Les États-Unis sur la défensive
Les nominations récentes dans l’administration Trump envoient un message clair à Pékin : la Maison-Blanche adoptera une ligne dure. Avec Marco Rubio comme secrétaire d’État, Mike Walz en conseiller à la sécurité nationale et David Perdue comme ambassadeur en Chine, l’équipe présidentielle est composée de figures connues pour leur hostilité à l’égard de Pékin.

Donald Trump a d’ailleurs réitéré sa promesse de mettre en place des tarifs douaniers de 60% sur les produits chinois. Il a également menacé les neuf membres du bloc des BRICS de sanctions économiques encore plus sévères s’ils tentaient de réduire la domination du dollar comme monnaie de réserve mondiale.

Le Brésil, un atout clé pour Pékin
Face à ces menaces, la Chine s’active pour renforcer ses partenariats au sein des BRICS, et le Brésil apparaît comme un allié stratégique. Avec plus de 200 millions d’habitants, le pays sud-américain représente un marché de consommation important, mais aussi une source majeure de matières premières pour la Chine.

Les exportations brésiliennes de soja, de viande bovine et de minerai de fer répondent aux besoins croissants de l’économie chinoise. Pékin y voit également une opportunité de diversifier ses approvisionnements agricoles, un enjeu vital alors que les tensions avec les États-Unis risquent de limiter les échanges bilatéraux.

Diversification et diplomatie économique
Cette réorientation vers les BRICS s’inscrit dans une stratégie plus large de Pékin : réduire sa dépendance aux marchés occidentaux tout en renforçant son influence dans les économies émergentes.

Les BRICS, bien que disparates dans leurs objectifs nationaux, offrent un cadre de coopération qui sert les ambitions chinoises.

La Nouvelle Banque de développement (NDB), créée par le bloc en 2014, finance des projets d’infrastructure dans les pays membres et facilite les échanges économiques. Pour la Chine, ces initiatives permettent de poser les bases d’un réseau commercial et financier alternatif, moins dépendant des institutions dominées par l’Occident.

Pour autant, la volonté des BRICS de contester la suprématie du dollar demeure limitée.

Et si la Chine promeut activement l’utilisation du yuan dans les échanges internationaux, elle hésite encore à libéraliser totalement les flux de capitaux. Il s’agit d’une condition essentielle pour que sa monnaie devienne une véritable alternative au dollar.

Un signal d’alarme pour l’agriculture américaine
Pour les agriculteurs américains, l’intensification des relations sino-brésiliennes est un développement inquiétant. La Chine est depuis longtemps un marché crucial pour des produits comme le soja. Une réorientation des importations chinoises vers le Brésil pourrait réduire les débouchés pour les producteurs américains, déjà fragilisés par les incertitudes commerciales.

Si la Chine poursuit cette voie, les effets se feront sentir bien au-delà du secteur agricole. L’économie américaine dans son ensemble pourrait voir son influence diminuer sur les marchés émergents, à mesure que Pékin y consolide ses positions.

Une stratégie risquée mais nécessaire
Renforcer ses échanges avec le Brésil et les autres membres des BRICS est pour la Chine une réponse pragmatique aux défis posés par les États-Unis. Mais cette stratégie n’est pas sans risques. Le Brésil, par exemple, doit encore surmonter des faiblesses structurelles, notamment des infrastructures insuffisantes, pour maximiser son potentiel commercial.

De plus, la concurrence au sein des BRICS pourrait limiter les bénéfices de cette diversification pour Pékin. L’Inde et la Russie, notamment, aspirent elles aussi à renforcer leur influence économique dans la région.

Un nouvel ordre économique en construction
Avec cette stratégie tournée vers les BRICS, la Chine redéfinit son rôle dans un système mondial en pleine transformation. Plutôt que de se laisser marginaliser par les politiques protectionnistes de Washington, Pékin accélère ses efforts pour construire un réseau d’alliances économiques multipolaires.

Si les tensions commerciales persistent, cette réorientation pourrait remodeler les flux commerciaux mondiaux, redistribuer les rapports de force économiques et affaiblir davantage la domination américaine sur les marchés émergents.

Pour les États-Unis, cette dynamique pose une question essentielle : leur approche agressive vis-à-vis de la Chine risque-t-elle de catalyser un basculement durable vers un nouvel ordre économique mondial ?

source : Le Diplomate

Via: https://reseauinternational.net