L’Assemblée générale de l’Onu, composée des 193 pays, a suspendu la Russie de son siège au Conseil des droits de l’homme.
L’adoption de cette résolution initiée par les Etats-Unis est qualifiée d’historique. Car c’est la deuxième fois depuis la création du Conseil des droits de l’homme en 2006 qu’un Etat membre est ainsi suspendu,après la Libye en 2011. Parmi les pays qui ont voté contre, il y a la Chine, l’Iran, le Kazakhstan, Cuba et sur le continent africain : le Mali et la République centrafricaine.
“Cela s’explique tout simplement par l’appel aurespect des principes que nous-mêmes exigeons, notamment les principesjuridiques. Je pense que pour arriver à une suspension, il faut que cela soitdécidé sur la base d’un rapport qui soit argumenté, apprécié par tous les Etats membres pour leur permettre de prendre une décision sur une situation et unsujet très sensible, un sujet délicat qui concerne le monde. Le Conseil desdroits de l’homme doit pouvoir aussi être disposé, disponible à entendre toutesles parties à des différents pour être en capacité de mieux juger”,justifie Sylvie Baïpo-Temon, ministre des Affaires étrangères centrafricaine.
Incompréhension
Cependant, le positionnement diplomatique de Bangui n’est pas apprécié par tous les centrafricains. C’est le cas de Jean- François Akandji-Kombé, professeur de droit public à l’Ecole de droit de la Sorbonne à Paris.
“Quel est l’intérêt pour notre pays de voter pour ou contre ou des’abstenir ? Il ne s’agit pas simplement de s’aligner derrière une puissanceparce qu’il y a des relations particulières. Et encore, ces relationsparticulières en République centrafricaine n’ont pas lieu avec l’Etat de Russie, mais avec une société militaire privée. Je me demande si l’Etat centrafricain accepterait qu’un de ses voisins porte atteinte à son intégrité territoriale dela même manière que la Russie a porté atteinte à l’intégrité territoriale del’Ukraine”, déclare à la DW, Jean-François Akandji-Kombé.
Le Brésil, le Mexique et l’Inde, tous trois membresnon-permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, ont adopté la mêmeposition abstentionniste. Le Chili a en revanche voté pour.
Depuis Bruxelles où il participe à une réunion de l’Otan, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a affirmé qu’un “pays qui commet des violations flagrantes etsystématiques des droits humains ne devrait pas siéger au sein d’une instancedont la mission est de protéger ces droits”. “Aujourd’hui, un tort a été corrigé”, a ajouté le secrétaire d’Etat.
Le président russe Vladimir Poutine
La Russie est accusée de crimes de guerre et d’exactions contre les civils dans les zones ukrainiennes qu’elle a occupées,comme à Boutcha. Cela a précipité la démarche de Washington de la faire suspendre du Conseil des droits de l’homme.
Moscou est membre par intermittence depuis 2006 du Conseil car deux mandats d’affilée seulement sont autorisés pour ses membres.Son mandat actuel expirait en 2023. L’Ukraine fait partie des membres actuels du Conseil.
La Russie est membre de cet organe intergouvernemental du système des Nations unies depuis 2006 et son mandat devait expirer en 2023. Composé de 47 États membres, élus par l’Assemblée générale des Nations unies, le Conseil a pour mission de renforcer la promotion et la protection des droits de l’homme dans le monde.
Source: DW