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A la loupe : Rapprochement dangereux

 

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D’abord prévues pour début janvier, les négociations inter-maliennes sont annoncées pour le 08 février, toujours à Alger, et sous l’œil compatissant mais intéressé de la communauté internationale. D’abord prévues pour début janvier, les négociations inter-maliennes sont annoncées pour le 08 février, toujours à Alger, et sous l’œil compatissant mais intéressé de la communauté internationale. Si l’on peut expliquer le retard de leur reprise par la nomination à la primature du représentant spécial du président de la République dans les pourparlers inclusifs maliens, des interrogations fusent sur la reprise de ces négociations à la date avancée et, si elles reprenaient quand même, sur leur aboutissement à un accord de paix. Pourrait-il avoir paix quand le préaccord de paix qui devrait servir de document de travail est contesté ou fortement critiqué de tous les côtés, à la fois par la classe politique et la société civile mais aussi par des belligérants, y compris des composants de la plateforme réputée proche du gouvernement. En attendant le retour probable à la case départ, il serait intéressant d’étudier la nouvelle configuration des forces en présence dans le nord. Elles sont essentiellement au nombre de cinq. Autonomisation ambigüe D’abord l’opération Barkhane conduite par la France dans le Sahel et la Mission multidimensionnelle des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma). Leur mission essentielle est la lutte contre le terrorisme international, notamment la traque et la mise hors service des réseaux jihadistes en tous genres. Toutefois, la Minusma, dont une des missions est aussi la protection des populations civiles, a dû intervenir, il y a quelques jours, contre des mouvements rebelles antigouvernementaux en guerre contre d’autres mouvements armés jugés proches de Bamako. Cette initiative onusienne a eu des répercussions à Kidal où les populations ont marché contre la Minusma, laquelle a été obligée d’établir un plan d’urgence qui a poussé, cette fois, les populations de Gao à manifester contre elle. Cette double manifestation a permis de mettre en évidence deux autres forces en présence : la coordination des mouvements de l’Azawad, favorable à la partition du pays ou à une autonomisation très ambigüe des régions du nord, et la plateforme des groupes armés et d’autodéfense, qui reste rattaché à l’intégrité territoriale et rejette toute compromission du gouvernement vis-à-vis des rebelles à Alger. A étudier de près ces deux forces, elles ne diffèrent réellement que dans leur attitude par rapport au statut des régions du nord. Dans leur composition, elles se ressemblent. Dans la coordination comme dans la plateforme, on retrouve essentiellement des Touareg, des Songhay, des Arabes, des Peulh. C’est-à-dire des sédentaires et des nomades ; des parents, tous des ressortissants des différentes communautés du nord, qu’un concours de circonstances malheureuses oppose aujourd’hui. Et si des Touareg, des Songhay, des Arabes, des Peulh ont pu se retrouver pour former des regroupements antagonistes, ils pourraient également se retrouver pour cheminer ensemble. Dans quelle direction et contre qui ? C’est la grande inconnue de l’heure, mais déjà, il est loisible de considérer que si personne ne sait contre qui ils s’allieraient, tout le monde sait pour qui ils prendraient parti : d’abord et avant tout pour eux-mêmes, pour leurs intérêts personnels mais aussi les intérêts de leurs régions. Beaucoup plus que les deux tiers A Gao comme à Kidal, certains ont compris toute l’importance d’un tel rapprochement et tous les gains que les communautés du nord peuvent en tirer, ils travaillent déjà dans ce sens. Et ne désespèrent pas d’amener, non pas à Alger mais dans une localité du nord, Coordination et Plateforme à se retrouver pour penser la même chose. Alors on ne parlera plus de groupes rebelles et de milices progouvernementales mais des communautés du nord. Le gouvernement, qui semble ne pas prendre toute la mesure d’un pareil rapprochement, doit comprendre que l’enlisement qu’il préfère pour décourager les mouvements rebelles joue en réalité contre les intérêts territoriaux du pays. Car que se passera-t-il si ces deux parties, aujourd’hui adversaires, se retrouvaient pour demander ensemble un statut spécial pour leurs régions ? Ce sera la fin de l’intégrité territoriale. Mais le Mali ne perdra-t-il alors seulement que son nord ? Non ! Qu’on se le rappelle, après la prise et l’occupation des trois régions du nord par les groupes armés rebelles terroristes, la frontière de l’Azawad se situait à Douentza, c’est à dire dans la région de Mopti, en plein centre du pays. La ligne avait ensuite bougé avec une tentative de prise de Konna, une autre localité de la cinquième région, mais, surtout, une localité située à seulement une soixantaine de kilomètres de Sévaré (environs 650 Km de Bamako). Et puisque qu’il ne faut pas oublier que les rebelles terroristes avaient sous leur contrôle plusieurs cercles de cette région du centre du pays, ce n’est plus seulement son nord que le Mali perdra mais beaucoup plus que les deux tiers (la quasi-totalité) de son territoire. Alors, c’est de ce rapprochement que Bamako doit se méfier le plus, le conjurer, et, surtout, arrêter de jouer à l’apprenti sorcier en créant des mouvements qu’il n’est pas sûr de contrôler totalement. Et il doit agir urgemment car, selon plusieurs sources concordantes et des témoignages, les populations et les combattants à la base seraient dans cette disposition d’esprit, exaspérés par des négociations longues et vaines, par l’absence d’un accord de paix dont ils sont les premiers à pâtir. Et pour cela ils ne seraient plus dans la même logique que leurs dirigeants ou représentants. Reste la cinquième force qui n’en est pas vraiment une : l’armée malienne. Pour l’heure, elle cherche ses marques-et n’est pas près de les trouver- entre des dizaines d’armées étrangères qui ont envahi et dominé le champ de sa souveraineté. Mais elle aussi compte en son sein des Touareg, des Songhay, des Arabes, des Peulh. A bon entendeur… Cheick TANDINA

