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A Kidal, une ONG fait la pluie et le mauvais temps

La population vient une nouvelle fois de manifester à Kidal. Lassée d’attendre l’établissement d’une administration pérenne et le retour à un quotidien décent, la ville a exprimé pacifiquement son ras-le-bol. Ses pseudos  administrateurs jouent la politique du pire, tantôt en détruisant l’aéroport, tantôt en claquant la porte du Comité de Suivi des Accords à Bamako. Les Kidalois réclament a minima une juste distribution des ressources et la fin des passe-droits.

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La ville de Kidal est aujourd’hui gouvernée par des dirigeants illégitimes. Des groupes signataires se sont approprié la ville et empêchent le retour des services de l’Etat. Plus de police, plus d’école. A la place, des coordinations sécuritaires, des medersas, des comités, des commissions humanitaires … et quelques ONG.

Il faut savoir  que l’on ne s’improvise pas humanitaire à Kidal, même avec tout le savoir-faire requis. Pour œuvrer dans le domaine sanitaire, éducatif ou encore de l’eau il est nécessaire d’avoir été adoubé par une ONG locale qui fait la pluie et le beau temps. Il s’agit de SOLISA.

Derrière l’acronyme de « Solidarité pour le Sahel », une organisation toute acquise aux intérêts d’un clan : celui des familles Ag Intallah et Ag Albacher, toutes proches de Iyad Ag Ghaly …  Intamadou Ag Albacher était conseiller communal de Tin Essako et président de l’Assemblée régionale de Kidal. Il dirige aujourd’hui la commission humanitaire de la ville, placée sous la coupe d’Attayoub Ag Intallah, qui fut jadis maire de Kidal. Ce dernier se sert de SOLISA  pour répartir l’aide humanitaire. Pourquoi l’Etat malien l’a-t-il dépossédé de son passeport diplomatique ?  Probablement à cause de ses liens trop étroits avec le leader d’Ansar Dine.

A Kidal, personne n’ignore que le propre frère d’Ag Albacher, Ablil, était un trafiquant de drogue et d’armes notoire. Arrêté en 2010, il avait été reconnu comme tête de pont d’un vaste trafic … qui n’a toujours pas cessé depuis. Il est devenu l’un des hommes les plus riches du HCUA ! De là à cogérer le trafic de médicaments avec son frère il n’y avait qu’un pas. La mise hors service de l’aéroport par quelques uns de ses compères du HCUA a constitué une formidable aubaine pour ce réseau. Pire encore, il canalise l’aide alimentaire pour nourrir ses propres combattants, chose impensable et tellement contraire à l’éthique humanitaire.

Quel bilan pour SOLISA ? On ne peut que s’étonner que cette structure soit devenue incontournable pour négocier les autorisations d’activité délivrées aux autres ONG, les faire accepter dans certains villages, déterminer et sécuriser les itinéraires de convois humanitaires ou les missions de prospection …

Sécuriser face à quelle menace ? Celle d’Ansar Dine évidemment. SOLISA est la seule ONG à évoluer sur les terres du groupe terroriste. Etrange et inquiétant … SOLISA joue un double jeu, cela ne fait plus aucun doute. La canalisation des vivres, la délivrance de permis et la sanctuarisation de territoires tiennent davantage de pouvoirs de police que de l’action humanitaire. Il y a là une ambigüité à lever sans tarder.  La population de Kidal qui vient de marcher pacifiquement est manipulée par les complices d’Ag Ghaly. Elle aspire légitimement à la justice sociale et réclame désormais la vérité.

Paul-Louis Koné

 

Source : Le Républicain

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