C’est par le biais des réseaux sociaux que l’homme aurait appris, comme un coup de tonnerre, son limogeage de l’ambassade du Mali en Inde. Cette soudaine décision douloureusement vécue par Yeah Samaké aura été une “belle leçon” pour l’ex-maire de Ouéléssébougou, celui-là même qui avait ostensiblement pris son poste diplomatique pour une fin en soi et non un moyen. Et cela, après s’être littéralement détourné de sa base politique et électorale, en particulier les populations de sa municipalité où sa présence était bien plus utile.
Après l’annonce de la décision de limogeage de Yeah Samaké prise depuis le sommet de l’Etat, des spéculations vont bon train. Certaines sources nous ont ainsi notifiés qu’en cette veille du scrutin présidentiel, Yeah Samaké aurait pleinement affiché sa volonté de se présenter contre IBK. Ce qui ne semblerait point échapper à l’attention des barons du pouvoir.
Si tel est donc le cas, comment le jeune ambassadeur a-t-il osé, sachant bien la nature vindicative d’un régime hautement dépassé par les événements ? Pourtant, officiellement, le communiqué portant rappel de Yeah Samaké de son poste de représentant diplomatique du Mali en Inde, énonce sans ambiguïté, des raisons essentiellement relatives à une “insuffisance notoire de résultats”.
Mais, quels qu’aient été les motifs que les spéculations des uns et autres auront pu faire entendre, cette effroyable gifle politique du parti au pouvoir infligée au président du PACP, lui aura copieusement servi de leçon. Ce jeune leader avait énormément d’acquis à consolider au niveau de sa base politique, son inaltérable support.
Après une rare réputation acquise à l’aide d’un travail social extraordinairement accompli dans sa localité natale où la confiance spontanée des populations l’avait porté à la tête de l’institution municipale, l’ex-professeur d’anglais, ayant été nommé ambassadeur du Mali en Inde en guise de récompense politique pour son soutien à IBK, a ainsi préféré s’éloigner d’une population “orpheline” aux côtés de qui sa présence serait beaucoup plus utile qu’un poste d’ambassadeur qu’il s’amusera plutôt à brandir comme un “trophée de guerre”.
Malheureusement, ses ambitions présidentielles indiscrètes et ses excès diplomatiques outrageants, lui auront amèrement coûté son fauteuil que ses partisans ne semblaient plus voir que comme le “plus bel exploit politique et institutionnel” auquel un jeune leader de sa trempe aurait rarement accès.
Même si, dernière un limogeage combien humiliant, d’aucuns y voient la main invisible de deux grands filous du microcosme politique national (Tiéman Hubert Coulibaly et Soumeylou Boubèye Maïga), force est d’accepter que cette trahison n’était qu’une question de date, car la nomination de Niankoro Yeah Samaké à la tête de la juridiction diplomatique malienne en Inde avait fait énormément débat au sein du parti présidentiel qui, apparemment, aurait tout manigancé pour précipiter le départ du candidat malheureux de 2013.
Yeah revient et maintenant…
Personne ne pourra dire avec certitude ce que le très ancien célèbre Yeah Samaké va faire au Mali. Son parti, après avoir perdu la mairie au profit d’une candidature indépendante à savoir Yaya Samaké (un autre fils de la patrie qui est très respecté), les partisans de Yeah qui ont appelé à une large mobilisation pour l’accueillir ce week end ne savent pas aussi où il sera casé. On le saura davantage à travers le comportement que le parti de Yeah, qui se dit centriste, adoptera.
Si le président Yeah vient à s’inscrire dans une logique de critiquer le pouvoir en place, alors on pourra dire qu’il en sera fini avec sa carrière, car le pouvoir serait informé de beaucoup de choses peu orthodoxes de l’ancien maire de Ouéléssébougou, nous confie un observateur averti.
Mais s’il revient faire les louanges du président de la République, il y a des fortes chances qu’il soit promu ambassadeur aux Etats-Unis. Un pays qui n’a pas en son sein aujourd’hui un ambassadeur malien depuis le retour de Tiena Coulibaly, et puisque Yeah parle anglais il serait donc le candidat idéal pour ce poste. Cela sera certainement mieux pour lui, car le parti traverse une crise jamais égalée de son histoire.
Affaire à suivre
La Sirène