“La France ne s’enlise pas au Sahel : il n’y a aujourd’hui aucune solution sans Barkhane”, affirme sans détour le rapport de la commission Défense de l’Assemblée nationale. “La stabilisation du Sahel prendra de nombreuses années, et l’honneur de la France serait de rester engagée (…) aussi longtemps qu’il le faudra”.
Paris déploie quelque 5.100 soldats contre les jihadistes affiliés au groupe Etat islamique et à Al-Qaïda. Mi-février, lors d’un sommet à N’Djamena avec ses partenaires du G5 Sahel (Mali, Mauritanie, Tchad, Burkina Faso, Niger), le président Emmanuel Macron avait annoncé ne pas souhaiter réduire “dans l’immédiat” les effectifs de Barkhane, appelant d’abord à “décapiter” les groupes jihadistes. Mais les Etats africains peinent à convertir les succès militaires en progrès politiques.
La France a perdu 50 soldats dans la région, l’opinion publique française est de moins en moins favorable à la mission, à un an de l’élection présidentielle. Et les doutes se multiplient sur sa capacité à gagner la guerre.
En mars par ailleurs, une enquête de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) avait conclu qu’une frappe aérienne conduite par Barkhane avait tué 19 civils au cours d’un mariage. Le rapport, que Paris réfute avec vigueur, constitue la plus grave mise en cause d’une opération française par les Nations unies depuis le début de l’engagement de Paris au Sahel.
Le rapport parlementaire, signé par deux députées du parti présidentiel (LREM) et des Républicains (droite), s’abstient de toute critique de fond de l’intervention française et lui apporte un soutien sans faille. Il regrette qu’un “fort écho (soit) donné aux hérauts de la remise en cause de l’opération Barkhane”, invitant le ministère des Armées à “repenser (sa) stratégie de communication”.
Quant à l’avenir, “le format” du dispositif français n’est “pas figé” et “Barkhane évoluera à mesure de (…) l’amplification de l’engagement de nos partenaires, sahéliens et occidentaux”, estiment les auteures. “D’une opération extérieure, Barkhane – qui pourrait changer de nom – pourrait ainsi évoluer vers un dispositif de coopération structurelle régionale, la responsabilisation croissante des forces locales n’induisant pas le retrait complet des troupes françaises”.
Le rapport égratigne en revanche la Minusma, dont le mandat a été élargi en 2019 mais qui tarde à se réformer. “Il lui faudrait ainsi se montrer davantage offensive, en particulier dans le Centre du Mali”, estime le rapport.