terroristes, ils constituent toujours une menace pour la paix et la sécurité internationales. Le terrorisme n’a ni religion ni pays ni nationalité. Il cible le monde entier.
C’est pourquoi l’Arabie Saoudite a, de par sa responsabilité, procédé à la création de la Coalition islamique militaire de lutte contre le terrorisme qu’elle dirige et qui comprend 40 pays membres dont la République sœur du Mali, qui joue un rôle efficace et apprécie les efforts du Royaume d’Arabie Saoudite. Elle a également procédé, dans cette même lancée, à la création du Centre international de lutte contre la pensée extrémiste, basé à Riyad. Et quand le Mali a décidé avec ses voisins et partenaires de la création d’une Force conjointe du G5-Sahel (Mali, Mauritanie, Niger, Burkina Faso et Tchad) avec l’aval du Conseil de sécurité, l’Arabie Saoudite, de par son souci d’éradiquer ce cancer, singulièrement au Mali et dans la sous-région, a apporté la plus grande contribution de 100 millions d’euros, dans le but de renforcer la stabilité dans les pays du Sahel avec lesquels elle entretient des relations historiques.
Le nombre de pèlerins maliens invités par le Roi Salman a connu une hausse considérable cette année. Qu’est-ce qui explique cette attention à l’égard des fidèles musulmans au Mali ?
Le programme des invités du Serviteur des deux Saintes Mosquées, le Roi Salman ben Abdel Aziz Al-Saoud pour le Hajj et l’Oumra couvre des milliers de pèlerins chaque année venant de différents pays arabes et musulmans. Il vise à renforcer l’unité des musulmans et rentre en droite ligne des préoccupations envers l’Islam et les musulmans pour leur faciliter l’accomplissement du Hajj. Le peuple malien n’est pas en marge de ce programme car la part du Mali a atteint cette année 52 invités, toutes catégories confondues : invités du Roi, invités dans le cadre du Programme ou d’autres structures saoudiennes.
Quel bilan tirez-vous du Hajj 2018 ?
Par la grâce d’Allah, l’ensemble des moyens humains et matériels ont été mis en œuvre par le gouvernement saoudien au service de l’Islam et des musulmans particulièrement les pèlerins et visiteurs de la Mosquée du Prophète (paix et salut sur Lui), avec le suivi personnel du Serviteur des Deux Saintes Mosquées et de Son Prince-héritier son Altesse Royale, Mohammed Ben Salman ben Abdel Aziz Al-Saoud, vice-président du conseil des ministres et ministre de la Défense.
Ajouté cela aux efforts consentis par les structures publiques et privées participant à la fourniture des prestations aux pèlerins de cette année 2018 pour leur faciliter l’accomplissement des rites religieux. Ainsi, l’ensemble des forces agissantes, militaires et civiles, pour cette année, ont atteint 250 000 personnes, 32 000 médecins et praticiens, avec l’utilisation des moyens de haute technologie au service des pèlerins afin de rendre le Hajj smart. Le nombre de Pèlerins atteint 2 371 576 personnes.
Pour la campagne 2018 du Pèlerinage, l’Arabie Saoudite en partenariat avec le ministère des Affaires religieuses et du Culte avait annoncé des changements majeurs, pensez-vous que ceux-ci ont permis d’améliorer le Hajj ?
Il existe des rapports entre l’Ambassade et l’ensemble des départements ministériels du Mali, notamment le ministère des Affaires religieuses et du Culte, avec lequel nous avons une collaboration étroite et constante, surtout en période de la saison du Hajj, avec M. le ministre Thierno Amadou Omar Hass Diallo et entre la section consulaire de l’Ambassade ainsi que les responsables de son département. Quatre (4) appareils d’empreintes digitales et faciales ont été mis à leur disposition cette année, en plus de ceux installés au niveau du Bureau Tashil. J’ai été sensible à l’invitation que M. le Ministre Diallo a bien voulu m’adresser pour la cérémonie de sensibilisation des pèlerins maliens. Au cours de cette cérémonie, les intervenants ont salué les efforts du Royaume en faveur des pèlerins et l’excellente collaboration de l’Ambassade ainsi que ses efforts dans la délivrance des visas au jour le jour et même au-delà des heures de service. Ainsi, le nombre de visas délivrés par l’Ambassade a atteint (13 065) visas. Donc, la relation est stratégique et le partenariat constant avec M. le Ministre, au service des pèlerins maliens, qui joue un rôle important dans ce domaine. Donc, le hadj de cette année a été un succès franc.
