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La version de senghor

Le président SEGHOR donne sa lecture des évènements qui ont conduit à l’éclatement de la Fédération du Mali à un journaliste français, Philipe Decraene de Le Monde :

A la question si l’éclatement du Mali ne risque pas d’apparaître aux yeux d’hommes tels que le docteur Nkrumah comme l’échec des panafricanistes d’expression française, le leader sénégalais ne peut retenir un sourire amusé, et réplique : « Le panafricanisme est sans épithète. Ce dont il s’agit, c’est de favoriser le regroupement, dans le cadre de la Communauté, des États africains d’expression française, loin d’y faire obstacle, l’éclatement du Mali pourrait au contraire y aider. En effet, la crise malienne indique peut-être que nous avons voulu aller trop vile, en ne tenant pas assez compte de ces réalités que constituent les micro-nationalismes. «
Sur les causes profondes de la rupture, Senghor est catégorique : « La querelle pour le poste de président de la République fédérale était d’autant plus dépassée à nos yeux que c’est en fait le chef du gouvernement qui défie la réalité du pouvoir. « Et d’ajouter, avec une nuance d’humour : « Voyez Lumumba ! «
Choqué, comme l’ensemble de ses collègues sénégalais, de ce que les Soudanais aient oublié les termes de l’accord selon lequel la présidence de la Fédération devait revenir à un Sénégalais, le leader de l’Union progressiste sénégalaise ajoute : « Encore que les ambitions personnelles y aient joué un rôle, les causes de la crise sont plus profondes. Elles tiennent à des divergences idéologiques, et même sociologiques. Le président du gouvernement malien se comportait de plus en plus en chef d’État unitaire, et violait ainsi sans hésitation la Constitution fédérale. C’est ainsi que la destitution de Mamadou Dia et la nomination du colonel SOUMARE au poste de chef de l’état-major constituaient une violation formelle du texte constitutionnel. «
A ce sujet, l’animateur de l’U.P.S. assure que le « coup de force « était prémédité : « Notre collègue soudanais Tidjani TRAORE ne s’en cachait pas, menaçant de faire fusiller les leaders sénégalais qui ne s’aligneraient pas… Ce qui nous a mis en état d’alerte, ce sont deux messages envoyés par le colonel SOUMARE aux commandants des compagnies maliennes stationnées hors de Dakar, auxquelles il donnait l’ordre de marcher sur la capitale malienne, cela à l’insu de son supérieur hiérarchique, Mamadou Dia, ministre de la Défense. C’est ce qui nous incita à lancer à notre tour un appel à nos milices populaires pour résister au « coup de force. «

« Ne pas mêler Sékou Touré à cette affaire «
Senghor ne pense pas que le Parti africain de l’indépendance, mis hors la loi quelques jours plus tôt à la suite des incidents de Saint-Louis, ait trempé dans le complot soudanais.
De même, interrogé sur le rôle éventuel de la Guinée, il répond sans hésiter : « Je crois sincèrement qu’il ne faut pas mêler le président Sékou TOURE à cette affaire. « Et il relève que la radio guinéenne a donné un film très objectif du déroulement des événements de la semaine dernière.
Le séjour de trois jours effectué officieusement à Conakry, une semaine avant le coup d’État, par l’énigmatique Madeira Keita, ministre soudanais de l’Intérieur, le plus proche collaborateur de Modibo KEITA, n’en reste pas moins troublant.
Trop habile pour le dire catégoriquement, celui qui fut en quelque sorte l’» inventeur « du Mali semble estimer que si le Sénégal a fait en faveur de l’indépendance une option plus judicieuse que celle de la Côte-d’Ivoire, en revanche ce dernier pays a fait un choix mieux adapté aux réalités en ce qui concerne l’association avec ses voisins. Et, catégorique : « Le Mali ne peut plus se reconstituer, du moins sous la forme d’une fédération. En effet, les Sénégalais ont réellement l’impression de n’avoir conquis leur indépendance que depuis ce 20 août. «
Senghor évoque enfin la possibilité d’un regroupement des États de l’ancienne A.O.F. en une confédération, mais il est clair qu’en ce qui concerne un tel projet, le rôle de Houphouët-Boigny sera plus déterminant que celui des leaders sénégalais.

Source : INFO-MATIN

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