‘’Elle se porte bien’’, selon le Dr Awa KEITA du Programme national de lutte contre les violences basées sur le genre qui est chargé de l’affaire.
Après avoir subi cet acte odieux, le samedi 22 janvier 2022, à Yirimadio, la petite survivante de viol de cinq ans, se remet peu à peu des traces de ce crime digne d’un film d’horreur. De sources médicales, elle a été prise en charge par des médecins spécialisés et des pédiatres qui assurent un suivi rassurant.
Une petite fille blessée dans son corps et dans son âme, qui traînait entre les jambes une sonde d’urine souillée de sang, un père à la voix nouée de pleurs et de désespoir et sous-pression des vidéomens qui s’acharnaient sur lui pour arracher des propos, voilà la très désolante image qui avait fait le tour du monde via les réseaux sociaux.
Le sort de cette famille qui vit sous l’effet de la pauvreté extrême dans l’un des quartiers périphériques de Bamako avait défrayé la chronique pendant un certain temps. Après un cri de cœur du ministre de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, les aides des particuliers et des ONG sont arrivées à point nommé. Actuellement la victime est dans de bonnes mains, car elle est prise en charge par des spécialistes qui font tout pour que ce crime ne compromette pas sa vie.
Ainsi, selon le Dr Awa KEITA, les gynécologues et les pédiatres de l’hôpital du Mali se sont investis à fond pour sa cause.
« Après des interventions chirurgicales, la petite va très bien et se remet des séquelles physiques. Nous ne souhaitons aucunement qu’il ait des séquelles après, puisque les médecins ont tout mis en œuvre pour éviter cela », a-t-elle rassuré, sans se prononcer sur les séquelles psychologiques.
Selon elle, c’est l’ONG ASADAP qui s’est donné la mission de prendre en charge la petite fille. Cette ONG est appuyée de très près par un consortium d’experts à savoir des médecins, des agents d’ONG et le représentant du Ministère de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille.
Signalons que cette fille a subi ces atrocités sous le silence assourdissant des femmes leaders qui se disent défenseurs des droits de la femme et de la petite fille. Quant aux ONG, elles apportent leurs soutiens malgré qu’elles n’aient aucun moyen de crier fort, faute d’effectif et souvent de légitimité, puisque ne pouvant pas se substituer à la société civile.
Le viol est pourtant un sujet qui n’est pas tabou dans les documents des programmes du bien-être des filles et des femmes dont la situation reste moins reluisante.
Signalons que le nombre de cas de violences basées sur le genre rapportés est passé de 2021 cas de janvier à juillet 2019 à 2981 cas de janvier à juillet 2020 ; soit une augmentation de 47 %. Ces données révèlent que 99 % des personnes touchées sont des femmes et 36% des VBG sont des violences sexuelles.
Selon le Système de Gestion des Informations sur les VBG (GBVIMS), l’année dernière 4 617 incidents ont été enregistrés, dont 97% des survivantes(e)s étaient des femmes et 45% des filles de moins de 18 ans.
L’absence d’une loi spécifique pour répondre aux VBG et la faible application des textes juridiques protégeant les femmes et les filles demeurent les facteurs contribuant à l’augmentation des cas.
Le plus souvent l’accès à une prise en charge holistique, notamment les services juridiques, psychosociaux, sanitaires, de protection, demeure problématique pour un grand nombre de personnes survivantes de VBG.
PAR CHRISTELLE KONE
Source : Info-Matin