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La gouvernance en crise : IBK, l’agneau du sacrifice et le Mali face au guet-apens

e président de la république semble incapable de se sortir du guêpier que lui ont tendu successivement son ami français Hollande, l’ONU, des membres influents de la communauté internationale et le médiateur algérien. Son angélisme lui aura joué des tours dans la gestion de la crise malienne. Comme sa naïveté à faire une totale confiance au président français mu par des intérêts géopolitiques à mille lieux de la libération de Kidal et de la sauvegarde de l’intégrité territoriale du Mali. Toute chose aux conséquences incalculables.

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On ne vient pas à la tête d’un pays aussi considérable que le Mali pour le clinquant et le folklore ou uniquement pour son confort personnel, accusent les adversaires du président de la république. Le peuple a choisi Ibrahim Boubacar Kéïta comme président parce qu’il croyait en lui, en ses capacités d’homme d’Etat qu’il a eu à déployer il n’y a pas si longtemps, aussi en ses qualités humaines, sans considération de ses défauts éventuels. Mais le mythe de l’Homme Providentiel a vécu, constate-t-on.

Si IBK a réussi à tenir vaille que vaille à son ami de trente ans, le président socialiste français François Hollande qui a mis, comme un os au travers de sa gorge, l’équation Kidal, c’est grâce à la pression, au soutien de l’opinion publique et de la société civile, bref du peuple malien. Il n’a pas pour autant réussi à maîtriser la situation pour permettre au pays de se sortir de la crise.

Les Maliens se moquent de la géopolitique comme de leur première culotte. Ce qu’ils exigent du Mandé Mansa c’est de les honorer en honorant ses promesses, en faisant face sans faiblir à ses responsabilités d’homme d’Etat.

Notre peuple est plus que jamais martyrisé par le diktat de la France  qui a aidé les terroristes à se renforcer et à se redéployer  à cause de Kidal et de la MINUSMA devenue à Gao, par extraordinaire, le bras séculier du MNLA qui n’a plus rien à envier aux jihadistes. Voilà à quel dévoiement est entrain d’aboutir l’intervention des forces étrangères sous mandat de l’ONU au Mali, après le couac de Kidal prémédité par la France, notre sauveur devenu un cruel bourreau complices de la mort d’une centaine de nos soldats à la suite de la visite de l’ex Premier ministre Moussa Mara le 21 mai 2014.

Une boucherie consentie, parce que sous l’œil complaisant de la MINUSMA prétendument force d’interposition, de protection des populations civiles et de stabilisation en mission sous l’égide du Conseil de sécurité de l’ONU laissera une tache sombre, indélébile dans l’histoire de l’Organisation des Nations Unies. Comme celle entre avril et juillet 1994, toute proportion gardée, au cours de laquelle quelque 800 000 hommes, femmes et enfants, principalement Tutsis, ont été massacrés au Rwanda. La qualification de génocide pour désigner ces crimes et la conclusion que l’Organisation des Nations Unies (ONU) n’a su ni l’empêcher ni la faire cesser plus tôt sont retenues, en novembre 1994, dans la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui institue leTribunal pénal international pour le Rwanda, puis en 1999, par la commission mandatée par le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan.

On parle, en ce qui concerne ce génocide, de causes multiples: les haines tribales séculaires entre les communautés Hutu et Tutsie au fil des années et l’enchaînement des événements déclencheurs, d’autres causes ou responsabilités, intérieures ou extérieures, ont été évoquées par les différentes commissions d’enquêtes. Le parallèle est saisissant avec le Nord du Mali où le pouvoir colonial français a exacerbé à dessein les haines tribales au sein des communautés touarègues pour les opposer à l’Etat malien,  aux communautés sédentaires et aux « dirigeants Noirs indignes de gouverner des peaux blanches ». Les différentes rébellions touarègues sous le Mali indépendant ont toujours bénéficié de l’aide de leur lobby pro occidental et même de l’Etat français comme dernièrement sous Sarkozy et Hollande. IBK était prévenu.

Le Mali, après la débandade de l’alliance du MNLA et des groupes armés islamistes, An çardine, Mujoa, Al Qaïda au Maghreb Islamique, est devenu l’objet d’une convoitise internationale. Pour ne pas dire un complot international, ou même des pays voisins étaient partie prenante, parce que bases arrière de  certains groupes irrédentistes qui y trouvaient outre un repli, gite, couvert et les moyens de se réarmer pour leurs prochaines campagnes sanglantes au détriment de notre armée et des populations civiles, les plus douloureusement touchées,  dans tout le septentrion.

