Suite à un regrettable malentendu, le bureau de la douane a été mis à sac par la population. Les manifestants protestaient contre la saisie par les douaniers de produits prohibés

Nous sommes samedi, il est 11h à Koury, ville frontalière du Burkina Faso. Cette ville, l’on se souvient, a connu, il y a une semaine, une manifestation de la population suite à une opération de saisie de médicaments et d’autres produits prohibés menée par le bureau de la douane. Le calme est revenu et la population semble avoir retrouvé sa quiétude et a repris normalement ses activités.
Aussi bien dans la ville qu’au niveau du bureau de la douane le calme est de mise. Seuls les débris des vitres cassées et les bureaux saccagés viennent rappeler cet incident malheureux. Le travail a repris ses droits et les agents sous la direction du chef du bureau secondaire, le commandant Fousseni Camara s’affairent à la vérification de deux cars en provenance du Burkina voisin. Au cours des événements, les manifestants, dans leur colère, n’ont épargné aucun bureau. Seul le site de scanner a été épargné. Parce que les douaniers ont réussi à détourner l’attention des manifestants de cette installation.
Les échos du grabuge survenu dans la ville de Koury ont fait le tour des réseaux sociaux. Certains journaux et radios en ont fait leurs choux gras. Que s’est-il passé réellement ?
Les remous ont éclaté lors d’une opération des agents de la douane. Les responsables des gabelous tiennent à préciser que leur mission est la protection des populations à travers la lutte contre l’introduction sur notre territoire de produits pharmaceutiques contrefaits, donc impropres à la consommation. C’est justement dans l’exécution de cette mission que les agents de la douane de Koury se sont heurtés à la résistance de certaines personnes.
La tentative de saisie de produits prohibés emmagasinés dans deux magasins situés aux abords du marché, a provoqué la grogne populaire. La foule, composée en majorité de jeunes, a fait mouvement vers le bureau de la douane pour le mettre à sac.
Qui a orchestré ce soulèvement contre les agents de la douane, de la gendarmerie et des Eaux et forêts ? Est-ce le commerçant propriétaire des produits « pharmacie par terre » ? Considère-t-il que la vente de produits prohibés comme le cannabis et les munitions constitue une activité légale ? La justice, déjà saisie, s’évertuera à trouver des réponses à ces questions.
Des individus ont été déjà appréhendés et mis à sa disposition. Les faits sont d’autant plus graves qu’ils ont occasionné mort d’homme. Selon le premier responsable de la douane de Koury, tout est parti d’une information précise concernant deux magasins qui excellent dans la vente des produits prohibés notamment le chanvre indien. Les douaniers ont monté une opération pour procéder à la saisie des produits prohibés. Le chef des gabelous de Koury assure que les choses ont bien débuté puisque le propriétaire des deux magasins avait coopéré dans un premier temps. Mais lorsque les douaniers ont commencé à saisir ses marchandises, il s’est mis à ameuter les jeunes en les incitant à se dresser contre les agents de l’Etat.
Le témoignage, à cet effet, du président du Conseil national des jeunes de Koury, Seydou Cissouma, est éloquent. « Le marché de Koury représente tout pour la population. Donc sans chercher à comprendre ce qui s’est passé, nous avons cru à un harcèlement. Pour nous l’intérêt commun était menacé, il fallait réagir. C’est de là qu’est partie cette manifestation regrettable qui a fait 1 mort et deux blessés dont les vies ne sont pas en danger ».
Les blessés ont été admis au Centre de santé communautaire dont le chef de poste, Amadou Haïdara a joué un rôle dans l’apaisement de la situation. Il invite la population de Koury à collaborer par les services de sécurité et la douane pour mettre hors du marché les produits prohibés dont l’utilisation est nocif à la santé.
A la mairie aussi on regrette l’incident malheureux. Tiekoura Daou explique que le gouverneur de Sikasso, la société civile ainsi que la collectivité, se sont mobilisés pour calmer les manifestants et appeler à la retenue. Jusqu’à présent les messages d’apaisement passent en boucle dans les différentes radios de la ville pour mieux sensibiliser la population et l’exhorter au calme.
Cette stratégie semble porter fruit car le calme est revenu et la population regrette ce qui s’est passé. L’édile invite ses administrés à un changement de comportement. Il appelle les services de répression à œuvrer avec tact et patience pour mieux faire connaître leur mission qui, en réalité, a pour but d’assurer le bien-être de la population. Les habitants doivent comprendre qu’en dénonçant les trafiquants, ils protègent ainsi leur propre santé.
Le premier responsable du CNJ de la localité, assure que l’incident est clos. « La jeunesse de Koury cherchera désormais à comprendre les problèmes avant d’agir. Nous sommes prêts à accompagner la douane, qui à son tour, doit nous comprendre », conclut Seydou Cissouma.
Le directeur régional de la douane de Sikasso, le colonel Mahamet Doucara, soutient que cet incident ne peut en aucun cas être imputé aux douaniers qui ne faisaient que leur travail de saisie de tous les produits prohibés donc dangereux pour la population.
La vente des munitions, du chanvre indien et des produits pharmaceutiques non homologués est formellement interdite dans notre pays, rappelle le directeur régional qui promet de faire davantage d’efforts pour mieux faire comprendre la mission de la douane à la population.

Mariam A. Traoré

Source: essor