La France, engagée sur de nombreux théâtres d’opération étrangers et directement visée par le terrorisme islamiste, se sent quelque peu abandonnée par ses partenaires européens, particulièrement en Afrique où l’instabilité s’étend désormais bien au-delà de la bande sahélienne qui abrite les 3.000 hommes de la force française Barkhane.
“La question est maintenant posée de l’aide de l’Europe à la reconstruction de l’armée centrafricaine, une nécessité pour que ce pays puisse avoir des perspectives”, a déclaré M. Le Drian devant la presse à Riga, à l’issue d’une réunion informelle des ministres européens de la Défense.
“Il faut donc mobiliser 60 experts militaires, non pas pour une mission de combat mais pour une mission de formation. Et nous avons du mal à les réunir”, a poursuivi le ministre français, en soulignant les risques d’absence d’une “armée structurée” en Centrafrique, à proximité du nord du Cameroun où sévit le groupe islamiste armé nigérian Boko Haram.
“J’ai donc appelé mes collègues européens à cette solidarité, indispensable d’autant plus que sur les 60 experts, la France en met déjà vingt. Il faut que le fardeau de la sécurité européenne soit équitablement réparti”, a insisté M. Le Drian.
Selon un diplomate de haut rang, l’appel du ministre français a eu pour conséquence la promesse par l’Autriche de quatre personnes pour participer à cette “Mission militaire européenne de conseil” en République centrafricaine (EUMAM RCA) et de quelques autres par l’Espagne.
Le ministre belge de la Défense, Steven Vandeput, s’est par contre voulu plus prudent, expliquant être soumis à de sérieuses restrictions budgétaires et s’interrogeant sur la “plus-value” que générerait la participation de, par exemple, deux officiers belges à cette mission.
Par contre, les militaires belges sont très appréciés dans un environnement international, notamment du fait de leur connaissance des langues, dont le français, l’une des deux langues officielles en République centrafricaine.
Depuis le renversement du président centrafricain François Bozizé en mars 2013 par la coalition rebelle Séléka, qui a depuis abandonné le pouvoir sous la pression internationale, la Centrafrique a sombré dans une crise sécuritaire et politique sans précédent opposant milices principalement chrétiennes, les anti-balaka, aux rebelles Séléka, essentiellement musulmans.
Des milliers de musulmans assimilés aux Séléka et pourchassés par les milices chrétiennes ont été contraints de fuir dans le nord du pays ou dans les pays voisins.
La présence de trois forces internationales – française Sangaris, Eufor RCA (UE) et Minusca (ONU) – a permis de stabiliser la situation, sans réussir à pacifier l’ensemble du territoire et certains quartiers de Bangui.
Mais ce n’est pas qu’en Centrafrique que Paris peine à convaincre ses partenaires européens de se joindre à ses efforts militaires.
“Nous sommes engagés partout” et “nous nous sentons un peu seuls, déçus par le degré d’engagement européen”, a-t-on résumé de source française à Riga, en citant les crises multiples en cours à la périphérie de l’Europe, depuis l’Ukraine à l’est, l’Irak et la Syrie au sud-est, la Libye, le Sahel et le Nigeria.
“Il y a une connexion entre toutes ces crises”, a-t-on ajouté de même source, dans une allusion à la présence dans ces régions de groupes islamistes armés.
Les intérêts européens “sont en jeu”, ces crises “ont un impact direct sur la sécurité des citoyens européens, a-t-on poursuivi.
Source: bamada.net