Le président français réunit ses homologues des cinq pays du G5 Sahel dans le sud-ouest de la France. Emmanuel Macron attend d’eux une clarification de leur position par rapport à l’intervention militaire de la France.
Face à la multiplication des attaques djihadistes au Sahel, Emmanuel Macron réunit ce lundi (13.01.2020) ses homologues de cinq pays de la région du Sahel pour renforcer la légitimité contestée de la présence militaire française dans cette partie du continent africain.
« On reconnaît que jusqu’à présent, les opérations militaires du G5 Sahel avec Barkhane et l’Onu avec la Minusma (mission de stabilisation de l’ONU au Mali, ndlr) n’arrivent pas à maîtriser la situation sécuritaire. Donc le sommet de Pau doit consacrer une nouvelle approche. Le problème doit être traité de plus près », a déclaré Paul Melly, expert de l’Afrique de l’Ouest à l’institut Chatham House de Londres.
Selon l’Elysée, Paris veut avant tout obtenir une déclaration commune des cinq pays qui soulignera que la France agit à la demande de ses dirigeants, afin de « relégitimer » sa présence dans le Sahel.
« Il faut tout d’abord obtenir des responsables politiques une position nette sur ce qu’ils souhaitent ou pas », a déclaré samedi, la ministre française des Armées Florence Parly.
Efficacité du sommet
Des opérations militaires ont été lancées depuis plusieurs mois et n’ont pas permis de venir à bout des djihadistes. C’est pourquoi, des analystes estiment que ce n’est pas une réunion de quelques heures à Pau qui pourrait permettre d’endiguer le terrorisme dans le Sahel.
Des spécialistes de la région comme Hassane Koné, chercheur à l’institut d’études et de sécurité (ISS), appellent ainsi à investir dans la zone et à une meilleure implication des populations.
« Beaucoup de gens ne sont pas engagés pour des motivations idéologiques ou des motifs religieux. Il va sans dire que toute stratégie qui va s’appuyer sur une approche impliquant les populations, qui va amener les populations à aider les forces de sécurité sera une stratégie payante », explique Hassane Koné pour qui « on ne peut pas rester purement sur l’option militaire ».
Gerbe de fleurs
Avant le début du sommet, le président français se rendra sur la base du 5ème régiment d’hélicoptères de combat de Pau, dont étaient originaires sept des 13 soldats français tués en opérations au Mali en novembre 2020. Il y déposera une gerbe de fleurs en leur mémoire en compagnie de ses homologues.
Stratégie militaire
En plus de son volet politique, le sommet de Pau vise aussi à revoir la stratégie militaire de la France contre les djihadistes. Paris va aussi en profiter pour appeler à une participation accrue de ses alliés internationaux, surtout européens.
Pour sa part, le président nigérien Mahamadou Issoufou souhaiterait lancer à Pau « un appel à la solidarité internationale » pour que le Sahel et la France « ne soient pas seuls dans ce combat » contre la menace djihadiste.
La France envisage par ailleurs de mettre sur pied une opération baptisée « Tacouba », réunissant des forces spéciales d’une dizaine de pays européens.
Critiques contre la présence militaire de la France
À l’origine de la convocation de cette rencontre de Pau, les critiques des opinions publiques africaines contre la présence des 4.500 soldats français de la force Barkhane et des déclarations jugées ambiguës de certains de leurs ministres. Les ressentiments contre la présence militaire française se développent en particulier au Mali, où un millier de personnes ont encore manifesté vendredi (10.01.2020) à Bamako pour réclamer le départ des troupes françaises et étrangères.
C’est pourquoi, Emmanuel Macron avait averti qu’il mettrait toutes les options sur la table, y compris celle d’un retrait ou d’une diminution de l’effectif de la force Barkhane.
Sources de financement
De son côté, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Mohamed IbnChambas, a appelé à bloquer les sources de financement des réseaux criminels et terroristes.
« Les attaques terroristes sont aussi des actions délibérées des extrémistes violents pour capturer les biens et s’accaparer des mines artisanales », a affirmé Chambas.
Le sommet de Pau se tient quelques jours après la sanglante attaque contre le camp militaire de Chinégodar au Niger, situé près de la frontière avec le Mali, et qui a causé la mort de 89 soldats Nigériens d’après le dernier bilan officiel.
Outre les présidents du G5 Sahel (Tchad, Niger, Burkina Faso, Mali, Mauritanie), le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, le président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat et le président du Conseil européen, Charles Michel sont également attendus à Pau.
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