L’extradition de François Compaoré vers le Burkina Faso a été validée mardi par la Cour de cassation française. Elle nécessite désormais la publication d’un décret gouvernemental pour pouvoir être appliquée.
Nouvel épisode dans l’affaire du meurtre du journaliste burkinabè Norbert Zongo. La Cour de cassation française a validé, mardi 4 juin, l’extradition de François Compaoré vers le Burkina Faso, où le frère de l’ancien président déchu est mis en cause dans l’enquête sur l’assassinat d’un journaliste en 1998. Cette décision nécessite toutefois un décret du gouvernement français pour être effective.
La plus haute juridiction judiciaire a rejeté le pourvoi du frère cadet de l’ex-président Blaise Compaoré, chassé par la rue en octobre 2014 après 27 ans au pouvoir. Elle a aussi refusé de transmettre au Conseil constitutionnel une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) déposée par sa défense contre les textes régissant l’extradition.
“François Compaoré n’est pas encore extradé”
Robert Zongo, frère cadet de journaliste assassiné, Norbert Zongo, s’est félicité pour sa part de la décision prise par la justice française. “François Compaoré aura tout son temps pour faire tous les recours qu’il voudra (…) j’ai la conviction qu’il rentrera au Burkina Faso”, a-t-il déclaré à l’AFP à Ouagadougou. “Le peuple burkinabè aura toujours soif de justice dans l’affaire Norbert Zongo”.
“Ce sont deux décisions très sommaires qui ne sont pas du tout à la mesure des moyens que nous avons présentés”, a réagi auprès de l’AFP Maitre François-Henri Briard, avocat de François Compaoré. Il a indiqué qu'”à supposer qu’un décret soit effectivement signé par le gouvernement français”, il l’attaquerait devant le Conseil d’État. “On a perdu une bataille, mais pas encore perdu la guerre. François Compaoré n’est pas encore extradé”, a-t-il insisté.
L’assassinat de Norbert Zongo n’a jamais été officiellement élucidé
Le 5 décembre 2018, la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris avait autorisé l’extradition de François Compaoré vers Ouagadougou, où le dossier Zongo, classé en 2003 après un “non-lieu” en faveur du seul inculpé, a été rouvert à la faveur de la chute de Blaise Compaoré.
Journaliste d’investigation reconnu et directeur de l’hebdomadaire “L’Indépendant”, Norbert Zongo avait été assassiné le 13 décembre 1998. Il enquêtait sur le meurtre du chauffeur de François Compaoré. Sa mort avait provoqué une profonde crise politique au “pays des hommes intègres”.
Le journaliste, alors âgé de 49 ans, auteur de plusieurs enquêtes retentissantes dénonçant une mauvaise gouvernance sous le régime Compaoré, avait été tué avec trois de ses compagnons. Les quatre dépouilles avaient été retrouvées calcinées dans le sud du Burkina Faso.
Âgé de 64 ans, François Compaoré avait été arrêté à l’aéroport de Roissy en octobre 2017 en exécution d’un mandat d’arrêt émis par les autorités de Ouagadougou. Mais à ce jour, il n’est pas inculpé dans son pays, à la différence de trois ex-soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’ancienne garde prétorienne de Blaise Compaoré.
Avec AFP
Source: france24