Justement au-delà du Hajj, est-ce que vous avez un autre domaine de partenariat avec le ministère des Affaires religieuses et du Culte ?
Le ministère des Affaires religieuses et du Culte est un département important avec lequel on travaille au renforcement des relations à l’instar des autres ministères.
L’Arabie Saoudite, sous la houlette du Prince héritier, a enclenché d’énormes réformes à travers un Projet dénommé “Vision 2013”, pouvez-vous nous expliquer davantage les domaines concernés par ces réformes ?
La Vision 2030 est une dynamique du présent pour façonner l’avenir, dans le cadre d’une nation ambitieuse, sous les directives du Serviteur des deux Saintes Mosquées, le Roi Salman ben Abdel Aziz Al-Saoud, exécutées par son Altesse Royale, Mohammed Ben Salman ben Abdel Aziz Al-Saoud, Prince-héritier, vice-président du conseil des ministres et ministre de la Défense. C’est le plus grand projet stratégique intégrant tous les aspects de la vie économique et sociale. Il vise la restructuration de l’économie saoudienne en la diversifiant afin qu’elle ne repose plus sur le pétrole. L’Arabie Saoudite ambitionne d’être parmi les premiers pays du G-20. A travers cette vision, le gigantesque projet NEOM, d’une superficie de 26 500 km2 et d’un coût de plus de 500 milliards de dollars US, sera érigé dans une zone d’investissement commercial et industriel sur la côte nord-ouest de la mer Rouge et du golfe d’Aqaba. Le plus grand fonds d’investissement public y sera consacré. Cette vision comporte également d’autres projets non moins importants.
Le président IBK sera investi le 22 septembre pour un second mandat, beaucoup de personnalités seront au rendez-vous. Peut-on savoir si votre pays va envoyer une délégation ? Si oui, elle sera dirigée par qui ?
J’ai l’honneur de présenter les chaleureuses félicitations à Son Excellence El hadj Ibrahim Boubacar Kéïta, président de la République, pour sa brillante réélection pour un second mandat, et à l’occasion de la fête de l’indépendance de la République du Mali, qui précède d’un jour celle de l’Arabie Saoudite.
Mon pays a été parmi les premiers pays à féliciter Monsieur le Président pour cette victoire aux élections présidentielles. Monsieur le Président entretient de très bonnes relations avec son frère le Serviteur des Deux Saintes Mosquées, à l’image des relations historiques entre nos deux pays et fraternelles entre nos deux peuples. Monsieur le Président a effectué trois visites en Arabie Saoudite en un an, sur invitation de son frère, le Serviteur des Deux Saintes Mosquées. Cela prouve à suffisance que nos relations sont exemplaires.
Selon certaines indiscrétions, votre pays est en train de construire un bâtiment qui servira de cadre à sa représentation diplomatique à Bamako. Où est-il situé et quand sera-t-il réceptionné ?
Le Ministère des Affaires étrangères saoudien, sur les instructions de Monsieur le Ministre Adel Bin Ahmed Aljubeir, est soucieux du prestige des bâtiments abritant les chancelleries et les résidences, qui doivent être de très haut standing de modernité et d’architecture distinguée. Les bâtiments qui vont abriter celle de Bamako sont en chantier à l’ACI-2000, l’envergure de ce projet reflète l’importance du pays d’accueil. La réception se fera, s’il plait à Dieu, dans quelques mois.
Votre mot de la fin ?
Enfin, je voudrais remercier le Ministère des Affaires étrangères avec à sa tête Madame Kamissa Camara, ainsi que ses prédécesseurs et l’ensemble du personnel du Ministère pour la collaboration excellente avec l’Ambassade du Royaume d’Arabie Saoudite au Mali. Mes remerciements vont également aux medias, que ce soit l’Ortm ou la presse écrite. Singulièrement, l’hebdomadaire “Aujourd’hui-Mali” que dirige mon frère Aliou Badara Haïdara. Qu’Allah Le Tout-Puissant accorde la sécurité, la stabilité, le progrès et le rayonnement dans tous les domaines à la République sœur du Mali.
Réalisé par El Hadj ALIOU BADRA HAIDARA
Source: Aujourd’hui-Mal