Alors même que le peuple malien se concerte pour trouver une solution de décrispation de la situation sociopolitique, les partenaires s’impatientent et tentent de hâter la mise en place d’un gouvernement civil pour gérer la transition. En effet, la CEDEAO a, officiellement, mis en demeure le CNSP de transmettre le pouvoir aux civils avant la mi-septembre. Plus menaçante que jamais, la CEDEAO veut-elle s’arroger le pouvoir souverain du peuple malien ?
Mettre en demeure le CNSP, alors même que celui-ci a convenu avec le peuple de se concerter pour décider, revient à denier au peuple le droit à l’autodétermination. Les maliens ont accepté le principe et jouent le jeu de la consultation préalable. C’est donc surprenant que la CEDEAO attise le feu qui risque de provoquer un embrasement. Mais le peuple malien, convaincu de la nécessité d’un dialogue, ne prêtera pas oreille attentive à cette annonce irréfléchie, une pression inappropriée car trop prématurée.
Par ailleurs, on signalera également que cette organisation sous-régionale a perdu toute crédibilité aux yeux des maliens. La plupart des donneurs de leçon de démocratie, (le président Ouattara, le président Condé) sont connus pour leur mépris pour les règles du jeu. Tentant, tous deux, de briguer un troisième mandat en violation du droit constitutionnel des pays respectifs, ils décrédibilisent la CEDEAO.
Aussi, les menaces proférées par l’organisation indiffèrent le peuple souverain du Mali. Ce dernier doit poursuivre le dialogue visant à préciser les qualités essentielles des autorités de transition. Le CNSP se sait déjà mis en demeure par le peuple qui lui a rappelé les limites de son pouvoir. Pour paraphraser le très respecté Imam Dicko, le CNSP n’a pas « carte blanche ». C’est une mise en demeure légitime qui est plus à même de produire des effets positifs pour le peuple. Ce dernier espère, qu’au sortir de la concertation démocratique, sera mis en place une équipe pour une durée consensuelle.
A ce jour, les maliens semblent soutenir le CNSP dans le processus enclenché et demeurent disposés à poursuivre le dialogue pour faciliter la transition. Le retour des civils au pouvoir est une alternative envisageable pour la transition. En dépit des conflits d’intérêts latents, les maliens sont condamnés à trouver un terrain d’entente pour une sortie de crise. Fort heureusement, nous en sommes conscients et restons engagés.
La CEDEAO doit revoir son approche pour solutionner la crise malienne conformément aux vœux du peuple souverain. Elle ne peut ajouter à la souffrance des maliens avec des sanctions économiques. Le mieux qu’elle peut faire c’est encourager une concertation inclusive pour que la solution adoptée soit endogène. Il n’existe pas de solution CEDEAO pour le Mali mais plutôt une solution malienne négociée par toutes les forces vives de la démocratie.
Dr Moussa Dougouné
Le Pélican