Adopter un enfant, c’est lui permettre de se construire une nouvelle vie au sein d’une famille permanente. C’est aussi lui permettre de grandir dans une atmosphère d’amour, de sérénité et de sécurité. Ces deux possibilités peuvent être offertes à l’enfant tant sur son sol natal qu’en “terre étrangère”.
Cependant, l’entrée en vigueur effective de la loi n° 2011-087 du 30 décembre 2011, portant Code des personnes et de la famille dans notre pays a en effet sonné le glas pour de nombreuses familles étrangères en attente d’adoption. L’article 540 du texte prévoit que désormais seuls les couples ou les personnes célibataires de nationalité malienne n’ayant ni enfant, ni descendant légitime, et âgés d’au moins de 30 ans, sont autorisés à adopter un enfant malien par la voie de l’adoption filiation. Cette restriction fait naitre dans son application des difficultés. Car l’article qui limite l’adoption internationale aux seuls ressortissants maliens résidant à l’étranger aurait dû être accompagné de dispositions destinées à aider à la prise en charge des enfants orphelins ou abandonnés, dont le nombre croissant menace aujourd’hui d’engorger les orphelinats. Par ailleurs, il faut prendre en compte le fait que de nombreux établissements recueillant les enfants survivaient grâce aux dons des familles adoptantes. Car l’aide sociale, fournie par l’Etat, ne suffit pas à elle seule pour prendre en charge ces enfants. On peut donc s’interroger sur le destin des nourrissons désormais en surpopulation dans les différentes pouponnières.
La question qu’on se pose est : les maliens adoptent-ils vraiment sans lignée?
En effet, il y a deux sortes d’adoptions : l’adoption protection (ou simple) et l’adoption filiation (ou plénière). Dans le premier cas, l’adopté continue d’appartenir à sa famille d’origine. Il ne perd aucune attache avec cette dernière. Il garde ses attributs (son nom de famille) et par conséquent, il ne peut hériter de l’adoptant sauf si ce dernier décide de lui léguer une part de son héritage. En plus, il est possible de mettre fin à l’adoption à tout moment.
Par contre, dans le cadre de l’adoption filiation, l’enfant qui le plus souvent est soit abandonné, soit de parent inconnu prend le nom de l’adoptant. Ce dernier a l’obligation de le nourrir, de l’éduquer, de l’entretenir et de l’habiller. Dans ce cas, l’adopté hérite de l’adoptant et ce type d’adoption est irrévocable.
Dans le droit positif Malien, l’adoption a lieu d’abord sur présentation d’une requête adressée au Président du tribunal du domicile des adoptants ou des futurs adoptés selon qu’il s’agisse d’une adoption sollicitée par des Maliens ou des non Maliens.
En plus de ces formalités administratives qui ont un coût, cette forme d’adoption peut concerner n’importe quel enfant remplissant les conditions dans le Code de la Parenté.
Par contre, pour le paysan évoluant dans un milieu traditionnel, la justice est perçue comme ne remplissant pas pleinement son rôle.
Ainsi aux yeux du monde rural, la justice paraît lente, chère et difficile d’accès. Le coût de la justice exclut les pauvres qui ne sont pas en mesure de payer des frais de procédure élevés, encore moins d’avoir recours au service d’un avocat.
C’est pourquoi, dans le droit traditionnel, la famille qui a une conception communautaire de l’adoption, l’enfant est tout simplement remis par sa famille en l’adoptant qui, lui-même, n’existe que sur la base des intérêts de la famille, du groupe.
Dans la société traditionnelle Malienne, n’importe quel enfant n’est pas donné à n’importe qui en adoption.
L’adoption a toujours lieu entre membres d’une même famille en général, les raisons sont nombreuses, parmi lesquelles : offrir un enfant à un parent ou allié qui est stérile et ceci pour lui témoigner son amour, Faire la même chose pour une nouvelle mariée dans une contrée très éloignée, ceci pour lui éviter la nostalgie des siens, Donner un de ses enfants à un ami de longue date pour lui témoigner toute sa fidélité etc.…
Partant de ces constats, on se rend compte que si on laisse la porte fermée à l’adoption internationale, beaucoup d’enfants se retrouveront en situation difficile. C’est pourquoi, il est opportun, sinon impératif qu’on procède à une relecture de la loi en ce qui concerne l’adoption filiation au profit des non Maliens afin de garantir l’intérêt supérieur de l’enfant.
AFANOU KADIA DOUMBIA, stagiaire
Malijet