Depuis trois décennies que le Mali s’est résolument engagé dans la voie d’une démocratie multipartite, le jeu politique n’en finit pas d’être galvaudé avec en toile de fond un opportunisme qui frôle l’extravagance.

C’est ce qui fait qu’à l’occasion de chaque échéance électorale ou autre évènement politique de grande envergure, on assiste à une effervescence d’associations et autres mouvements populaires au sein desquels l’opportunisme prend le pas sur les véritables valeurs républicaines, civiques ou citoyennes. C’est dire que sous nos cieux, les actions sont loin d’être posées ou menées suivant des convictions idéologiques ou des raisons politiques. Les acteurs ne sont mus que par la satisfaction de leurs intérêts égoïstes. Si la logique voudrait que l’arène politique soit le lieu des débats et des confrontations d’idées, chez nous on y voit plutôt une jungle à l’intérieur de laquelle il faut tout faire pour vilipender l’adversaire. Naturellement, pour avoir le dessus dans cette jungle, les protagonistes n’aspirent à s’imposer que par l’effectif de leurs partisans. Toutes les mouvances politiques au Mali s’inscrivent dans cette logique qui consiste à enregistrer dans leurs rangs le maximum de partisans, peu importe que ce soit des militants engagés ou pas. Les différentes associations et autres organisations de la société civile qui s’agitent dans le microcosme politique malien, quant à elles, n’en demandent pas mieux dans la mesure où elles peuvent toujours tirer profit de leurs alignements respectifs à un quelconque des bords politiques. En tout cas, c’est cette image négative qui colle à nos associations et organisations de la société civile face à l’action politique.

La période de transition qui est actuellement en cours ne fera nullement exception à la règle et déjà, nombreuses sont les organisations de la société civile qui s’agitent déjà auprès du pouvoir d’Etat avec des déclarations de soutien aux actions des nouvelles autorités du pays. C’est à cette fin qu’une nouvelle organisation est portée sur les fonts baptismaux, le 7 février 2021, sous l’appellation de ‘’Coalition des Volontaires pour la Réussite de la Transition (CVRT-Mali). Pour Kassoum Coulibaly, président de cette nouvelle structure, il est grand temps pour que les citoyens maliens prennent leurs responsabilités pour contribuer efficacement à la refondation de l’Etat. Toute chose qui nécessite une adhésion massive, patriotique, sincère, citoyenne pour soutenir et accompagner avec engagement, courage et détermination la transition au Mali. La réussite de la transition est gage de sous-bassements solides et de racines solides pour le Mali nouveau. Compte tenu du fait que les autorités de la transition ne revendiquent aucune coloration politique, il siérait alors que l’ensemble du peuple malien les soutienne et aussi les accompagne.

Ce qui amènera le président de la CVRT-Mali à dire : « Leurs forces, c’est nous! N’oubliez pas. Tout le monde a aspiré au changement, tout le monde veut le changement, le changement à ses contraintes et ses exigences auxquelles il faut s’adapter et accepter. Cessons d’être des obscurantistes. Arrêtons les préjugés et soutenons ensemble les efforts des autorités de la transition ».

Mais là où le bât blesse et qui laisse très dubitatif le citoyen ‘’lambda’’, est que nombreuses ont été les organisations de la société civile et autres associations qui ne se sont illustrées, dans l’œuvre de redressement national, que par des rhétoriques, pour finalement disparaître, faute de résultat. Pour marquer la grande différence entre son organisation et tant d’autres similaires, Kassoum Coulibaly devrait s’évertuer à ce que la CVRT-Mali ne soit pas un simple conglomérat d’opportunistes. Nous savons qu’elles sont légion, les  associations et organisations de la société civile qui ne sont fondées suivant aucune motivation sociale, idéologique ou politique.

Elles n’existent que pour louer leurs services au plus offrant, tout comme le feraient des mercenaires. Pour de telles associations et organisations de la société civile, leur domaine de prédilection est surtout le champ politique qui s’offre à elles comme un terreau extrêmement fertile pour l’exercice de leurs opportunistes. Ce qui est encore plus dommageable dans le comportement de ces associations et organisations opportunistes, c’est que non seulement leurs adhésions à une cause ne reflètent en rien la réalité d’une situation, puisque sujettes à versatilité à tout moment, mais aussi induisent inévitablement en erreur les hommes politiques et autres leaders auxquels elles sont censées profiter. Cependant on pourrait se faire à l’idée que les concepteurs de la CVRT…

El Hadj Mamadou GABA

Source : Le Soir De Bamako