À Khalil plusieurs personnes ont confirmé les horribles viols perpétrés par le Mnla. Aujourd’hui les cas confirmés sont au nombre de trois. Les victimes sont deux femmes de la tribu Touabir et la troisième est de la tribu Aoulad Ghannam. Elles sont toutes des ressortissantes de Tombouctou et alentours.
Ces informations sont confirmées par un directeur d’Ong, qui a requis l’anonymat. Et selon lui, n’importe quelle personne du centre de Santé de Borj Baji Mokhtar peut les confirmer. D’autant que, a-t-il estimé, bon nombre de personnes ont vu ces femmes qui ont été auscultées par le médecin. Suivant ses propos, il s’agit de viols collectifs, c’est-à-dire que ces femmes ont été violées à tour de rôle par plusieurs individus, comme ce fut le cas des femmes Bella à Gao et Tombouctou.
Quant aux pillages et vols, les Arabes qui en ont été victimes pensent que les preuves sont multiples. Comme le confirment ces témoignages d’un Arabe : «C’est comme si tu me demandais de prouver que le soleil se lève à l’est et se couche à l’ouest. Ces actes ne passeront pas. Il aurait été mieux de tuer ces femmes que de les violer. Le MNLA a semé la graine de la haine». D’autre part, il existe aujourd’hui un sentiment de revanche chez les nomades, a expliqué notre interlocuteur. «Le sentiment de la communauté arabe aujourd’hui est que cet affront doit être lavé et ceci quel qu’en soit le prix. Les exactions de l’armée malienne passent au second plan, car l’armée malienne tue mais ne viole pas. Les gens préfèrent aujourd’hui la répression de l’armée malienne à la fraternité du MNLA, c’est le constat qui se dégage malheureusement et qui ne présage rien de bon», affirme-t-il. C’est dire que les Arabes de la zone de Khalil sont révoltés. Et c’est ce qui explique l’attaque d’une colonne de 6 véhicules du Mnla. Cette colonne a été interceptée par le MAA. «Les 30 occupants des véhicules ont été tués et les 6 véhicules emportés par les éléments arabes», croit savoir notre interlocuteur.
C’est suite aux pillages, vols et viols attribués aux éléments du Mnla, à In-Khalil, que les Ifoghas et Chamanamas de Kidal ont tapé du poing sur la table. C’est pourquoi, le clan des Ifoghas dirigé par Bilal Ag Acharif a intimé l’ordre aux pillards de In-Khalil de rendre aux Arabes les biens volés et pillés, autrement le Mnla ne sera plus le bienvenu ni à Kidal ni dans sa région. Pour eux, les responsables des viols doivent se sauver des zones d’influence au-delà de In-Khalil. De fait, les cadres Idnanes appartenant au Mnla sont tous aujourd’hui à Borj Baji Mokhtar, pour étudier ce qu’il faut faire et toutes les personnes interrogées sur place estiment que le Mnla étudie la possibilité de rendre au moins une partie des biens volés pour éviter le clash avec le clan des Ifoghas et Chamanamas.
C’est dans cette optique que la communauté arabe veut qu’il y ait un cadre d’échanges avec les notables de Kidal, afin de trouver une solution à ce conflit entre communautés, par-delà la région et le pays.
Almoustapha Ag Taya (Kidal)