Une délégation de la CMA lors d’une rencontre à Bamako
Paradoxalement d’un côté, les mouvements signataires de l’Accord, dont la coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) pressent l’Exécutif central de Bamako à la révision constitutionnelle pour des raisons onctueuses, de l’autre côté ils mènent leur politique sécessionniste à l’offensive des terres.
Le beurre et l’argent du beurre ! Telle est l’expression qui cadre avec le double jeu que les mouvements armés signataires de l’Accord issu du processus d’Alger, dont la Coordination des mouvements de l’Azawad, font à l’égard de Bamako. Pendant que chacun d’eux continue de s’approvisionner à la ruche ouverte par les Nations Unies et autres partenaires dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger, ces mouvements dits « ex-rebelles », même s’ils détiennent toujours les armes, œuvrent à l’expansion de leur champ d’intervention sur les autres zones «hors contrôles».
En effet, dans la matinée du dimanche dernier, des populations de la ville d’Inwelane, située à 19 km dans l’Est de Talataye, ont eu chaud. Selon nos informations, une Délégation armée de la CMA, venue des Régions de Kidal et de Ménaka, y a fait irruption,dimanche 12 mai. Des affrontements ont ainsi éclaté entre cette dernière et une position du Mouvement pour le Salut de l’Azawad, un autre groupement d’autodéfense qui y administre depuis un moment alors qu’une convention signée et approuvée par les mêmes parties interdit toute présence militaire dans la zone.Même si aucun bilan humain ni matériel n’est à déplorer, les deux mouvements continuent avec la guerre des communiqués. Chaque clan se réclame l’appartenance de la localité.
Dans son communiqué numéro n°11/cd/19, dont une copie a été déposée à notre Rédaction, la Coordination des Mouvements de l’Azawad prétexte que Talataye est « un poste officiel de la CMA et reconnu comme tel par l’ensemble des acteurs en présence ». C’est du moins ce qu’a déclaré le porte-parole Mossa Ag Attaher avant de rajouter que leur mouvement reste sur sa position d’assurer dans cette ville la protection des personnes et des biens.
De leur côté, le Mouvement pour le salut de l’Azawad, dans un autre communiqué, répond qu’il est le seul mouvement présent dans la Commune de Talataye depuis sa scission de la CMA en 2016. «Le MSA rappelle que c’est par sa présence et son appui à Talataye que l’organisation de l’élection présidentielle a pu se tenir. Ainsi, la tenue de plusieurs rencontres de paix dont celle de janvier 2019 a permis le retour de la CMA, mais aussi l’appui aux ONG pour permettre le retour des services sociaux de base (notamment deux forages et la restauration du CSCOM de la localité) ont été rendus possibles », a réagi le MSA avant d’annoncer que le mouvement et ses alliés se mobilisent pour répondre farouchement à cette énième provocation de la CMA.
Cette situation intervient quelques mois après une autre attaque dans la même localité qui a fait une dizaine de morts dans les rangs du HCUA. Des armes, des munitions, des téléphones, des documents compromettants auraient été saisis sur les lieux de l’attaque.
Le Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA) affirme avoir mis la main sur des messages vocaux de menaces et de revendications des différentes attaques faites contre sa base. Des messages qui ont été échangés, selon lui, via un appareil classique qui serait de Sagdoudine Ag Ahmad dit Taradaq, un membre du MOC de Gao pour le compte de la CMA, à travers lesquels il revendique le vol du véhicule d’un Officier du MSA à Indélimane.
Alors en révisant la Constitution de 25 février 1992 dans ce climat de leurre et d’embuche, ne serait-on pas en train d’ouvrir la porte à la construction de l’antichambre de la partition du Mali au profit des séparatistes ?
En tout cas, l’Exécutif central de Bamako doit rompre le silence en informant le Peuple malien sur la réalité des choses et prendre les dispositions qui s’imposent.
Seydou Konaté
LE COMBAT