Bordé au sud par les plateaux gréseux de San et de Bandiagara et partageant au nord les plaines inondables du majestueux fleuve Niger, le Bani est reconnu par les spécialistes comme étant le facteur X des inondations dans la Région de Mopti. Il y approvisionne dans la Mésopotamie ou la zone de l’inter fleuve les mares et lacs par des méandres et chenaux au fond libre contrairement à l’aval du Débo dont l’alimentation est gouvernée par des seuils.
Ici d’ordinaire, l’alternance des états secs et inondés régit l’utilisation des terres entre les éleveurs de bétail, la riziculture et la pêche. Cependant, au cours des quatre dernières décennies, plusieurs problèmes ont évolué conduisant à la dégradation des conditions de vie dues entre autres:
- aux changements d’utilisation des espaces et des terres
- au pâturage intensif
- à la déforestation inconsidérée
- A la pêche excessive
Bien que ça soient des accords officiels qui déterminent la date et la zone de retour du bétail, les décrues précoces incitent à un retour plutôt que d’ordinaire. Les règles traditionnelles facilitant la coopération entre agriculteurs et éleveurs deviennent de plus en plus difficiles à faire respecter pour gérer une concurrence accrue sur la terre et l’eau.
Face à ce tableau apocalyptique, toutes les ressources humaines et matérielles ne seront pas de trop à être mobilisées à l’instar de la chaîne de solidarité instituées en 2022 dans le Cercle de Djenné. Les associations de ressortissants de la zone et toutes les bonnes volontés en coordination avec les autorités devront corriger les ratés de la précédente crue.
Espérons par ailleurs que des dispositions soient prises pour d’une part documenter l’ensemble des informations recueillies pendant ces crues et celles antérieures et d’autre part qu’un système soit mis en place pour numériser et centraliser ces dernières. Il y va de la pérennisation de notre capacité de riposte aujourd’hui et demain. /.
Bocary Traoré dit Bayo
Ingénieur géophysicien
Source : Le Républicain