Pour la refondation du Mali, l’éducation semble être l’une des priorités des autorités de la transition. Ainsi, l’éducation de base de qualité pour tous les enfants du Mali est l’objectif principal du ministère de l’Éducation nationale. Lors d’un entretien qu’elle a récemment accordé à l’ORTM, la ministre Mme Sidibé Dédéou Ousmane s’est exprimée sur ses rapports avec les syndicats des enseignants, la tenue des examens de fin d’année, le contrôle physique effectué cette année dans les écoles privées….
Comparativement à l’année passée, les élèves et leurs parents ont assisté à moins de perturbations cette année. Avec les sanctions de la CEDEAO, les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 ont sursis à tous leurs mouvements de grève. Un acte qui, selon la ministre Dédéou Ousmane, est salué et d’ailleurs apprécié par tous les Maliens. D’après elle, l’école est le vivier. C’est à partir d’elle que les futurs ministres et cadres du pays sont formés. Partant de ce fait, l’éducation spéciale ne peut en aucun cas être laissée pour compte. « Nous prenons les enfants de trois (3) jusqu’au baccalauréat. L’éducation de base est très importante. Tout part de là. D’où la très lourde charge qui constitue les missions du département de l’Éducation nationale », exprime-t-elle. La ministre met l’occasion à profit pour soutenir : « Ce n’est pas de gaieté de cœur que nous assistons tous les ans à des années perturbées. À force de persévérance et d’innovation, Dieu a fait qu’on a pu passer les examens, l’année dernière. Et cette année Dieu merci. Avec malheureusement les sanctions de la CEDEAO et l’agression de notre pays, les enseignants, en toute responsabilité, ont décidé de suspendre leurs mouvements de grève ». Cela, dit-elle, est à leur actif. « C’est un acte hautement patriotique qui est salué depuis le Président de la transition, de la Primature jusqu’au citoyen lambda », a-t-elle confié. Ce geste syndical reste une situation appréciée de tout le Mali et même de l’extérieur.
La sage décision des enseignants s’est soldée par une accalmie le déroulement normal des cours. En tout état de cause, Mme Sidibé Dédéou affirme : « Nous sommes en phase de dire que l’année scolaire se déroule normalement ». Courant cette année scolaire, les examens se dérouleront conformément au calendrier affiché, et la date de la rentrée prochaine est fixée au 1er octobre. Avec l’adhésion des acteurs du monde scolaire, la ministre souligne vouloir officiellement commencer les cours de l’année prochaine à partir du 1er octobre. Quant à la reprise d’un éventuel bras de fer entre les syndicalistes et le Gouvernement, Mme Sidibé semble ne pas être trop inquiète. « Je ne pense pas qu’il y aura une reprise des hostilités, parce que nous avons à faire à des enseignants. Un enseignant, ce n’est pas n’importe qui. Je sais qu’ils ont conscience de leur apport pour la réussite de l’éducation de nos enfants », a-t-elle avoué. Aussi, poursuit-elle, « j’ai bon espoir. Parce que le gouvernement reste disponible et ouvert au dialogue social. On est, jusqu’ici, en train de poser des actes qui vont dans le sens de pérenniser et de sauvegarder le climat social ».
La cheffe du département a, par ailleurs, reconnu que l’article 39 a été obtenu suite à de nombreux combattants syndicalistes des enseignants. À ses dires, le Mali est en train d’aller vers une refondation du système éducatif. Lors de cet entretien, il était aussi question de la fuite des sujets des examens. Un fait réel qui, selon la ministre, mérite des solutions urgentes. « C’est un défi majeur qu’il faut relever. La fraude, la fuite du sujet et les faux sujets. Pour les examens de l’année dernière, rappelle-t-elle, des responsables d’école ont été condamnés pour fuite de sujets et fraude. Cette année, des séances de formations et des sensibilisations destinées à éviter toute fuite ont été faites par le gouvernement. Des dispositions sont également prises pour contrecarrer la fuite des sujets. Aux dires de la responsable, les enseignants n’ont pas le droit de retenir les notes des élèves ou de fermer les infrastructures scolaires. Les programmes scolaires de cette année seront, à ses dires, épuisés d’ici la date des examens. La ministre annonce avoir découvert que l’état de certaines écoles était, au moment où elle prenait fonctions, « abominable ». D’où la prise de l’initiative de réhabiliter 2000 classes à travers le pays par le gouvernement. Les travaux de cette réhabilitation avancent. Il ne reste que six (6) académies, pour lesquelles des fonds sont en train d’être cherchés, l’a-t-elle argué. À cela s’ajoute la construction de 54 cantines scolaires, de juin 2021 à ce mois de mai 2022. Quant à la situation des écoles privées du Mali, Mme Sidibé martelait ceci : « Les résultats sont là, en termes d’écoles privées dont les promoteurs demeurent nos partenaires privilégiés aujourd’hui. Le fait qu’on ait institué le contrôle physique cette année dans les écoles privées, ça nous a permis de déceler les effectifs fictifs. Et les chiffres sont effrayants. L’État est obligé de jouer son rôle de contrôle et de suivi. Les écoles privées sont des écoles qui coûtent très chères au budget national ».
Mamadou Diarra