Il est de coutume dans la pratique démocratique au Mali que les politiciens dans leur écrasante majorité n’ont que faire de la fidélité à leurs formations d’origine. Ces hommes et ces femmes il faut le dire, n’ont aucune conviction politique véritable à laquelle s’en tenir. Pour preuve :
– Le premier constat est et reste que le parti qui arrive aux affaires s’attire la sympathie de la scène politique nationale. Parce que le gage n’est généralement pas de servir le Mali mais de s’en servir. Comme pour dire qu’au Mali, rares sont les politiciens qui ne se demandent pas de quel côté on vit mieux et s’enrichit mieux.
Rares sont ceux qui se demandent de quel côté se trouve le devoir. Témoin !
Lorsque les collaborateurs de Moussa Traoré ont senti sa chute, ils ne se sont pas faits prier pour retourner leurs veste : les contre-marcheurs soutenant le Président, sentant la fin prochaine de son règne ont vite fait de rejoindre les marcheurs contre Moussa. Une façon de dire que le mouvement démocratique malien était en 1991 un fourre-tout à tel point que c’était difficile de distinguer les patriotes des apatrides, tous chantant la même chanson. Tout le monde disait à haute et intelligible voix :
«An tè korolé fè fo coura».
A la chute de Moussa Traoré, la quasi-totalité des secrétaires généraux de l’ex parti unique (UDPM) ont rejoint la ruche, travaillant ainsi à se camoufler aux dépens des masses laborieuses. C’est bien cette pratique malsaine et peu recommandable qui est érigée en mode de vie dans notre pays. Dès lors, c’est par intérêts matériels et financiers immédiats que les politiciens peuplent les partis politiques et non par conviction politique. À ce niveau, l’on rappelle que lorsque le candidat indépendant Amadou Toumani Touré a remporté une majorité confortable au 1er tour de la présidentielle de 2002, il a été rejoint par l’écrasante majorité des politiciens maliens pour lui conférer la victoire finale au second tour. C’est ainsi que sachant le caractère opportuniste des politiciens maliens.
ATT a entrainé tout le monde ou presque dans son sillage de CONSENSUS faisant ainsi de la classe politique comptable de sa gestion, ATT a été chassé du pouvoir par le capitaine Amadou Haya Sanogo et ses hommes. C’est alors que les valses politiciennes reprirent du service entre Bamako et Kati et cela pour se faire aimer de l’homme fort de la circonstance. Des piles de dossiers ont été remises au Premier ministre d’alors Cheick Modibo Diarra en vue du premier remaniement ministériel post- ATT. Quel opportunisme malveillant !
Lorsque la tendance était en faveur d’Ibrahim Boubacar Keita, l’opportunisme politique avait repris du service. Quand il fut élu au second tour président avec 77,66% des suffrages exprimés, IBK a dit qu’il doit sa victoire à tout un peuple et non à sa seule formation politique. Ce qui signifiait qu’il avait les mains libres dans sa gestion et qu’il ne devait à personne en particulier.
Malgré tout, les alliances se sont tissées autour de lui jusqu’à obtenir la majorité des députés à l’Assemblée Nationale. Ainsi s’est dégagée, sans se faire inviter, une majorité présidentielle autour du parti des Tisserands (RPM).Mais à la différence de son prédécesseur ATT, IBK a surpris plus d’un chaque fois qu’il y a formation d’un gouvernement.
Son Premier Premier ministre n’a pas été choisi à la convenance de la Mouvance présidentielle. Tatam Ly a dirigé le premier gouvernement d’IBK pendant six (06) bons mois. Les ministres n’ont pas été l’émanation de la volonté de la majorité. Il en fut de même pour Moussa Mara fondateur du parti Yèlèma.
Après des critiques virulentes contre celui-ci, IBK a surpris pour une troisième fois en appelant un homme de 75 ans pour diriger l’équipe gouvernementale. C’est alors que les langues ont commencé à se délier quant à la volonté du Président de la République de ne pas se lier les mains. C’est d’ailleurs pourquoi on dit souvent qu’IBK n’écoute personne et qu’il fait toujours à sa tête. Ainsi, la majorité qui forme la mouvance présidentielle connait de plus en plus de fissures.
À titre d’exemples on peut noter que l’Alliance Démocratique du Peuple-Maliba a suspendu sa participation à la Majorité présidentielle au motif que le changement se fait toujours attendre pendant que le Président n’est pas à l’écoute.
Le Parti «Lumière» aurait aussi emboité le pas à l’ADP-Maliba.Un fait plus spécifique fut que lors de l’élection partielle de Baraouéli, le RPM n’est même pas venu au second tour. Ces actes qui se succèdent au sein de la mouvance présidentielle attestent que le président est de plus en plus désavoué dans sa propre formation parce que, dit-on, «le Président n’écoute pas les gens». Comme pour dire que la désillusion devient chaque jour plus manifeste au cœur même de la majorité.
Le vent et la couleur des élections de 2018 sont-ils en gestation à mi-mandat du président Ibrahim Boubacar Keita ? Tout compte fait, il est déjà opportun de se demander si IBK peut encore sauver ses meubles. En tout cas le mécontentement populaire grandit chaque jour davantage, ainsi que les désaccords autour de sa gestion de la crise sécuritaire dans notre pays. Que Dieu sauve le peuple malien !
Fodé KEITA
Source: L’Inter de Bamako