VOIX. L’ancien international camerounais rejette en bloc l’idée du président de la Fifa d’organiser la Coupe d’Afrique des nations tous les quatre ans.
Voilà plusieurs jours que la polémique enfle. Depuis que le président de la Fédération internationale (Fifa), Gianni Infantino, a préconisé que la Coupe d’Afrique des nations (CAN) soit désormais organisée tous les quatre ans, au lieu de deux ans, les sportifs africains se lèvent pour faire entendre sérieusement leur voix. Il y a d’abord eu Didier Drogba qui s’est prononcé favorablement pour la proposition. Une position qui tranche avec celle de Samuel Eto’o. L’ancien international camerounais et quadruple joueur africain de l’année s’est clairement positionné contre : « Je n’accepte pas ce qu’il a dit », a-t-il calmement lancé dimanche dans l’émission Le Débat africain sur RFI. « Est-ce l’intérêt des Africains d’organiser une CAN tous les quatre ans ? Je crois que c’est plutôt celui des Européens. Ils veulent avoir à disposition les Mohamed Salah, Sadio Mané ou Pierre-Emerick Aubameyang. La Fifa défend l’intérêt des clubs européens », analyse Eto’o. En réalité, cela fait de longs mois que le torchon brûle en coulisse entre la CAF et l’instance mondiale du ballon rond.
Eto’o étrille le projet de Gianni Infantino
S’exprimant lors d’un séminaire continental à Rabat, au Maroc, Gianni Infantino avait jugé insuffisants les « progrès » des dernières décennies pour accroître la compétitivité du football africain à l’échelle planétaire. Il a alors dévoilé une stratégie conjointe à la Fifa et à la Confédération africaine (CAF) reposant sur trois piliers : « l’arbitrage, les investissements et le développement des compétitions », selon un communiqué publié sur le site Internet de la Fifa.
Au titre de ce troisième volet, le patron de l’instance suprême du football mondial a évoqué « la création d’une nouvelle compétition de clubs panafricaine », une « super League » avec notamment 20 clubs « membres permanents » ou encore le « repositionnement de la Coupe d’Afrique des nations », qui se jouerait « tous les quatre ans ». « Ce que je vous demande, et c’est votre décision, c’est de discuter et de réfléchir à passer à une Coupe [d’Afrique] des nations tous les quatre ans », a dit Gianni Infantino. « Bien sûr, à condition que les revenus qu’on perd soient compensés. On s’occupe de ça et, si on travaille ensemble, on ne va pas seulement doubler les revenus de la CAN, on va les multiplier par 4 ou par 6 en présentant un produit pas seulement à l’Afrique, mais au monde », a-t-il ajouté.
De nombreuses questions
Samuel Eto’o, qui a pris sa retraite en septembre dernier, n’a pas mâché ses mots et dénonce un « manque de tact » de la part d’Infantino. « Il y a un partenariat gagnant-gagnant entre la Fifa et la CAF. Je suis proche de Gianni Infantino et d’Ahmad. Mais je crois que Gianni Infantino a manqué de tact », affirme la star africaine du ballon rond. Pour Samuel Eto’o, il faut aller au-delà des simples effets d’annonce. « Comment va-t-on financer notre football ? Où va-t-on trouver l’argent avec une CAN tous les quatre ans ? Nous devons mettre notre football au niveau de celui des Européens », analyse l’ex joueur d’Everton. « Avant, entre la CAF et la Fifa, les relations n’étaient pas bonnes. Mais ça ne donne pas le droit aux autres de nous imposer des choses », lâche le Camerounais, précisant qu’il a été « très dur » sur le sujet lors d’un entretien avec Gianni Infantino, qu’il connaît très bien. Interroger en sa qualité d’ambassadeur d’Ahmad Ahmad, le président de la CAF, sur la mission de six opérée par Fatma Samoura, la numéro deux de la Fifa, au Caire, Samuel Eto’o a répondu : « Nous avons demandé l’aide de la CAF pour aller plus vite dans la restructuration », argumente-t-il. « Il faut une politique sur le continent africain pour développer les championnats. C’est ce qui permettra aux équipes nationales de ne pas vivre dans le chantage », conclut Samuel Eto’o. La prochaine Coupe d’Afrique des nations aura lieu au Cameroun en 2021. Lors de cette édition, la CAN reviendra à sa période traditionnelle, janvier-février, après avoir été organisée pour la première fois en juin et juillet, en 2019, en Égypte.
Par Le Point Afrique