Chargé de l’affaire depuis six ans, le juge Tournaire s’entête à trouver des preuves du financement de la campagne. Sans succès, rapporte le « JDD ».
Le juge Serge Tournaire, chargé de l’enquête sur le financement présumé de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy de 2007 par la Libye, est sous pression. Il cherche des preuves de ces allégations avant de quitter le pôle financier du tribunal de grande instance de Paris pour prendre de nouvelles fonctions au tribunal de Nanterre, le mois prochain. « Il est allé trop loin pour reculer ou pour laisser d’autres juges terminer l’instruction à sa place », confie une source proche du dossier au Journal du dimanche.
Le juge, qui ne veut pas discréditer son enquête, manque cependant toujours de preuves concrètes qui viendraient corroborer les témoignages dont il dispose, parfois contradictoires. Pour avancer, il a donc demandé des pièces issues des archives du temps de Kadhafi au parquet de Tripoli. Prétendument détruites, selon d’anciens dignitaires du régime, des archives sont pourtant toujours consignées au ministère des Affaires étrangères. Problème : il n’y a toujours aucune preuve d’un quelconque financement.
Un rapprochement entre Kadhafi et Sarkozy consigné
Des archives datant de 2007 ont ainsi été retrouvées dans le « bureau des affaires secrètes », poursuit Le Journal du dimanche. Messages de Claude Guéant, le secrétaire général de l’Élysée, voyages en Libye… On y trouve bien consigné le rapprochement entre Khadafi et Sarkozy, avant et après l’élection du président français.
Mais les versements, eux, sont toujours aux abonnés absents. Seuls indices, la mention par Nicolas Sarkozy qu’il compte maintenir ses « engagements envers la partie libyenne » ou la réponse de Kadhafi qui évoque « des pourparlers utiles ».
Des versements impossibles à faire correspondre
Du côté des finances de Ziad Takieddine, chou blanc aussi. L’homme aurait servi d’intermédiaire et affirme avoir livré de l’argent à Nicolas Sarkozy. Mais, selon les relevés de ses comptes bancaires à Genève, à Zurich ou encore à Beyrouth, les versements ne correspondent pas. Son récit ne colle pas non plus avec la version de celui qu’il désigne comme étant son commanditaire, Abdallah Senoussi, le beau-frère et homme de confiance de Kadhafi.
Selon l’analyse des comptes de Takieddine, il aurait utilisé les 6,2 millions d’euros pour des dépenses personnelles ou pour alimenter des sociétés offshore, entre 2006 et 2007, décortique Le Journal du dimanche. En fin de compte, aucun des versements ne correpond à ce qu’a affirmé l’homme d’affaires.
Parole contre parole
Quant à Senoussi, il affirme n’avoir « jamais donné de liquide à Ziad Takieddine », mais que ce dernier demandait « de plus en plus d’argent pour Sarkozy ». L’homme d’affaires était aussi le seul à lui confirmer si l’argent avait été livré, selon ses dires.
Le Point.fr