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La levée des sanctions américaines, divine surprise pour le régime soudanais

La décision de Washington conforte le régime du président Omar Al-Bachir.

Sudan's president Omar Hassan Al Bashir leaves the Conference Center after the closing session of the 20th Arab League Leaders Summit in Damascus, Syria, on March 29, 2008. Photo by Ammar Abd Rabbo/ABACAUSA.COM (Pictured : Omar Hassan Al Bashir)

 

L’administration Trump a annoncé, vendredi 6 octobre, la levée de la quasi-totalité des sanctions américaines qui pesaient sur le Soudan depuis deux décennies. Cette décision est en fait une confirmation du décret pris par Barack Obama durant les derniers jours de son mandat, en janvier. La levée des sanctions devait avoir lieu six mois plus tard, au terme d’une forme de mise à l’épreuve que Donald Trump a décidé, début juillet, de prolonger de quelques mois.

La porte-parole du département d’Etat a justifié cette levée quasiment dans les mêmes termes que ceux employés par Barack Obama dans sa lettre au Congrès, en janvier, justifiant la fin des sanctions : en substance, le gouvernement soudanais a fait « des efforts positifs » en matière de coopération dans la lutte antiterroriste, de dialogue avec l’opposition et d’accès humanitaire aux populations déplacées par les conflits dans les régions du Darfour, du Kordofan et du Nil Bleu. Toutefois, le Soudan reste sur la liste américaine des pays sponsorisant le terrorisme, ce qui implique des sanctions résiduelles, notamment sur l’achat d’armes.

Perte des réserves pétrolières

Les sanctions économiques visant Khartoum – dont un embargo commercial – remontent à 1997, dans la foulée de la tentative ratée d’assassinat du président égyptien Hosni Moubarak, lors d’un sommet africain à Addis-Abeba (Ethiopie), par un commando islamiste armé égyptien venu du Soudan. Une décennie plus tard, elles avaient été renforcées en pleine crise du Darfour, pour laquelle le président Omar Al-Bachir est inculpé de « crimes de guerre », « crimes contre l’humanité » et « génocide » par la Cour pénale internationale, sans effet.

Washington avait promis à Khartoum une levée des sanctions si le Soudan ne s’opposait pas à la sécession, en 2011, du sud du pays. Le Soudan du Sud a accédé à l’indépendance mais les sanctions sont restées en place, aggravant la crise économique provoquée par la perte des réserves pétrolières, dont la majorité se trouve dans le Sud. De l’aveu même des diplomates américains, les sanctions imposées au Soudan n’ont pas déstabilisé le régime et ont surtout affecté la population. Leur levée devrait accélérer le redressement des comptes du pays, qui s’est engagé dans l’exploitation aurifère et l’agriculture d’exportation pour compenser la perte des recettes pétrolières.

Cette levée, annoncée quelques jours auparavant par le retrait du Soudan de la liste des pays musulmans ciblés par le « travel ban » – l’interdiction d’entrer aux Etats-Unis – de l’administration Trump, est une victoire pour le président Al-Bachir. Au pouvoir depuis 1989, il a toujours su faire preuve de pragmatisme lorsque la situation l’imposait, rompant avec son ex-mentor islamiste Hassan Al-Tourabi dans les années 1990, puis acceptant la sécession du Sud – tout en réprimant sans ménagement le soulèvement armé au Darfour – la décennie suivante.

Partenaire obligé de l’UE

Le gouvernement soudanais, qui a engagé un long et difficile dialogue national avec son opposition politique, a également su mettre à profit ses activités géopolitiques pour s’attirer les faveurs américaines et européennes. La participation de troupes soudanaises à la coalition arabe au Yémen, contre les rebelles houthistes soutenus par l’Iran, et, surtout, l’engagement de Khartoum à ne plus acheter d’armes nord-coréennes, ont convaincu Washington.

Côté européen, l’influence soudanaise dans le sud de la Libye et l’emplacement stratégique du Soudan sur les routes migratoires reliant l’Afrique de l’Est à la Méditerranée ont fait de Khartoum un partenaire obligé. Reste à savoir si les efforts montrés ces derniers temps se poursuivront, notamment par un dialogue avec l’opposition armée, affaiblie par les divisions mais toujours active dans le sud et l’ouest du pays. Il est ainsi question d’une réunion à Paris dans les semaines à venir.

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