L’Inde, deuxième pays le plus peuplé du monde, devient le 124e Etat à dépénaliser l’homosexualité. Ce jeudi 6 septembre 2018, la Cour suprême a pris la décision historique de qualifier d’illégal un article de loi datant du XIXe siècle et condamnant les relations sexuelles entre personnes de même sexe.
Avec notre correspondant à New Delhi, Sébastien Farcis
Devant la Cour suprême de la République indienne, ce jeudi à New Delhi, on voit des dizaines – voire des centaines – de personnes en liesse. Des cris de joie ont jailli spontanément de la bouche des gens rassemblés sur place quand les premières alertes sont tombées, puis lorsque l’annonce officielle est arrivée. Ali, un jeune homosexuel de 30 ans, tombe à genoux sur la pelouse devant la Cour suprême. « Ça y est, nous sommes en sécurité ! Cela a été un combat si long pour nous tous. Tellement de gens ont souffert à cause de cette loi. Maintenant au moins nous pouvons avancer vers plus d’égalité dans ce pays ! »
C’est donc fait. Cette loi 377, qui pénalisait les actes homosexuels depuis plus de 150 ans, a été abolie par la Cour suprême. Et ce, avec des mots très forts prononcés par le président de la Cour, qui affirme que cette discrimination est totalement « inconstitutionnelle », qu’elle n’a pas la place dans la démocratie indienne.
C’est l’épilogue d’un long combat pour la communauté homosexuelle. En 2009, une association a réussi à faire suspendre la loi par la cour d’appel de Delhi, mais la Cour suprême avait annulé cette décision en 2013. Finalement, dans ce jugement de la plus haute cour du pays, cette loi archaïque est déclarée définitivement anticonstitutionnelle.
Ces gens ont toujours vécu dans l’ombre, dans la peur que la police vienne les arrêter puis les inculper, en vertu de cette loi qui pouvait les faire condamner à dix ans de prison. Ils disent que la société ne va pas changer du jour au lendemain, mais que ça y est, la loi est avec eux. D’ailleurs un juge a exigé que le gouvernement offre une large publicité à ce jugement et qu’il commence à former les policiers et les fonctionnaires pour que les discriminations du quotidien envers les homosexuels cessent. Mais cela prendra du temps dans une société indienne encore largement conservatrice.
RFI