D’abord prévues pour début janvier, les négociations inter-maliennes sont annoncées pour le 08 février, toujours à Alger, et sous l’œil compatissant mais intéressé de la communauté internationale.

Si l’on peut expliquer le retard de leur reprise par la nomination à la primature du représentant spécial du président de la République dans les pourparlers inclusifs maliens, des interrogations fusent sur la reprise de ces négociations à la date avancée et, si elles reprenaient quand même, sur leur aboutissement à un accord de paix. Pourrait-il avoir paix quand le préaccord de paix qui devrait servir de document de travail est contesté ou fortement critiqué de tous les côtés, à la fois par la classe politique et la société civile mais aussi par des belligérants, y compris des composants de la plateforme réputée proche du gouvernement. En attendant le retour probable à la case départ, il serait intéressant  d’étudier la nouvelle configuration des forces en présence dans le nord. Elles sont essentiellement au nombre de cinq.

 

Autonomisation ambigüe

D’abord l’opération Barkhane conduite par la France dans le Sahel et la Mission multidimensionnelle des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma). Leur mission essentielle est la lutte contre le terrorisme international, notamment la traque et la mise hors service des réseaux jihadistes en tous genres. Toutefois, la Minusma, dont une des missions est aussi la protection des populations civiles, a dû intervenir, il y a quelques jours, contre des mouvements rebelles antigouvernementaux en guerre contre d’autres mouvements armés jugés proches de Bamako. Cette initiative onusienne a eu des répercussions à Kidal où les populations ont marché contre la Minusma, laquelle a été obligée d’établir un plan d’urgence qui a poussé, cette fois, les populations de Gao à manifester contre elle.

Cette double manifestation a permis de mettre en évidence deux autres forces en présence : la coordination des mouvements de l’Azawad, favorable à la partition du pays ou à une autonomisation très ambigüe des régions du nord, et la plateforme des groupes armés et d’autodéfense, qui reste rattaché à l’intégrité territoriale et rejette toute compromission du gouvernement vis-à-vis des rebelles à Alger.

