Une délégation malienne reçue à Moscou en pleine guerre… L’image peut paraître étonnante.
“Nous voudrions exprimer notre gratitude pour l’efficacité avec laquelle la Russie a répondu à nos demandes, déclare Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires étrangères, pour pouvoir acheter des équipements militaires russes livrés dans des temps records.”
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, lui, dénonce la “mentalité coloniale” de Paris et de l’Europe au Mali
“Le mécontentement des collègues français suite à l’aide des forces de sécurité étrangères n’est rien d’autre qu’une récidive de mentalité coloniale dont les Européens auraient dû s’être débarrassés depuis longtemps”, a-t-il déclaré.
Un rapprochement étonnant entre les deux pays alors que la Russie fait toujours la guerre à ses frontières.
“Pendant que la Russie bombarde l’Ukraine, et donc, d’une certaine façon, pendant que le Kremlin s’accroche à essayer de restaurer son empire continental, Moscou joue la carte discursive du soutien à la lutte anticoloniale sur le continent africain”, analyse Aude Merlin, chargée de cours en sciences politiques à l’Université libre de Bruxelles.
D’un côté, la France a retiré ses troupes du pays dans un contexte sécuritaire dégradé et sur fond de tensions avec la junte militaire au pouvoir. De l’autre, la Russie serait présente au Mali via la société Wagner, un groupe paramilitaire privé russe, considéré comme un bras armé du Kremlin.
Diffuser un sentiment “anti-français”, s’implanter dans le pays, promettre du blé et former l’armée tout en lorgnant sur les matières premières. Ce pourrait bien être quelques-unes des explications de la présence russe au Mali.