Frontex n’est « en rien responsable » de l’infiltration de kamikazes parmi les migrants passés par la Grèce, a assuré le patron de l’agence européenne dédiée aux frontières de l’UE, pour qui « nous payons un manque de confiance » dans l’agence dépourvue selon lui de moyens suffisants.
Interrogé par Le Parisien mardi sur le parcours des deux kamikazes qui se sont fait sauter au Stade de France après être entrés en Grèce avec les migrants, Fabrice Leggeri a assuré que « Frontex n’est en rien responsable de cette situation, car nous n’avons aucun mandat en termes de contrôles de sécurité ».
L’agence, dont le siège est à Varsovie (Pologne), a pour mission de coordonner les patrouilles aux frontières de l’UE et de recueillir des informations sur ces frontières. Mais M. Leggeri déplore régulièrement le manque de moyens financiers, humains et logistiques mis à sa disposition par des Etats soucieux de leurs prérogatives dans ce domaine qui touche à leur souveraineté.
« Ce type de missions reste du ressort des Etats membres de l’Union », a ajouté le responsable de l’agence européenne, en rappelant qu' »il y a quelques années, le parlement européen avait refusé que nous puissions les mettre en oeuvre » en refusant à Frontex l’accès aux bases de données personnelles (police ou renseignement).
« Nous payons aujourd’hui d’une certaine manière le manque de confiance, durant la décennie écoulée, de ces mêmes Etats et des députés européens dans les agences européennes », a-t-il regretté.
Mais pour le moment, « aucun élément tangible ne nous permet de répondre » à la question d’une stratégie délibérée du groupe Etat islamique consistant à infiltrer des djihadistes parmi les migrants, a-t-il ajouté.
Il a toutefois mis en garde contre l’idée de rendre totalement étanches les frontières, en rappelant que « vous trouverez toujours des gens qui essaieront de passer ces frontières d’une manière ou d’une autre ».
Au moins deux des kamikazes du Stade de France, dont l’identité demeure inconnue, ont été contrôlés le 3 octobre en Grèce en passant avec des réfugiés fuyant la guerre en Syrie.
Selon Frontex, plus de 540.000 migrants sont arrivés dans les îles grecques depuis le début de l’année, soit 13 fois plus que sur la même période de 2014. Pour le seul mois d’octobre, plus de 150.000 personnes ont fait le voyage de la Turquie à la Grèce.