Les députés ont finalisé, le mercredi dernier, la mise en place du bureau de l’Assemblée nationale. Et le poste stratégique de président de la Commission de la défense nationale, de la sécurité et de la protection civile est revenu au fils du président IBK au détriment d’un Général de la police, Niamé Keïta. N’est-ce pas là le signe patent d’un népotisme qui s’installe au sommet de l’Etat.
Que s’est-il passé au Rassemblement pour le Mali (RPM) qui a, contre toute attente, désigné l’inexpérimenté Karim Keïta, à la tête de la Commission de la défense nationale, de la sécurité et de la protection civile ? Là où on avait un Général de la police et membre du même parti en la personne de Niamé Keïta. Il y a lieu de s’interroger (encore) si les postes s’acquièrent dans notre pays en fonction des compétences ou en raison de nos degrés de rapprochement avec le Président de la République, sa famille et ses amis.
Pendant la campagne électorale et à la veille de son élection, le président de la République avait affirmé qu’il n’y aura pas de partage de gâteau. Les Maliens n’avaient pratiquement rien compris. Le gâteau appartenait… à la famille.
Entre Karim Keïta et Niamé Keïta (ils ne sont pas de la même famille), il ne pouvait y avoir match, surtout quand il s’agit des questions de Sécurité, de défense… Mais ni l’expérience, ni le parcours professionnel, encore moins les compétences du Général n’ont pas pesé lourd face au fils du président Keïta. La commission de la défense nationale, de la sécurité et de la protection civile est attribuée à Karim Keïta, le fils du président d’IBK, dont on doute fort de la capacité à pouvoir gérer la dite commission. Mais ce qui intrigue l’opinion, ce sont les raisons qui motivent ce choix. Car le fils du président n’a aucune expérience dans ce domaine, encore moins le bagage nécessaire pour conduire une telle mission.
Alors, les interrogations fussent de partout. Qu’est-ce que Karim a derrière la tête en écartant Niamé Keïta de la présidence de commission défense de l’Assemblée nationale ? Est-ce une façon pour lui et sa famille d’avoir un œil sur tout ce qui touche l’armée et la sécurité ? De toute évidence, Karim a des ambitions. Et il ne les cache plus.
Autre question, quel mérite a le fils du président pour avoir une telle ascension dans la vie politique nationale en 5 « petits » mois de règne de son père? Son parcours politique est sans trace. Sa carrière professionnelle est loin d’être une référence. Alors, sans être le fils d’IBK, Karim ne peut prétendre au poste de président de la commission de défense. Les élus du RPM et leurs alliés ont pourtant cautionné cette mascarade.
Quant à Niamé Keïta, il est resté digne, en refusant de cautionner une telle humiliation. Il a préféré s’inscrire dans une autre commission (les Affaires étrangères), laissant le soin au fils du président IBK d’aller au bout de sa logique, comme certains de ses prédécesseurs (député et fils de président). Qui ne se souvient pas de l’épisode de la prise de pouvoir au Togo par le fils du défunt président Eyadema. Celui-ci, député à l’époque, a empêché le président de l’Assemblée nationale de son pays d’assumer l’intérim du pouvoir après le décès de Eyadema père. La suite est connue.
On est très loin de ce scenario, mais les agissements du fils d’IBK commencent à inquiéter même au sein de son parti. Dans le gouvernement, à la présidence de la République et à l’Assemblée nationale, il a paradoxalement réussi à s’imposer et à imposer ses choix, contre le plus souvent la volonté de certains barons du RPM.
On annonce déjà sa prochaine bataille, imposer sa femme à la mairie de la commune II. Jusqu’où s’arrêtera cette boulimie du pouvoir ? Pourquoi cet accaparement à grande vitesse de tous les rouages de l’appareil d’Etat et parlementaire ? Les Maliens ont du mal à trouver eux-mêmes des réponses. Ils sont abasourdis !
Idrissa Maïga
SOURCE: L’Aube