 

A étudier de près ces deux forces, elles ne diffèrent réellement que dans leur attitude par rapport au statut des régions du nord. Dans leur composition, elles se ressemblent. Dans la coordination comme dans la plateforme, on retrouve essentiellement des Touareg, des Songhay, des Arabes, des Peulh. C’est-à-dire des sédentaires et des nomades ; des parents, tous des ressortissants des différentes communautés du nord, qu’un concours de circonstances malheureuses oppose aujourd’hui. Et si des Touareg, des Songhay, des Arabes, des Peulh ont pu se retrouver pour former des regroupements antagonistes, ils pourraient également se retrouver pour cheminer ensemble. Dans quelle direction et contre qui ? C’est la grande inconnue de l’heure, mais déjà, il est loisible de considérer que si personne ne sait contre qui ils s’allieraient, tout le monde sait pour qui ils prendraient parti : d’abord et avant tout pour eux-mêmes, pour leurs intérêts personnels mais aussi les intérêts de leurs régions.

 

Beaucoup plus que les deux tiers

A Gao comme à Kidal, certains ont compris toute l’importance d’un tel rapprochement et tous les gains que les communautés du nord peuvent en tirer, ils travaillent déjà dans ce sens. Et ne désespèrent pas d’amener, non pas à Alger mais dans une localité du nord, Coordination et Plateforme à se retrouver pour penser la même chose. Alors on ne parlera plus de groupes rebelles et de milices progouvernementales mais des communautés du nord.

Le gouvernement, qui semble ne pas prendre toute la mesure d’un pareil rapprochement, doit comprendre que l’enlisement qu’il préfère pour décourager les mouvements rebelles joue en réalité contre les intérêts territoriaux du pays. Car que se passera-t-il si ces deux parties, aujourd’hui adversaires, se retrouvaient pour demander ensemble un statut spécial pour leurs régions ? Ce sera la fin de l’intégrité territoriale. Mais le Mali ne perdra-t-il alors seulement que son nord ? Non !

Qu’on se le rappelle, après la prise et l’occupation des trois régions du nord par les groupes armés rebelles terroristes, la frontière de l’Azawad se situait à Douentza, c’est à dire dans la région de Mopti, en plein centre du pays. La ligne avait ensuite bougé avec une tentative de prise de Konna, une autre localité de la cinquième région, mais, surtout, une localité située à seulement une soixantaine de kilomètres de Sévaré (environs 650 Km de Bamako). Et puisque qu’il ne faut pas oublier que les rebelles terroristes avaient sous leur contrôle plusieurs cercles de cette région du centre du pays, ce n’est plus seulement son nord que le Mali perdra mais beaucoup plus que les deux tiers (la quasi-totalité) de son territoire.

Alors, c’est de ce rapprochement que Bamako doit se méfier le plus, le conjurer, et, surtout, arrêter de jouer à l’apprenti sorcier en créant des mouvements qu’il n’est pas sûr de contrôler totalement.

Et il doit agir urgemment car, selon plusieurs sources concordantes et des témoignages, les populations et les combattants à la base seraient dans cette disposition d’esprit, exaspérés par des négociations longues et vaines, par l’absence d’un accord de paix dont ils sont les premiers à pâtir. Et pour cela ils ne seraient plus dans la même logique que leurs dirigeants ou représentants.

Reste la cinquième force qui n’en est pas vraiment une : l’armée malienne. Pour l’heure, elle cherche ses marques-et n’est pas près de les trouver- entre des dizaines d’armées étrangères qui ont envahi et dominé le champ de sa souveraineté. Mais elle aussi compte en son sein des Touareg, des Songhay, des Arabes, des Peulh. A bon entendeur…

Cheick TANDINA

source :   Le Prétoire

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