Construite en 1948, la préfecture de San est, actuellement, dans un état de dégradation avancée. Les bureaux sont envahis par les chauves-souris, dont l’odeur des excréments devient de plus en plus insupportable pour le personnel. Alors que les archives et d’autres documents importants sont en souffrance sous le poids des déjections, le préfet Amadou Dicko alerte sur l’urgence de rénover les bâtiments.
la préfecture de San, le premier constat d’un visiteur demeure la puanteur des locaux. Et ce n’est pas la ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement Durable qui dira le contraire. Lors d’une mission dans la localité, la semaine dernière, Bernadette Kéita avait rendu une visite de courtoisie au préfet de San, Amadou Dicko. Et son premier contact avec les lieux fut proche de la répulsion. Ce qui lui fit dire » Effectivement ça sent ici « .
En effet, à cause de l’invasion des différents bureaux de la préfecture par les chauves-souris, le personnel et les documents administratifs baignent dans une atmosphère glauque. Ces mammifères ailés, au cours de leurs sarabandesautour des toits et des plafonds, arrosent de leurs déjections tout ce qui constitue l’environnement professionnel de la préfecture, laissant flotter des senteurs tellement nauséabondes que la meilleure sélection des plus grands parfums ne suffirait à dissiper.
Le préfet Amadou Dickodépeint ainsi le calvaire du personnel : « Le matin, quand on vient au service, on ne peut pas y accéder directement. Les plantons balaient d’abord les bureaux et ouvrent toutes les fenêtres et portes pendant des heures pour faire disparaitre les odeurs nauséabondes.Des fois, la puanteur est si forte qu’on ne peut pas travailler.L’atmosphère est tellement imprégnéeque le personnel commence à développer des allergies. J’ai moi-même subi, récemment, une opération suite à une infection causée par les chauves-souris. Aussi, San est un vieux cercle du Mali où les archives sont en train de pourrir sous les déjections des chauves-souris ».
Des maladies transmissibles à l’homme
Selon une source médicale, » la salive de la chauve-souris peut effectivement contenir le virus de la rage, une maladie incurable transmissible à l’humain « . Notre source a ajouté que l’histoplasmose est une autre maladie que la chauve-souris peut transmettre à l’homme via ses excréments. » Les excréments des chauves-souris contiennent souvent des champignons microscopiques responsables de cette maladie chez l’humain. Le risque d’attraper l’histoplasmose est élevé dans les endroits où il y a de grandes quantités d’excréments de chauve-souris. C’est une infection qui s’attaque généralement aux poumons, mais affecte aussi d’autres parties du corps, comme les yeux, le foie, le système nerveux central, la peau… », a-t-elle précisé.
En tout cas, pour le préfet de San, il urge de rénover les bâtiments. » Depuis notre arrivée, en 2018, nous n’avons pas cessé de signaler ce problème. Certes, ces bâtiments de 1948 sont vieux, mais ils tiennent encore. A défaut d’une rénovation totale, il faut une correction absolue au niveau de la toiture. En d’autres termes, remplacer les tôles par des dalles. La brigade de la gendarmerie de San avait le même problème. Depuis l’installation de sa couverture en dalle, les chauves-souris ont déserté les lieux « , a-t-il souligné.
Les plus hautes autorités de la transition interpellées
Avant d’ajouter : » avec le régime déchu, on nous avait notifié que, courant le premier semestre de 2020,la reconstruction de notre préfecture allait démarrer. Et, malchance, il y a eu l’apparition de la covid-19 et d’autres problèmes sont venus s’y greffer. Nous espérons qu’avec les autorités de la transition, nos bâtiments seront enfin rénovés ».
Pour sortir de cette impasse, l’administrateur civil compte notamment sur le président de la Transition, Bah N’Daw et son Vice-président, Assimi Goïta. Les deux hommes d’Etat sont natifs du cercle de San, qui est aujourd’hui la 18è Région du Mali, suivant la loi n°017-2012 du 31 Janvier 2012 portant création de 11 nouvelles régions.
Sory Ibrahima COULIBALY/ De retour de San
Source: l’Indépendant