Face donc à une telle pression, alors que le président IBK et le Mali étaient cernés de toute part, il fallait un sursaut national, une union sacrée de tous les fils et de toutes les filles du Mali pour faire front ensemble aux périls imminents et insidieux. Cela n’a toujours pas été le cas. A cause de l’entêtement du président Ibrahim Kéïta à vouloir gérer seul cette crise complexe à Koulouba, alors qu’il n’avait pas toutes les cartes en mains, entre diktat de la France, oukases de l’Onu, de la Banque , Mondiale, du Fmi, dans un pays lourdement assujetti à la tutelle internationale . C’est dans une atmosphère intenable que les scandales compromettant sa gouvernance  et la majorité présidentielle ayant entrainé les dénonciations sans concession de l’opposition contre IBK et son pouvoir ont éclaté  de toute part, mettant sur lui une pression supplémentaire. L’étau a été desserré par le renvoi du Premier ministre Moussa Mara et de têtes de proue du gouvernement présumés trempés dans les  délits de surfacturation ayant ébranlé la République, réclamé à la fois par les ténors de l’opposition et les institutions de Brettons Wood. Certaines sources faisaient en outre, s’agissant du départ de Mara, d’une exigence incontournable du MNLA et des groupes rebelles associés aux pourparlers inclusifs inter maliens de paix d’Alger.

Avec la nomination du nouveau Premier ministre Modibo Kéïta, dernièrement Haut représentant du chef de l’Etat aux négociations de paix, un vieux de la vieille du sérail politique, capé d’expérience, on pensait que le MNLA et ses acolytes jihadistes allaient savoir raison garder, eu égard à la ligne rouge tracée par le Mali, à ne pas franchir. Cela a été  le contraire comme on a pu le constater dernièrement avec une recrudescence inouïe sur tout le septentrion des attaques violentes, d’attentats suicides contre les Fama et contre la Minusma qui, elle aussi, a vu le bilan des morts et blessés de ses soldats de la paix s’alourdir. Alors qu’elle avait suffisamment démontré au MNLA et ses alliés terroristes qu’elle était dans les meilleures dispositions envers eux, pour leur avoir permis de se réarmer, d’occuper sans coup férir des positions stratégiques malgré les accords préliminaires, de perpétrer des massacres au détriment des populations civiles, des communautés ethniques opposées à leurs desseins de partition du nord Mali.

La goutte d’eau de trop a été la répression à Gao par les troupes de la MINUSMA de jeunes manifestants aux mains nues protestant légitimement contre leur collusion avec le MNLA et ses alliés au détriment des populations civiles. C’est un remake du cas Rwandais qui se profile dans le septentrion où tout porte à croire qu’un génocide se prépare contre les populations civiles sédentaires de Kidal, Gao, Tombouctou et ailleurs au Nord, ethniquement stigmatisées, opposées aux groupes armés touaregs, qu’ils soient indépendantistes, islamistes adeptes de l’Azawad, de la charia, tous terroristes autant qu’ils sont.

Ces populations, déjà suffisamment éprouvées par ces rebelles à la cruauté  barbare, comme ils l’ont prouvé en massacrant froidement à l’arme blanche  nos soldats faits prisonniers à Agul Hoc, sont défendues par les mouvements d’autodéfense regroupés dans une Plateforme qui gagne irrésistiblement du terrain au front Nord, mettant les tenants de l’Azawad sur la défensive.

C’est le moment crucial choisi par le général français Christian Thibault, chef d’Etat-major de la MINUSMA, pour apporter son soutien dans le projet unilatéral, dont il est le principal auteur, de l’institution d’une « zone temporaire de sécurité », sous l’ égide des troupes onusiennes qu’il dirige, pour interdire aux unionistes d’avancer et permettre au MNLA et groupes terroristes de se mouvoir à leur guise pour la reconquête totale des trois régions de Gao, Tombouctou et Kidal. C’est donc à juste raison que les leaders de la Plateforme des mouvements  d’autodéfense du Nord ont accusé le général français Christian Thibault, chef d’Etat-major de la MINUSMA, d’être « un instrument du MNLA, disposé selon un plan établi à œuvrer pour la partition du Mali, même au prix d’un génocide des populations civiles.

Le président Ibrahim Boubacar Kéïta est au pied du mur. Il ne doit plus ménager la chèvre et le chou. A lui de prendre son courage à deux mains pour faire face de manière radicale au péril, en sachant qu’il a tout le peuple derrière lui.

Oumar Coulibaly

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