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La BCEAO « libère » de la liquidité pour les banques

Le Comité de Politique Monétaire de la BCEAO a tenu le 1er mars 2017, sa réunion trimestrielle. Il a analysé les principales évolutions récentes ainsi que les perspectives économiques et financières des huits pays (Côte d’Ivoire, Sénégal, Burkina, Mali, Bénin, Niger, Togo, Guinée Bissau) membres de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). Dans cet exercice, le Comité s’est appesanti sur l’examen des risques pouvant peser sur la stabilité des prix et la croissance économique dans l’UEMOA.

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Ainsi, il est apparu qu’à l’horizon de 24 mois, le taux d’inflation, en glissement annuel, est projeté à 1,7%, en phase avec l’objectif de stabilité des prix poursuivi par la Banque Centrale. Il faut dire que la BCEAO cherche à tout instant, à maîtriser la hausse du niveau général des prix, car elle estime qu’une inflation trop forte se traduit par une baisse du pouvoir d’achat des populations et augmente des incertitudes sur le futur, rendant plus difficiles les prises de décision des agents économiques en matière de consommation, d’épargne et d’investissement.

Sur le plan de la croissance économique, le Comité a relevé le maintien du rythme soutenu de l’activité économique dans l’Union au quatrième trimestre 2016. Ainsi, le taux de croissance du produit intérieur brut de l’Union, en glissement annuel, est ressorti à 6,5% contre 6,8% le trimestre précédent. Pour l’ensemble de l’année 2016, la croissance économique de l’Union est estimée à 6,8%, après 6,6% en 2015. Les projections tablent sur une progression du PIB réel de l’Union de 7,0% en 2017.

Sur la base de ses analyses qui ont révélé qu’il n’y a pas de menace à moyen terme sur le front de l’inflation et qu’en plus, les perspectives de croissance sont relativement confortables dans l’UEMOA, le Comité de Politique Monétaire a décidé de maintenir les taux directeurs de la BCEAO à leurs niveaux précédents.

Les taux directeurs sont les taux appliqués par la Banque Centrale aux banques lorsqu’elles viennent emprunter des ressources à ses guichets pour, entre autres, accorder des prêts à leur clientèle. Les banques sont censées répercuter l’évolution de ces taux directeurs sur les taux qu’elles servent à leurs clients.

Les taux directeurs ont ainsi vocation à donner au système bancaire et au marché, des indications et des signaux sur l’évolution que la Banque Centrale souhaite voir imprimer au coût et au volume du crédit bancaire ou du financement d’une manière générale. Une baisse de ces taux ou leur maintien à des niveaux relativement bas signifie que la Banque Centrale voudrait favoriser les crédits, donc relancer les investissements et la croissance. A contrario, une hausse des taux directeurs montre qu’elle anticipe des tensions inflationnistes qu’elle voudrait maîtriser en rendant le crédit plus cher, freinant de ce fait sa distribution.

Aux termes des décisions prises le 1er mars 2017 par le Comité de Politique Monétaire de la BCEAO, le taux d’intérêt minimum de soumission aux opérations d’appels d’offres d’injection de liquidités, qui est le principal taux directeur de la Banque Centrale, est demeuré à 2,50%, niveau en vigueur depuis le 16 septembre 2013. Le maintien de ce taux à ce niveau relativement bas vise à continuer d’accompagner la croissance dans l’UEMOA sans pénaliser les conditions de rémunération des dépôts bancaires, tout en conservant une marge d’action efficace en cas de réelle nécessité.

Quant au taux d’intérêt du guichet de prêt marginal, il est resté à 4,50%, niveau en vigueur depuis le 16 décembre 2016, en vue de poursuivre l’amélioration du fonctionnement du marché monétaire. Ce guichet a vocation à fournir des liquidités d’appoint aux banques.

Le Comité de Politique Monétaire de la BCEAO a également relevé que sur le compartiment à une semaine du marché interbancaire, le taux d’intérêt moyen pondéré s’est accru, passant de 4,39% le trimestre précédent à 4,48%. Le marché interbancaire est celui sur lequel les banques se prêtent de l’argent entre elles. En règle générale, les évolutions de son taux de référence reflètent celles du niveau de la liquidité bancaire, l’état des informations disponibles sur le marché et le degré de la confiance que se font mutuellement les banques.

Une hausse des taux interbancaires peut être la conséquence d’une insuffisance de liquidité sur ce marché. En effet, comme tout bien dont la demande s’exprime, sa rareté se traduit par une hausse de son prix.
En vue d’accompagner la mise en œuvre des mesures visant un meilleur fonctionnement du marché interbancaire, le Comité de Politique Monétaire de la BCEAO a recouru à un autre de ses instruments de régulation monétaire. Il a en effet, décidé de baisser de 200 points de base, c’est à dire de 2 points de pourcentage, le coefficient des réserves obligatoires applicables aux banques de l’Union pour le ramener de 5,0%, niveau en vigueur depuis le 16 mars 2012, à 3,0%. Cette décision prend effet à compter du 16 mars 2017.

Les réserves obligatoires sont des ressources que les banques centrales obligent les établissements de crédit à déposer auprès d’elles. Ce dispositif vise principalement à créer ou accentuer un déficit structurel de liquidité au niveau des banques voire du marché et, en conséquence, accroître la demande des banques en monnaie centrale. Ceci offre aux banques centrales, l’opportunité d’intervenir pour renflouer le système bancaire en liquidité et avoir ainsi un moyen d’action sur le niveau des taux sur le marché interbancaire.

A travers cette diminution du coefficient des réserves obligatoires, la BCEAO sera moins exigeante sur les niveaux des réserves à constituer auprès d’elle par les banques et projette ainsi de « libérer » une partie de leurs ressources. Cette mesure devrait renforcer les capacités d’octroi de crédit des banques entre elles sur le marché interbancaire et de financement des économies de l’UEMOA à des taux d’intérêt plus bas.

Gageons que les banques sauront répercuter favorablement ces décisions de politique monétaire accommodante d’une part sur le volume de crédit et d’autre part, sur leurs taux débiteurs en rationalisant par ailleurs, la structure des coûts de leurs ressources et en résistant à l’envie d’accroître leur taux de marge bénéficiaire.

Source: Koulouba.com

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