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La bataille de NAMPALA: Le Mali doit tirer les leçons du passé

Le village de Nampala pour ceux qui le connaissent, savent bien qu’il est sur un terrain plat. Les hommes politiques maliens ont critiqué le gouvernement en disant que l’armée n’a pas d’hélicoptères de combats et d’armes nécessaires pour faire face aux assaillants. Ce sont des propos qui ne tiennent pas. Il ne suffit pas seulement d’avoir des armes nécessaires avec un bon effectif, il faut aussi le cœur et la volonté pour combattre. Il faut aussi être vigilant.

carte mali nampala

Dans les opérations militaires de 1964 à Kidal, il y avait une unité de notre armée qui était campée pour manger à Aguelhoc. Elle ne savait pas qu’elle était dans une embuscade. Cette unité était à dos de chameaux mais elle avait tenu devant l’ennemi jusqu’à l’arrivée du renfort de Kidal.

Dans un article de M Christophe Boisbouvier et intitulé «Ce jour-là 2 décembre 1990, Déby prend le pouvoir», le combat qui avait permis aux troupes de Déby de prendre le  dessus avait eu lieu dans «une immense plaine herbeuse près de la localité frontalière de Tiné. Chaque camp aligne une centaine de tout-terrains équipés de canons bi- tubes ou de mitrailleuses». Ce jour, les militaires ont un jargon qui disait que «dans les charges de cavalerie, c’est le plus fou qui gagne». Et ce sont les hommes de Déby qui avaient pris le dessus.

Lors d’une cérémonie au palais de Koulouba, le président IBK avait donné le signal à la hiérarchie militaire quant à la situation des soldats qui dorment aux check-points et dans les camps. Quand on est sur un terrain de guerre, il ne doit pas y avoir une attaque surprise de l’ennemi. On n’a pas le droit de dormir comme on est dans sa famille au milieu de son lit.

Les djihadistes sont des hommes comme nous et s’ils ont une conviction de combattre, les soldats maliens doivent avoir la conviction de combattre. Les djihadistes à Nampala ne sont pas venus avec des hélicoptères. Ils ont eu à faire une tactique de combat en coupant tous les check-points du camp.

Pendant la guerre d’octobre 1973 entre l’Egypte et Israël, un général égyptien face à l’ennemi avait eu à miner tout le terrain devant lui et dans sa tête quand l’ennemi venait l’attaquer, il va tomber dans le champ de mines.

Le général israélien avait eu à contourner la division égyptienne en venant dans son dos. Toute la division égyptienne a été mise hors combat. Quand le général égyptien et ses soldats  ont été faits prisonniers, le général israélien l’avait posé cette question : «Pourquoi quand je suis venu dans ton dos, tu n’as pas avancé ?»

Le général égyptien l’avait répondu en lui disant ceci : «Tu sais ce qui est devant». Pourquoi tu as fait ça, a dit le général israélien au général égyptien ? Réponse du général égyptien : «C’est ce qu’on nous a enseigné à l’académie militaire». Réponse du général israélien au général égyptien : «Ce n’est pas tout ce qu’on t’a enseigné à l’académie militaire qu’il faut appliquer sur le terrain».

Les événements d’Abeibara 2008, Tin Zaoutène, Amachach, Ménaka et Aguelhoc (2012), Konna 2013, Tessit 2014 doivent donner des leçons à notre armée. Nampala connaît déjà un passé douloureux avec la mort de plusieurs de nos soldats et la perte de notre matériel militaire.

Le capitaine Diby Sylas Diarra n’a jamais accepté qu’un soldat fui devant l’ennemi en laissant le matériel de guerre à lui. Un soldat doit mourir les armes à la main ou bien prisonnier les armes à la main. Il faut aussi que le gouvernement écoute la hiérarchie militaire pour recruter le nombre qu’il faut car le territoire est trop vaste.

Pour résorber le chômage, il faut penser à recruter et ce recrutement doit être délocalisé. Au lieu que ça soit dans les régions administratives, il faut aller jusque dans le profond des zones rurales. Il faut aussi lutter contre l’impunité et les injustices flagrantes car l’injustice est source de  mécontentements qui vont aboutir aux rebellions. Le gouvernement doit écouter les populations sur le plan de la justice. Le problème de justice est un problème fondamental.

Les politiciens maliens ont eu à faire le mauvais choix en appelant la France à la rescousse. La France ne va jamais régler le problème de quelqu’un ou d’un pays. Le problème c’est elle- même.

En Côte d’Ivoire, elle s’était interposée entre les forces de Laurent Gbagbo et celles de Guillaume Soro pendant huit ans et elle a fini par installer ce qu’elle veut au pouvoir. La France va créer des foyers de tension partout au Mali pour que les Maliens oublient Kidal.

Après le centre du Mali avec «les peuls», ce sera le tour des Bambaras, des Sénoufos, des Miniankas, des Sonrhaïs, des Soninkés, etc. Et le Mali sera en lambeaux. Ceux qui avaient donné l’occasion à la France d’intervenir dans notre pays ont pris une lourde responsabilité devant l’histoire. Les Maliens doivent compter sur leurs propres forces.

Tant que la France est là au Mali, il ne connaîtra pas la paix. La France ne souhaite aucune paix dans les autres pays en voie de développement. En Centrafrique, elle a créé le chaos qui persiste encore. Les Africains doivent penser à financer leur propre développement en acceptant un sacrifice énorme. Les lycées que la France vient de reconstruire dont le lycée Bouyagui Fadiga, si les Maliens ont la volonté d’indépendance et de dignité, nous sommes combien de Maliens pour le financement de ces quelques lycées ?

Chaque année, les fonctionnaires maliens et les opérateurs économiques maliens, s’ils ont la volonté, sont en mesure de financer certains chantiers chers à notre développement comme la construction de centres de santé, d’écoles, d’aménagements rizicoles, etc.

Les petites aides publiques de la France et de l’union européenne aux pays africains sont les seuls prétextes pour s’immiscer dans nos affaires intérieures avec une volonté de dicktat. A quand notre réveil ?

Yacouba ALIOU

Source: L’Inter de Bamako

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