Fumer la chicha présenterait des risques pour la santé et pourrait inciter à consommer du cannabis, affirme la Société canadienne du cancer de la Saskatchewan. Elle demande au gouvernement provincial d’interdire les bars à chicha sur son territoire.
Les bars à chicha sont autorisés en Saskatchewan, à condition qu’ils n’utilisent que des produits à base d’herbe ne contenant pas de tabac. Une position réaffirmée par le ministère provincial de la Santé, qui atteste que « comme la chicha [utilise] un produit dérivé d’herbes, ça ne correspond pas à la définition de tabac selon la loi ».
Cependant, une étude de 2011 menée sur 20 bars d’Ottawa qui affirmaient fournir des produits à base d’herbe montre que 95 % d’entre eux vendaient en réalité des produits contenant du tabac, affirme la Société canadienne du cancer.
Ils produisent des substances dangereuses et cancérogènes et nous militons depuis des années pour que les pipes à eau ne soient pas autorisées.
Pour Donna Pasiechnik, de la Société canadienne du cancer, n’y a pas de raison d’autoriser l’exploitation de bars à chicha, étant donné qu’il est déjà interdit de fumer à l’intérieur et à l’extérieur des endroits publics.
La Société canadienne du cancer dénonce aussi la mauvaise qualité de l’air dans les bars à chicha. Elle soutient que respirer les fumées émanant des narguilés est dangereux pour la santé des employeurs et des employés.
Du cannabis dans les narguilés
Autre inquiétude, il serait également à craindre que des clients fument de l’huile de cannabis parfumée pour masquer les odeurs, avance Donna Pasiechnik.
Nous félicitons le gouvernement d’avoir banni les salons où vapoter et fumer du cannabis, mais nous affirmons qu’autoriser les bars à chicha va créer un problème là où les gens peuvent potentiellement fumer du cannabis et du tabac.
Le gérant du bar à tapas La Bodega de Regina, Keenan Pacheco, organise des soirées chicha chaque mercredi d’été sur le patio de son établissement, et il affirme ne jamais avoir été confronté à des gens fumant du cannabis dans les narguilés.
Selon lui, il serait compliqué de mettre du cannabis dans une pipe à eau sans se faire remarquer, au point que cela n’en vaille pas l’effort. De plus, il affirme que l’odeur du cannabis reste détectable quand il est fumé à partir d’un narguilé.
Il s’agit d’être attentif à la santé des clients et savoir qui peut être dans le bar et qui ne devait pas y être.
Comme pour les cas de clients ivres ou au comportement ne répondant pas à l’étiquette de son établissement, le chef principal affirme que son personnel serait à même de prendre en charge les personnes fumant du cannabis dans son bar.
Keenan Pacheco admet cependant que « comme tout produit qui se fume la chicha est cancérogène ».
Malgré la demande de la Société canadienne du cancer, le ministère de la Santé confirme qu’il ne prévoit pas de renforcer la réglementation des bars à chicha en Saskatchewan.
Une tradition ancestrale
Les pipes à eau datent de plusieurs siècles, et les premières traces de leur utilisation ont été trouvées en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique. Elles servent à fumer un mélange composé de tabac ou d’herbe, associé à de la mélasse, de la glycérine ou du miel. Le tout est parfumé à l’aide d’arômes.
On voulait juste un événement culturel différent et nous pensions juste que ce serait tendance et unique et différent et que ça amènerait une population différente.
Dans les cultures arabo-musulmanes, fumer la chicha est un prétexte au rassemblement et à la convivialité.
Les bars à chicha sont interdits dans cinq provinces du Canada.