Le bureau exécutif de la Coordination des Mouvements armés (CMA) a tenu, à Kidal les 20, 21 et 22 octobre derniers, sa traditionnelle rencontre annuelle, marquant la fin de l’exercice précédent. À l’issue de cette rencontre, la CMA s’est prononcée sur des questions d’ordre politique, institutionnel, économique et de sécurité. Elle a appelé au parachèvement de la mise en place des autorités intérimaires, conformément à ses observations formulées au Premier miistre ; à un découpage territorial répondant aux aspirations des populations à la base, à la conduite des réformes institutionnelles, notamment la révision constitutionnelle… C’est le leader du HCUA, Alghabass Ag Intalla, qui a été porté à la tête du mouvement pour un mandat d’un an.
Cette session ordinaire, selon le communiqué final, était élargie aux coordinateurs des bureaux régionaux, commandants de zones militaires, délégués au sein des structures de suivi et de mise en œuvre de l’Accord.
Avancées de l’accord
À l’entame des travaux, il a été procédé à la passation de service entre M. Alghabass AG INTALLA, Secrétaire général du HCUA, comme nouveau Président, succédant ainsi à M. Billal AG ACHERIF, Secrétaire général du MNLA en fin de mandat.
Les débats ont porté sur différents thèmes, entre autres l’état d’avancement de l’Accord à la lumière de la nouvelle dynamique marquée par la désignation d’un ministère en charge de sa mise en œuvre et celui de la feuille de route du 22 mars 2017, les questions politico-institutionnelles, les questions défense et de sécurité, de développement économique, social et culturel, de justice, de réconciliation et d’action humanitaire.
Les ex-rebelles, à l’issue de leur rencontre, se sont réjouis de l’engagement renouvelé des parties concernées pour la relance de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, issu du processus d’Alger avant de saluer toutes les initiatives entreprises pour accélérer ce processus afin de combler les attentes des populations. La CEMA accorde toute son attention et s’engage à accompagner les efforts consentis pour traduire en actes concrets les dispositions de la feuille de route du 22 mars 2018.
Au titre de la mise en œuvre de l’Accord, les ex-rebelles de Kidal ont appelé au parachèvement de la mise en place des autorités intérimaires au niveau des cercles et Communes, en tenant compte de leurs observations formulées, par correspondance du 06 août 2018, au Premier ministre avant de demander l’opérationnalisation du processus par le transfert des ressources et des compétences inhérentes au bon fonctionnement des collectivités. Toujours sur le plan politique et institutionnel, la CMA a appelé à un découpage territorial conformément aux aspirations des populations à la base, à la conduite des réformes institutionnelles, notamment la révision constitutionnelle, la relecture du code des collectivités territoriales, la loi sur la libre administration, conformément à l’esprit et à la lettre de l’APR.
Questions sécuritaires
Au titre de la réforme du secteur de défense et de sécurité, cette rencontre de Kidal appelle les parties à convenir rapidement d’une architecture institutionnelle, régissant la nouvelle armée reconstituée et la police territoriale.
Elle salue et loue les efforts humanitaires consentis par tous les pays d’accueil, notamment la Mauritanie, le Burkina-Faso, le Niger et l’Algérie pour l’aide constante accordée aux réfugiés maliens, et appelle le gouvernement du Mali et tous les partenaires pour accélérer les conditions de retour des réfugiés, notamment la viabilisation des sites d’accueil et l’assistance à leur réinstallation socio-économique. Aux partenaires et organisations nationales et internationales, la rencontre appelle à plus de transparence et de collaboration avec toutes les parties prenantes à l’accord, afin d’éviter tous jugements ou conclusions aux préjudices regrettables pour la paix. Le conclave de l’ex-rébellion présente ses condoléances aux proches des victimes et condamne toute forme de violence, notamment les assassinats visant de plus en plus les membres de la CMA ainsi que le massacre des populations civiles à Ber, Ménaka, Indelemane, Amalawlaw, etc.
La rencontre a engagé la CMA à œuvrer pour la protection de toutes les populations de l’Azawad contre toutes agressions quels que soient les auteurs ou commanditaires et à promouvoir le vivre-ensemble au profit de tous.
Au titre du développement économique social et culturel, la rencontre réitère les appels de la CMA au Gouvernement du Mali, aux partenaires nationaux et internationaux pour un retour urgent des services sociaux de base, notamment le volet éducation, à l’opérationnalisation de la zone de développement par la mise en place urgente des Fonds de Développement durable (FDD).
Réorganisation interne de la CMA
Par ailleurs, les ex-rebelles recommandent un audit des fonds destinés au Programme d’urgence de Relèvement 2015-18, avant de saisir l’opportunité de la date du 22 octobre, commémorant le 18ème anniversaire de la lutte pour l’émancipation de la femme, pour assurer de sa détermination à impliquer les femmes dans toutes les instances de décision. La CEMA appelle, par la même occasion, les autres parties à promouvoir les espaces dédiés à la valorisation du rôle des jeunes et des femmes.
Dans le souci de préserver la cohésion sociale, la rencontre invite également tous les groupes armés non signataires impliqués dans le processus à réinvestir leurs efforts dans leurs regroupements d’origine.
La rencontre a décidé de même la refonte de tout le système de la défense et de sécurité de la CMA, en vue de mieux répondre aux défis sécuritaires actuels. Elle invite également la CMA à redynamiser ses structures centrales, régionales et locales pour une meilleure coordination des décisions.
Par ailleurs, la CMA invite la Plate-Forme à honorer ses engagements de réconciliation, conformément à l’accord d’Anéfif.
Par Sidi Dao
Source: info-matin.