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La crise socio-politique dégénère : l’avenir réserve des incertitudes !

 «Des réformes politiques sont nécessaires. Ce n’est pas chose facile à accepter, mais si la répartition des terres, des revenus et des possibilités est dénaturée au point de provoquer le désespoir, les dirigeants politiques doivent choisir entre la réforme sociale ou une révolte sociale.» (Robert Mac Namara).

Nul doute que la démocratie malienne a réservé des surprises désagréables au peuple laborieux du Mali, et pour cause:

En 1991, le peuple s’est mobilisé au sein du mouvement dit démocratique pour dire halte au régime de Moussa Traoré. Cela était une impérieuse nécessité quand on sait que ce peuple avait faim, soif, manquait de logement et de soins de santé adéquats.

Le bilan des manifestations populaires fut macabre: plus de 200 morts et des centaines de blessés. Moussa est tombé le 26 mars 1991 avec ses mains tachées du sang des enfants du Mali. Le vent du multipartisme intégral avait soufflé sur notre pays suscitant en notre peuple l’immense espoir en des lendemains meilleurs. Hélas ! Le constat est aujourd’hui cuisant: les démocrates maliens ont berné le peuple laborieux du Mali. En lieu et place de la nourriture décente, des soins de santé décents, des logements décents et une éducation exemplaire, ils lui ont servi la fourberie, l’affairisme, les détournements de deniers publics et surtout un démocratisme déshonorant fondé sur les combines politiciennes et l’achat des consciences.

Aujourd’hui, la démocratie se résume chez nous en l’organisation d’élections sur un fond de fraude et de manipulation des consciences. D’abord, pour que Alpha Oumar Konaré soit élu président,  il lui a fallu s’assurer de la grâce et du soutien des mafieux de l’Union démocratique du peuple malien (UDPM) qui, sentant la fin de leur régime, ont lâché leur chef comme pour dire que la victoire de l’ADEMA aux élections de 1992 était essentiellement l’œuvre de militants et responsables de l’UDPM reconvertis et orientés par la direction du vent. Cela se comprenait aisément quand on sait que pour les ténors de l’ADEMA, partout dans nos villes et villages, c’est l’UDPM qui était implanté comme parti unique. Au lieu de travailler à assainir la situation politique nationale avant toute élection, ces responsables de l’ADEMA se sont précipités pour prendre les postes clés de l’État avec à la tête Alpha O. Konaré. Dès lors, une graine est semée au Mali, celle de l’affairisme. Celui-ci a passé le témoin en 2002 à celui qui lui a donné le pouvoir. Il s’agit d’ATT qui, sans parti politique, a ratissé large. Son second mandat a été écourté le 22 mars 2012 par le coup d’État du capitaine Amadou Haya Sanogo. IBK a été élu en 2013 sur la base de la confiance d’une bonne partie des électeurs maliens. Au terme de ce premier mandat, le voilà encore «élu» pour cinq (05) ans.

Malheureusement, à son actif, on peut citer la partition de fait du territoire  national suite à l’accord de paix d’Alger, l’insécurité grandissante, la chute vertigineuse du pouvoir d’achat des citoyens, les mauvaises conditions de santé et surtout la phagocytose de l’école malienne à la lumière des années académiques et scolaires tronquées.

Des hommes et des femmes regroupés au sein du Mouvement du 5 juin (M5) ont ainsi demandé à IBK de rendre le pouvoir. La suite, on la connaît: les manifestations du 19 juin et du 10 juillet ont conduit à l’impasse. Pour le M5-RFP, IBK doit abandonner le trône. La mobilisation populaire du 10 juillet courant a conduit aux dérapages que l’on sait aujourd’hui: plusieurs morts et, on a enregistré des dizaines de blessés, des arrestations dans les rangs du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP).

À l’instant donc bien d’incertitudes planent sur le Mali. Entre autres:

1) Le M5 remportera-t-il la bataille finale ? En tout cas, il y a déjà des morts et des blessés. Sur ce bilan, il semble désormais peu probable le retour d’une quelconque confiance entre IBK et une partie de ce peuple.

2) Si le pouvoir parvenait à se maintenir aux affaires, peut-il dorénavant gérer les affaires de la même façon et avec les mêmes hommes ? Rien n’est moins sûr.

Dans ce cas de figure, le changement devient un impératif catégorique car comme le dira le Professeur Issa N’Diaye dans les colonnes du journal Aurore, N°119 de mars 1992: «On ne peut pas opérer certains changements en gardant les mêmes hommes qui, depuis, ont été habitués aux  mêmes méthodes de travail».

Tout compte fait, avec ou sans Ibrahim Boubacar Kéita, les réformes politiques profondes s’imposent désormais au Mali. C’est la seule condition pour que le peuple se retrouve enfin. Ces réformes sont désormais indispensables pour le mieux être de ce peuple.

Robert Mac Namara disait: «Des réformes politiques sont nécessaires. Ce n’est pas chose facile à accepter, mais si la répartition des terres, des revenus et des possibilités est dénaturée au point de provoquer le désespoir, les dirigeants politiques doivent choisir entre la réforme sociale ou une révolte sociale.»

De toutes façons, l’avenir réserve des incertitudes au regard de la dégénérescence de la crise socio- olitique nationale.

Fodé KEITA

Source : l’Inter de Bamako

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